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Manif Allemagne:Camer.be« L’économie de la mort » est manifestée par les rituels des commémorations que nous avons établis, consistant chaque année à organiser des journées des martyrs,  à manifester devant des ambassades occidentales, souvent avec un cercueil et des preuves graphiques des horreurs commis par le régime néocolonial, afin de mendier l’intervention de 

011609142836.jpg l’Occident à venir miraculeusement résoudre nos problèmes, d’organiser des conférences, des débats et des interviews dans les médias cachant difficilement des positionnements individuels.

Elle est devenue notre forme unique de participation à la lutte de libération de notre pays. Les héros que nous célébrons avec autant de bruit demandent cependant des patriotes, nationalistes et progressistes camerounais plus que de tels rituels des commémorations. Ils demandent que nous terminions le travail qu’ils n’ont pas pu achever. Ils demandent que chacun d’entre nous puisse chaque année pouvoir lister les actions personnelles qu’il/elle a posées sur le terrain camerounais pour le triomphe de leur lutte inachevée.

Une habitude a fait son lit dans les cercles de la résistance patriotique, nationalistes ou tout simplement progressiste contre le régime néocolonial vomi par la majorité du Peuple camerounais. Elle consiste à commémorer la mort des héros, les massacres et les multiples actes terroristes posés par le régime néocolonial, en toute impunité et surtout sans la moindre réaction offensive des forces patriotiques, nationalistes ou progressistes.

Celestin Monga, même comme il faisait allusion à un autre angle de lecture, avait clairement identifié ce phénomène avec son expression « l’économie de la mort ». Car il a observé comme tout le monde avec ahurissement que les Camerounais, tellement habitués à subir et à côtoyer la mort, en sont venus à chercher profit dans la mort en en faisant une occasion des réjouissances, des célébrations et des fêtes autrement devenues de plus en plus rares au pays.

Extension naturelle du Peuple camerounais, la diaspora camerounaise ne semble pas échapper au phénomène. Parmi les rangs de ceux qui sont alignés contre le régime néocolonial dirigé par Paul Biya, elle le perpétue sous la forme d’un culte de la mort des héros nationaux, sur la liste desquels viennent d’être ajoutées les victimes du soulèvement de la jeunesse camerounaise de fin février 2008.

Il n’y a rien de mauvais à célébrer les héros nationaux. Cette tradition rythme la vie de chaque nation du monde et maintient vivantes les valeurs incarnées par de tels héros. De même lancer des tomates, des œufs pourris et des projectiles divers sur le cortège du dictateur dans un pays occidental fait partie des réactions offensives à louer.

Seulement, tandis que d’autres nations célèbrent des héros victorieux, comme George Washington aux Etats-Unis ou Robespierre en France, les consciences progressistes, patriotiques et nationalistes camerounaises suivent cette tradition mondiale essentiellement dépourvues de héros vainqueurs. Elles célèbrent uniquement des héros vaincus, depuis la résistance contre l’occupation coloniale jusqu’à la résistance en cours depuis 1960 contre le système néocolonial.

L’on ne se demande pas si Um Nyobe, Ouandié, Osende Afana ou Moumié préféreraient qu’on les commémore chaque année comme des héros ou alors que, par des actions concrètes sur le terrain, l’on fasse avancer et triompher leur lutte à partir de l’étape où ils l’ont laissée.

L’on ne se demande pas si les jeunes massacrés en février 2008, de même que tous ceux qui sont actuellement handicapés, en prison ou sous le traumatisme de la terreur gouvernementale de février 2008, demandent d’être commémorés comme des héros ou alors que leur soulèvement ne soit tout simplement pas rangé dans la même poubelle que les Villes mortes, le boycott des produits français ou les multiples soulèvements des étudiants de nos universités (ayant d’ailleurs institué la tradition du cercueil dans leurs démonstrations), c’est-à-dire la poubelle des actions populaires vaincues par le régime néocolonial.

L’on ne se demande pas si les héros que nous avons érigés comme tels ne nous demandent tout simplement pas d’achever le combat qu’ils n’ont pas pu achever, au lieu de tout simplement commémorer leurs actions. Car il est beaucoup mieux et hautement avantageux pour un pays de commémorer les héros victorieux que les héros perdants.

La célébration des héros victorieux conforte les avantages que ceux-ci ont légués aux générations postérieures. Par contre célébrer les héros vaincus consiste nécessairement à maintenir vivante la flamme de leur combat, que les générations postérieures ont le devoir de couronner par la victoire.

Il est par conséquent essentiellement anti-Um, anti-Ouandié, anti-Ossende et anti-Moumié de prôner des voies dites « institutionnelles » sous prétexte de perpétuer le combat de nos héros nationalistes. Leur combat est pourtant historiquement bien connu comme ayant essentiellement pour objectif de bannir et de rendre inopérantes les institutions néocoloniales en vigueur au Cameroun depuis les fausses indépendances des années 1960. Opter pour des solutions « institutionnelles », c’est clairement opter pour une méthode de lutte qui n’a rien à voir avec le noble combat de nos héros nationalistes.

Nos héros nous demandent de leur donner au moins une victoire, en achevant la lutte qu’ils ont commencée

L’économie de la mort devrait être questionnée. Les rituels des commémorations que nous avons établis, consistant chaque année à organiser des journées des martyrs, à manifester devant des ambassades occidentales, souvent avec un cercueil et des preuves graphiques des horreurs commis par le régime néocolonial afin de mendier l’intervention de l’Occident appelée à venir miraculeusement résoudre nos problèmes, d’organiser les conférences, des débats et des interviews dans les médias cachant à peine des positionnements individuels, sont devenus notre forme unique de participation à la lutte de libération de notre pays.

Il n’est pas question d’arrêter d’user de la tactique des pressions sur la « Communauté internationale », qui entrent dans le cadre  des stratégies diplomatiques normales. De telles manifestations ont leur place parmi de telles tactiques. Mais une tactique ne doit pas devenir une stratégie, et encore moins l’unique stratégie de la diaspora patriotique camerounaise.

Les héros que nous célébrons avec autant de bruit demandent assurément des patriotes, nationalistes et progressistes camerounais plus que de tels rituels des commémorations. Ils demandent que nous terminions le travail qu’ils n’ont pas achevé. Ils demandent que chacun d’entre nous puisse chaque année pouvoir lister les actions personnelles qu’il/elle a posées sur le terrain pour le triomphe de leur lutte inachevée.

En clair, ce que les victimes du soulèvement de février demandent de nous, c’est que nous menions leur lutte jusqu’à la victoire finale. Ils se sont sacrifiés pour empêcher la modification par Paul Biya de la constitution pour s’installer au pouvoir à vie.

Ils ont  très clairement dit qu’ils ne veulent pas voir Paul Biya au pouvoir en 2011. Ils ont dit que les intérêts français qui soutiennent le régime néocolonial doivent payer le prix de leur soutien en disparaissant avec Paul Biya, s’ils ne veulent pas changer de position.

Un an plus tard, nous sommes incapables de présenter la moindre liste des actions que nous avons chacun menées jusqu’ici sur le terrain camerounais pour poursuivre la lutte de ces victimes de février. Une telle incapacité est la mesure de notre défaite face au régime néocolonial ; ce qui doit nous inviter à questionner la portée de nos commémorations tapageuses.

Ces propos s’adressent à ceux qui aiment la terre de nos ancêtres et qui sont prêts à se battre ou à se sacrifier pour qu’elle reste, après notre existence, une terre de prospérité et de bien-être. Dans une telle noble lutte, il faut parfois savoir examiner ses armes de combat.

L’ambition, dont il faut se munir dans une telle lutte, est un droit individuel inaliénable. La lutte individuelle d’un patriote est, en dehors de la cause qu’il est question de faire triompher, celle pour occuper une place dans l’histoire. Chacun est en droit de s’aligner auprès des héros historiques comme le leader des temps contemporains.

Mais à l’image d’un serpent qui vous tétanise de peur en vous hypnotisant et vous immobilisant au seul choix de la mort, vous imposant ainsi, même inconsciemment, d’admirer la beauté de ses couleurs et l’harmonie des motifs de sa peau écailleuse, notre recherche de leadership échappe rarement à la tentation d’admirer et de copier l’ennemi néocolonial. Ceci est une erreur fatale pour toute lutte de libération.

Suivant la règle pour la sélection des « élites » dans la classe ploutocratique néocoloniale, selon laquelle un parrain doit vous tenir la main pour vous asseoir à une place de leadership, nous suivons rarement la voie difficile de l’affirmation comme leader par des actions courageuses et décisives, à l’image de nos héros historiques. Plutôt, nous cherchons la facilité néocoloniale des cooptations et autres parrainages offerts par les solutions occidentales comme l’élection.

C’est l’action sur le terrain camerounais qui compte

Le temps des leaders patriotiques véritables a pourtant été sonné en février 2008. Le champ est ouvert à chacun pour s’affirmer comme leader et pour mériter cette dénomination par des hauts faits. Car le terrain des combats attend toujours les combattants au Cameroun.

Paul Biya a lancé le défit clair et sans équivoque selon lequel il ne partira pas du pouvoir à moins qu’il y soit forcé par la violence. De vulgaires individus comme Tsimi Evouna de Yaoundé, assuré de la logique tribaliste du chaos sanguinaire prônée par Paul Biya en cas de perte du pouvoir, se livre clairement depuis un temps à une destruction sauvage des affaires des « allogènes » péniblement bâties à coup d’années de dur labeur. Ce qui est l’une des dernières provocations que nos héros nationalistes auraient jamais tolérées, et qu’il serait tout simplement ridicule de penser stopper par une lutte institutionnelle.

En dehors des victimes et des vaillants combattants de février 2008, parmi lesquels il faut citer Lapiro de Mbanga, Mboua Massok et bien d’autres comme Joe la Conscience, personne n’a osé depuis un an lever ce défi. Le faire est le combat qui nous attend tous.

Ne nous trompons pas en rêvant que la fameuse « communauté internationale » tombera tout simplement amoureuse de nos beaux yeux et rejettera Paul Biya pour libérer nos populations à notre place. Toutes les luttes de libération enseignent une leçon implacable : la libération a lieu par les forces intérieures ou elle n’a pas lieu.

Le régime néocolonial ne se sent pas du tout égratigné en regardant les images de nos marches dans les capitales occidentales lointaines. A défaut de vous narguer en vous présentant comme une infime minorité d’agitateurs comme l’a si bien fait Biyiti Bi Essam, sur les pas de Kontchou Kouomegni, il a l’habitude de l’usage du silence comme moyen de faire laver l’outrage de ses crimes avec le savon du temps qui passe. Il vous laisse vous égosiller dans de telles manifestations et sa réponse, des mois plus tard, est l’exécution de nouveaux crimes et l’adoption des positions radicales encore plus antipopulaires. Il a de la sorte épuisé toutes les énergies des partis politiques dits d’opposition, aujourd’hui complètement à court de solutions.

La riposte de notre Peuple doit s’organiser sur le terrain. C’est la seule réaction que le régime néocolonial prendra au sérieux. C’est celle qui le privera du pouvoir.

La diaspora patriotique camerounaise peut et doit participer à un tel mouvement pour la libération de nos populations des griffes néocoloniales, sous forme certes de contributions financières, mais aussi et surtout de contributions physiques et techniques.

Les populations camerounaises placent beaucoup d’espoir sur la diaspora camerounaise pour leur libération. Il est plus que temps de s’organiser sérieusement pour une sérieuse réponse patriotique.

Pour ce faire avec efficacité, la diaspora patriotique camerounaise doit s’entourer des règles qui feront échec aux gangrènes qui ont toujours eu raison de leurs organisations ; à savoir les luttes de leadership qui perpétuent à l’étranger les logiques de la ploutocratie néocoloniale que nous sommes supposés combattre, et le tribalisme qui a toujours fait le jeu du système néocolonial

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