houari boumediène : Une mystérieuse maladie
Paralysie des autres membres, inconscience totale, lésion possible à la base du cerveau». C’est en ces termes qu’en novembre 1978, l’on présentait l’état de santé du chef de l’Etat algérien Houari Boumediène. Il passera plusieurs jours dans le coma. Pourtant, le gouvernement algérien a voulu maintenir l’espoir au sein de la population. Des communiqués ont été sans cesse diffusés pour demander au peuple de se «montrer digne de l’épreuve que cruellement le destin lui a imposée, à faire montre de civisme et à faire confiance aux autorités du pays».
Le sort de Boumediène était plus que jamais compromis, malgré les nombreux médecins qui se sont retrouvés à son chevet. Il y a longtemps qu’il ressentait des maux de tête. Il limitera ses descentes sur le terrain tout comme les audiences. Mais, les douleurs persistent. La maladie du président est cependant gérée dans le plus grand secret. «En réalité, Boumediène souffre d’une mystérieuse maladie. Après maintes analyses, ses médecins détectent enfin des traces de sang dans son urine et concluent à une hématurie, une infection qui se caractérise par la présence de sang dans les urines. Infection des reins ? Cancer du sang? Les médecins demeurent perplexes. Pis, ils sont impuissants face au mal qui ronge Boumediène», écrira plus tard le quotidien algérien El Watan.
Evacué à Moscou, Boumediène reviendra en Algérie sans que son état de santé se soit amélioré. Il décède en fait le 27 décembre 1978. Il était âgé de 46 ans.
habib bourguiba : «Le coup d’Etat médical»
Lorsqu’il meurt, en mars 2000, des suites d’une pneumopathie, il y a deux ans que Habib Bourguiba a été, contre sa volonté, écarté du pouvoir. il a été e effet déclaré inapte à gouverner, en novembre 1987, par des médecins qui ont été appelés pour le consulter. Voici un extrait d’un livre intitulé «Notre ami Ben Ali» écrit par les journalistes Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi, qui décrit ce que l’on désignera comme un «coup d’Etat médical».
«Sept médecins dont deux militaires sont convoqués en pleine nuit, non pas au chevet du malade Bourguiba, mais au ministère de l’intérieur. Parmi eux se trouve l’actuel médecin du président, le cardiologue et général Mohamed Gueddiche. Ben Ali somme les représentants de la faculté d’établir un avis médical d’incapacité du président. «Je n’ai pas vu Bourguiba depuis deux ans» proteste un des médecins. «Cela ne fait rien ! Signe !» tranche le général Ben Ali. Ben Ali avait été nommé Premier ministre le 2 octobre 1987.
Né en 1903, Habib Bourguiba est devenu président en juillet 1957. Il le sera jusqu’à sa destitution en 1987. Trente ans après !
houphouët boigny : Le «Vieux» avait préparé son successeur
Le mardi 7 décembre 1993, Félix Houphouët Boigny, premier président de la République de Côte d’ivoire s’éteint des suites de maladie à Yamoussokro. Il est âgé de 88 ans et était malade depuis plusieurs années. La veille de son décès, qui était également la veille de la fête nationale de Côte d’Ivoire, Houphouët Boigy n’avait pas pu prononcer son traditionnel discours. Il était déjà durement secoué par la maladie.
Un an avant sa mort, en juin 1992, le président ivoirien avait été opéré à Paris d’un cancer de la prostate. Quelques mois plus tard, en octobre 1993, il a été hospitalisé, toujours dans la capitale française dans un premier temps, à Genève en Suisse, dans un deuxième temps. Lorsqu’il retourne dans son pays le 19 novembre, son état est jugé très grave. Il ne résistera pas longtemps à cette maladie qui l’emportera deux semaines à peine plus tard.
L’état de santé préoccupant du président Houphouët Boigny laissait déjà augurer de sa mort prochaine. Ce qui a créé une ambiance de guerre de succession dans la classe politique ivoirienne. Selon la constitution ivoirienne, le successeur désigné était Henri Konan Bedié, président de l’Assemblée nationale. C’est lui qui prendra finalement le pouvoir. Un scénario souhaité et prévu par le défunt président qui, selon certains observateurs, s’était arrangé pour que son «fils» Bedié devienne son successeur constitutionnel.
lansana conté : Une histoire qui se répète
Avant qu’elle ne soit effective le 22 décembre 1998, la mort de Lansana Conté, 74 ans et au pouvoir depuis 1984, avait fait l’objet de plusieurs rumeurs. On le savait très malade. Le communiqué annonçant son décès a d’ailleurs parlé d’une «longue maladie». Il était atteint d’une forme aiguë de diabète et d’une leucémie diagnostiquée par des médecins cubains.
Pourtant, malgré la longue agonie du chef de l’Etat, de véritables dispositions n’ont pas été prises pour assurer sa succession. Comme cela avait déjà été le cas à la suite de la mort, des suites de maladie, de son prédécesseur, les militaires vont s’emparer du pouvoir après le décès de Lansana Conté. La junte, conduite par le capitaine Dadis Camara est aujourd’hui encore aux affaires.
léon mba : Elu sur un lit d’hôpital
En 1967, Léon Mba, premier président de la République du Gabon, est réélu. Trois ans plus tôt, pourtant, il avait été renversé par un coup d’Etat. Mais, avec l’aide de la France, il reviendra aux affaires. Cependant, il ne les tient plus vraiment. Il ne profitera d’ailleurs pas du tout de sa réélection, car il meurt des suites de maladie le 27 novembre de la même année.
Depuis deux ans déjà, toutefois, gravement malade, il avait laissé l’exercice du pouvoir à son directeur de cabinet, Albert Bernard Bongo. Celui-ci deviendra après la mort de Léon Mba, le deuxième président de la République du Gabon. Né en 1902, Leon Mba n’a passé que six années au pouvoir. La maladie qui l’a longtemps tenaillé l’a emporté à l’âge de 65 ans.
En fait, dès 1965, Léon Mba était déjà jugé «vieillissant et malade». La recherche à un successeur était donc déjà lancée. Le chef de cabinet, Albert Bongo, est nommé le 24 septembre 1965 ministre délégué à la présidence. Le président est plus que jamais malade, mais il reste au pouvoir. Il sera d’ailleurs hospitalisé en août 1966 à Paris en France.
Sur insistance de la France, de Jacques Focart, notamment, il acceptera de nommer Albert Bongo vice-président, le 14 novembre 1966. Cette nomination se fera à travers un message radiotélévisé, enregistré dans sa chambre de l’hôpital Claude-Bernard à Paris. Il sera réélu le 19 mars 1967 à 99% des suffrages exprimés alors qu’il est malade et hospitalisé en France. Il prête serment dans un état critique à l’ambassade du Gabon en France et décède le 27 novembre des suites d’un cancer.
seyni kountché : Une tumeur au cerveau plus forte que les coups d’Etat
Lorsque Seyni Kountché meurt dans un hôpital parisien le 10 novembre 1987, celui qui a dirigé la République du Niger d’une main de fer pendant 13 ans était malade depuis quatre ans. C’est en effet en 1983, après avoir passé un peu moins de dix ans au pouvoir, que ses ennuis de santé commencent à se faire sentir.
Seyni Kountché, qui était arrivé au pouvoir à la suite du coup d’Etat qui a renversé, le 15 avril 1974, le président Hamani Diori, continuera tout de même à régner en maître absolu. Il est en effet président de la République, ministre de l’Intérieur et ministre de la Défense. Après le putsch, un Conseil militaire suprême (Cms), avait désigné Seyni Kountché comme président de la République et chef de l’Etat pour un mandat de 15 ans.
Des tentatives de coups d’Etat n’auront pas raison de celui qui quittera finalement le pouvoir pour l’au-delà, alors qu’il n’était pas arrivé au terme de son mandat. C’est une tumeur du cerveau qui l’emportera. Le même Cms, qui l’avait porté au pouvoir en 1974, lui désignera un successeur en la personne d’Ali Saïbou.
Né en 1931, Seyni Kountché, est allé à l’école au Mali et au Sénégal et a servi ensuite comme soldat en Indochine et en Algérie. Il devient sergent en 1957. Il deviendra chef d’état-major de l’armée du Niger en 1973. Un an avant le putsch qui le portera au pouvoir.
gnassingbe eyadema : Fauché en plein vol par un arrêt cardiaque
Il était en chemin pour une évacuation sanitaire lorsque son cœur s’arrêta. Gnassingbe Eyadéma, 70 ans, président de la République du Togo depuis 38 ans, s’est éteint le 05 février 2005 dans l’avion avion présidentiel togolais, à 10 km du sol tunisien. Né le 26 décembre 1935, il avait accédé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat qui a renversé, le 13 janvier 1967 le président Nicolas Grunitzky. Celui qui, quatre ans plus tôt, en janvier 1963, avait déjà activement participé à un coup d’Etat, avec notamment l’assassinat du président Sylvanus Olympio, devenait ainsi officiellement président de la République, chef du gouvernement et ministre de la Défense. Deux ans avant sa prise de pouvoir, en 1965, Eyadéma était devenu chef d’état-major des armées avec le grade de lieutenant-colonel
A sa mort, alors que la Constitution prévoyait que le président de l'Assemblée nationale devait assurer l'intérim jusqu'à la tenue de nouvelles élections, 60 jours après le décès du président en exercice, l'armée togolaise a pris le pouvoir. Le prétexte avancé pour cette espèce de hold-up était l’absence du pays du président de l’Assemblée nationale. Le parlement élira, comme président de l’Assemblée nationale, l’un des fils du défunt, Faure Eyadéma. Celui-ci qui devient donc président de la République par intérim va modifier la constitution pour prolonger le mandat de son père jusqu’à son terme. Malgré les protestations de l’Union africaine, de l’Organisation des nations unies, de la Fédération internationale des droits de l’homme et de la ligue togolaise des droits de l’homme, entre autres.
agostinho neto : Une succession dans le parti
Agostino Neto, président de la République d’Angola dès 1975, année de l’indépendance de son pays, est décédé le 10 septembre 1979 à Moscou des suites de maladie. Né en 1922 il était homme politique, mais également poète. Il a fait des études de médecine au Portugal, où il a adhéré au Parti communiste portugais clandestin. Il est l’un des fondateurs, en 1956, du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (Mpla), qui prendra le pouvoir après l’indépendance.
Lorsqu’il meurt des suites de maladie, en 1979, sa succession est gérée au sein du Mpla. Agostino Neto sera remplacé par Jose Eduardo Dos Santos, le numéro 2 du parti.
sekou touré :Au bout d’une opération
Le premier président de la République de Guinée, Ahmed Sekou Touré, né en 1922 est décédé des suites de maladie en 1984 aux Etats-Unis, alors qu’il était encore au pouvoir. Il est décédé alors qu’il subissait une opération chirurgicale à Cleveland. Sa succession sera réglée par un coup d’Etat qui portera au pouvoir Lansana Conté.
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