Souvenez-vous. Dans l’intervalle de la décade qui a couru entre 1
960 et 1970, la décade, pourrait-on dire, des indépendances africaines-le continent africain, dans sa partie dite sub-saharienne surtout, ne s’est illustré que par rapport au nombre de coups d’Etat qui y avaient régulièrement lieu. Les uns eurent des dénouements irrémédiablement tragiques. Certains autres réussirent à asseoir des régimes qui, à tout considérer, ne furent guère, démocratiquement parlant, meilleurs que ceux qu’on avait combattus. Il y en eut même, grâce à l’aide secourable de la «douce et mère France », qui furent des morts- nés. Cela a été le cas, entre autres, du coup d’Etat du Gabon, au cours duquel le président Léon Mba perdit son fauteuil présidentiel, pour le récupérer, moins d’une centaine d’heures plus tard, grâce à l’intervention musclée des parachutistes français.
En tout cas, si le sort du genre humain avait, il y a moins d’une cinquantaine d’années, connu un brusque arrêt définitif, l’Histoire aurait retenu que l’Afrique est, dans les années 60 et 70, le continent tragique où le coup d’Etat est le moyen le plus sûr d’accéder au pouvoir, pendant que le seul art de s’y maintenir consiste à massacrer le plus grand nombre possible de ses compatriotes.
Depuis les années 90, sans doute sous la pression de ce fameux vent révolutionnaire et démocratique qui a soufflé en venant de l’Est, l’Afrique avait donné l’impression de s’assagir, en faisant semblant de s’arrimer aux normes universelles de bonne gouvernance et de démocratie. Hélas ! le naturel de l’Afrique s’apparente, de manière inquiétante et durable, aux désordres provoqués et à la force brutale. Plus on essaie de chasser ce naturel, plus rapidement il revient au galop.
A l’heure qu’il est, l’Afrique est redevenue ce qu’elle avait toujours été dans les années 60, à savoir : le continent des coups de force et des répressions impitoyablement brutales. En 2009, l’Afrique subsaharienne surtout est à l’image parfaite de cette Afrique des explorateurs, une immense terre inculte où de bons sauvages s’entretuent et se bouffent à longueur de journée. L’Afrique des cartes postales où des aborigènes vivent toujours de cueillette et de chasse, pendant que le monde dit civilisé multiplie des initiatives plus ou moins heureuses pour combattre la crise financière internationale. L’Afrique de toutes les tragédies, de toutes les cruautés et de tous les retards historiques, qui n’appartient pas au monde d’aujourd’hui.
Plus que jamais, c’est bel et bien reparti. Cela a commencé avec les colonels de Mauritanie pour qui la bonne norme de gouvernance et de démocratie est leur seul apanage. A l’Est de la Rdc, un obscur général en fuite a, de longs mois durant, fait régner la terreur et jeté sur les routes de l’exil des milliers de familles. En Guinée- Conakry, c’est un capitaine qui joue les Rambo et brandit son colt, comme autrefois les cows – boys dans le Far –West, pour que sa moindre parole devienne loi et que le peuple obéisse. A Madagascar, au nom d’une étrange démocratie, on tire sur de vulgaires lapins. Pleure, ô continent bien-aimé
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