njowir boniface wiydorven - mon afrique


A l’aube de la plupart des indépendances africaines, dans les années  60, un certain Dumont,  un Français de pure souche, comme M. Le Pen aimerait que chaque habitant de l’Hexagone soit, a estimé que « L’Afrique noire est mal partie ». Le titre du livre était manifestement provocateur. Son contenu ne l’était pas  moins, tant il était rempli de toutes ces méchantes vérités qui ne sont jamais bonnes à dire. Fébriles et rancuniers comme ils étaient, des chefs d’Etat africains ont  réservé à l’ouvrage un accueil souvent disproportionnellement musclé.

Au Cameroun,  par exemple, le livre était interdit ; l’acheter et le lire équivalait à un acte de subversion, de sabotage et d’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat. Autant de crimes que les lois d’exception d’alors punissaient, exemplairement, avec la plus lourde sévérité.

Pauvre Dumont ! Notre africaniste improvisé n’abordait pourtant, dans son livre incriminé, que des aspects économiques. Agronome avisé, il trouvait déjà  glissants et malaisés les chemins dans lesquels les tout nouveaux présidents africains,  très inexpérimentés, engageaient leurs économies embryonnaires. Face à la corruption qui montrait déjà le bout de son nez et à un mode de gestion inédit, où l’amateurisme le disputait au favoritisme, l’auteur cherchait, de bonne foi, à communiquer, plus qu’un simple malaise qu’il ressentait, mais,                                             bel et bien la quasi-certitude sienne que l’Afrique noire, notamment, partait mal, pour des destinations d’illusions, d’aventures et de tragédies. Du reste, l’avenir ne  lui a pas donné tout a fait tort. Mais, qu’est-ce qu’il aurait écrit, M. Dumont, s’il s’était intéressé, avec la même intuition prophétique, aux relations viscérales que des Africains entretiennent avec le Pouvoir, à la manière dont ils procèdent pour le conquérir et le conserver à tout prix, aux méthodes et expédients qu’ils utilisent, pour démontrer qu’ils le détiennent, effectivement ? A Tout supposer et à tout prendre, je suis absolument certain qu’il aurait traité l’Afrique avec le plus grand mépris et l’aurait sans doute appelée : « la terre des barbares ». Personnellement, je n’aurais pas du tout trouvé qu’il exagère.

 

En effet, le temps a beau avoir passé, le pouvoir est et demeure, pour bon nombre de peuples africains, une immense foire de magie noire où des sorciers et des apprentis- sorciers viennent, périodiquement, expérimenter leurs pires recettes de violences, de cruautés et d’atrocités. Ailleurs, quand la démocratie est effective, le pouvoir est l’affaire des gentlemen et des gens civilisés qui s’affrontent dans des débats constructifs, qui se défient à travers les projets de société que « présentent les uns et les autres, et qui se renversent, pour ainsi dire, grâce à des élections libres et transparentes. En Afrique, nous sommes encore loin du compte, même si, ici et là, de rares exceptions qui confirment la règle créent parfois de fugitives illusions.

 

La mort de Joao Vieira de Guinée Bissau- une « républiquette » large comme une langue de chat –est tout à fait dans la lugubre tradition africaine que Tombalbaye, Sankara et autre Marien Ngouabi avaient déjà, dans les mêmes conditions atroces, barbouillée et éclaboussée de leur sang. Chaque fois, les preneurs de pouvoir auraient pu s’abstenir de tuer. Hélas ! Le propre de tous les barbares, c’est, précisément, de supprimer toute vie. Souvent gratuitement. Juste pour s’amuser.

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