La crise financière sera pire en 2009 et affectera tous les pays, selon Dominique Strauss-KahLa crise financière sera pire en 2009 et affectera tous les pays, selon Dominique Strauss-Kahn
SAN JOSE — La crise financière est “mondialisée”, et aucun pays n’échappera à ses effets qui seront pires en 2009 que cette année, a déclaré jeudi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, en visite au Costa Rica.
“2008 fut une année difficile pour l’économie mondiale, mais en aucun cas nous ne pouvons espérer que 2009 soit meilleure”, a déclaré le patron du FMI lors d’une conférence de presse conjointe avec le président hôte Oscar Arias.
“Cela est vrai de partout, pour le monde entier, aux Etats Unis, en Europe, le FMI prévoit une croissance négative l’an prochain”, a souligné M. Strauss-Kahn, à l’occasion d’une tournée en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
M. Strauss-Kahn a précisé que sa tournée avait pour objectif d’analyser avec les différents pays de la région les mesures possibles pour affronter la crise, et leur offrir un appui financier le cas échéant.
Le directeur de l’institution financière internationale a salué la gestion macro-économique du Costa Rica, dont les autorités ont nié que la visite de M. Strauss-Kahn était liée à une demande de crédit au FMI pour couvrir le déficit de compte courant.
Arrivé à San José après une visite en Jamaïque, M. Strauss-Kahn y avait recommandé mercredi le recours à des plans de réactivation économique plutôt qu’à des réductions supplémentaires des taux d’intérêt, pour faire face à la crise financière.
“Les pays aux situations présumément plus solides, celles qui ont des capacité de financer de nouveaux efforts présumés, et ceux qui ont un niveau de dette clairement supportable sur le long terme doivent être en première ligne pour soutenir la demande mondiale”, avait-il en outre déclaré à Kingston, la capitale jamaïcaine.
La fin de fight club
Mercredi, décembre 3rd, 2008
Discipline, intentions, organisations
Sarkozy: la crise économique mondiale, une occasion de “changer le monde”
Mercredi, décembre 3rd, 2008
Qatar: Sarkozy: la crise économique mondiale, une occasion de “changer le monde”
© AP
Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que la crise économique mondiale était une occasion de “changer le monde” et d’aider les pays en développement à sortir de la pauvreté, samedi lors de la conférence de Doha au Qatar.
M. Sarkozy s’exprimait à l’occasion de la conférence internationale des Nations unies sur le financement du développement, réunissant les représentants des 20 pays les plus riches du monde.
Cette conférence a pour objectif d’obtenir des engagements de la part des nations riches, pour injecter des milliards de dollars en direction des pays en développement.
Le monde ne peut pas continuer à faire des affaires “comme d’habitude”, a déclaré le président français, tout en invitant à la recherche de solutions face à une “crise financière sans précédent”. AP
Documentaire : L’argent, source des conflits
Mardi, novembre 25th, 2008
Documentaire : L’argent, source des confltits
La Grande Dépression du 21ème siècle : l’effondrement de l’économie réelle
Mardi, novembre 25th, 2008
La Grande Dépression du 21ème siècle : l’effondrement de l’économie réelle
La crise financière s’aggrave au risque de perturber gravement le système international de paiements.
Cette crise est bien plus grave que la Grande Dépression. Tous les grands secteurs de l’économie mondiale sont touchés. De récents rapports suggèrent que le système des lettres de crédit, ainsi que le transport maritime international, qui constituent la bouée de sauvetage du système commercial international, sont potentiellement en danger.
Le « plan de sauvetage » bancaire, envisagé dans le cadre du fameux Troubled Asset Relief Program (TARP), n’est pas une « solution » à la crise, mais la « cause » de plus de débâcle.
Le « plan de sauvetage » contribue au processus de déstabilisation de l’architecture financière. Il transfère de grandes quantités d’argent public entre des mains de financiers privés au détriment du contribuable. Il conduit au dérapage de la dette publique et à une centralisation du pouvoir bancaire sans précédent. Qui plus est, l’argent du renflouage est utilisé par les géants financiers pour garantir leurs acquisitions d’entreprise à la fois dans le secteur financier et dans l’économie réelle.
En revanche, cette concentration sans précédent de puissance financière accule à la banqueroute des secteurs entiers de l’industrie et de l’économie des services, provoquant la mise au chômage de dizaines de milliers d’employés.
Les hautes sphères de Wall Street éclipsent l’économie réelle. De grandes quantités d’argent, accumulées par une poignée de conglomérats de Wall Street et leurs associés des fonds spéculatifs (hedge funds), sont réinvesties dans l’achat de biens réels.
La richesse sous forme d’argent se transforme en possession et contrôle des moyens de production réels, que sont notamment l’industrie, les services, les ressources naturelles, les infrastructures, etc.
L’effondrement de la demande de biens de consommation
L’économie réelle est en crise. L’augmentation du taux de chômage qui en résulte est propice à la baisse des dépenses de consommation, qui se répercute à son tour sur le niveau de la production des biens et services.
Aggravée par la politique macro-économique néolibérale, cette spirale descendante cumulative aboutit à une offre excédentaire de marchandises.
Les entreprises ne peuvent vendre leurs produits puisque leurs employés ont été mis au chômage. Les consommateurs, à savoir les travailleurs, ont été privés du pouvoir d’achat nécessaire au maintien de la croissance économique. Avec leurs maigres revenus, ils ne peuvent se permettre d’acheter les biens produits.
La surproduction entraîne une série de faillites
Les listes de biens invendus s’accumulent. Tôt ou tard, la production s’écroule ; l’offre de marchandises diminue à cause de la fermeture des installations de production, notamment des usines de fabrication et de montage.
Dans ce processus de fermeture d’usines, toujours plus de travailleurs deviennent des chômeurs. Des milliers d’entreprises en faillite sont chassées du paysage économique, entraînant la chute de la production.
La pauvreté généralisée et le déclin mondial du niveau de vie résultent des bas salaires et du chômage généralisé. C’est le fruit d’une économie mondiale de main-d’œuvre bon marché, largement caractérisée par les usines d’assemblage à faible salaire dans les pays du tiers-monde.
La crise actuelle étend les contours géographiques de l’économie de main-d’œuvre bon marché, provoquant l’appauvrissement de grands pans de population (dont la classe moyenne) dans pays soi-disant développés.
Aux États-Unis, au Canada et en Europe de l’Ouest, le secteur industriel entier est potentiellement en danger.
Nous avons affaire à un long processus de restructuration économique et financière. Dans sa phase initiale, débutant dans les années 1980, à l’ère Reagan-Thatcher, des entreprises locales et régionales, des exploitations agricoles familiales et de petites entreprises ont été déplacées et détruites. En retour, le boom des fusions et des acquisitions dans les années 1990 a conduit à la consolidation simultanée de grandes entités corporatives, à la fois dans l’économie réelle et dans les services bancaires et financiers.
Toutefois, dans les récents développements, la concentration du pouvoir bancaire se fait au détriment des grandes entreprises.
Ce qui diffère dans cette phase particulière de la crise, c’est non seulement la capacité des géants financiers (grâce à leur contrôle décisif sur le crédit) à créer le chaos dans la production de biens et de services, mais aussi à saper et à détruire les grandes sociétés de l’économie réelle.
Les faillites surviennent dans tous les principaux secteurs d’activité : fabrication, télécommunications, vente au détail, centres commerciaux, compagnies aériennes, hôtels et tourisme, sans parler de l’immobilier et de la construction, et des victimes de la débâcle du prêt hypothécaire à risque (subprime).
General Motors a confirmé qu’« il pourrait être à cours de liquidité d’ici quelques mois, ce qui provoquerait l’un des plus grands dépôts de bilan de l’histoire étasunienne. » (USNews.com, 11 novembre 2008.) En retour, cela pourrait se répercuter sur une série d’industries connexes. L’évaluation des pertes d’emplois dans l’industrie automobile des États-Unis va de 30.000 à plus que 100.000. (Ibid).

Chute du cours de l’action General Motors
Aux États-Unis, les commerces de vente au détail sont en difficulté : le prix des actions des grandes chaînes de magasins JC Penney et Nordstrom s’est effondré. Circuit City Stores Inc a fait une demande de protection contre la faillite en vertu du Chapitre 11. Les actions de Best Buy, la chaîne de détaillants en électronique, ont plongé.
À la suite de l’effondrement de leurs valeurs boursières, la SA Vodafone Group, la plus grande société de téléphonie mobile, sans mentionner la SA InterContinental Hotels, sont en difficulté. (AP, 12 novembre 2008). Aux quatre coins du monde, plus de deux douzaines de compagnies aériennes ont sombré en 2008, s’ajoutant à une série de faillites de compagnies aériennes durant ces cinq dernières années. (Aviation and Aerospace News, 30 octobre 2008). Stirling, la deuxième compagnie aérienne commerciale du Danemark, s’est déclarée en faillite. Aux États-Unis, un nombre croissant de sociétés immobilières ont déjà déposé une demande de protection contre la faillite.

Vodophone. Chute du cours de l’action

InterContinental Hotels SA
Dans les deux derniers mois, de nombreuses fermetures d’usines aux Etats-Unis ont entraîné le congédiement définitif de dizaines de milliers d’employés. Ces fermetures touchent plusieurs domaines clés de l’activité économique, notamment les industries pharmaceutique et chimique, l’industrie automobile et ses secteurs connexes, l’économie des services, etc
Dans les usines, les commandes ont diminué de façon draconnienne. Une étude de l’entreprise Autodata a signalé en octobre que « la vente de voitures et camionnettes avait chuté de 27 pour cent en septembre par rapport à l’an dernier. » (Washington Post, 3 octobre 2008)
Le chômage
Selon le US Bureau of Labor Statistics, 240 000 emplois supplémentaires ont été perdus seulement au cours du mois d’octobre :
« Le US Bureau of Labor Statistics du ministère du Travail étasunien a annoncé aujourd’hui que le nombre d’emplois salariés non agricoles a chuté de 240 000 en octobre, le taux de chômage passant de 6,1 à 6,5 pour cent. Tel que cela a été revu et corrigé, ces pertes d’emploi salarial en octobre suivaient celles d’août et septembre, soit 127 000 et 284 000. L’embauche(à vérifier) a baissé de 1,2 millions dans les 10 premiers mois de 2008, plus de la moitié de la baisse s’étant produite au cours des 3 derniers mois. En octobre, les pertes d’emplois se poursuivent dans l’industrie manufacturière, la construction, et chez plusieurs prestataires de services.
Parmi les chômeurs, le nombre de personnes ayant perdu leur emploi et ne s’attendant pas être rappelées au travail, est passé de 615 000 à 4,4 millions en octobre. Au cours des 12 derniers mois, la taille de ce groupe a augmenté de 1,7 millions. » (Bureau of Labor Statistics, novembre 2008)
Les données officielles ne décrivent ni la gravité de la crise ni ses effets dévastateurs sur le marché du travail, puisque beaucoup de pertes d’emplois ne sont pas signalées.
La situation dans l’Union Européenne est tout aussi inquiétante. Un récent rapport britannique indique la probabilité d’un chômage généralisé accablant dans le Nord-Est de l’Angleterre. En Allemagne, un rapport publié en octobre, suggère que 10 à 15 % de tous les emplois du pays dans l’automobile pourraient être perdus.
Des suppressions d’emplois ont aussi été annoncées dans les usines de General Motors et de Renault-Nissan en Espagne. La vente de voitures neuves en Espagne a chuté de 40 pour cent en octobre par rapport aux ventes du même mois l’an dernier.
Faillites et saisies : Une opération de pêche aux capitaux des géants de la finance
l y a parmi les entreprises au bord de la faillite des affaires extrêmement rentables et lucratives. Question importante : qui prend le contrôle des droits de propriété des grandes corporations industrielles en faillite ?
Les faillites et les saisies hypothécaires sont des opérations de pêche aux capitaux. Avec l’effondrement des valeurs boursières, le prix de l’action des sociétés cotées subit une importante chute, qui affecte immédiatement la solvabilité et la capacité de ces sociétés à emprunter et/ou à renégocier leur dette (qui se base sur la valeur cotée de leurs actifs).
Les spéculateurs institutionnels, fonds spéculatifs (hedge funds) et autres, ont tiré profit de butins inattendus.
Ils provoquent l’effondrement des sociétés cotées grâce à la vente à découvert et autres opérations spéculatives. Ils profitent ensuite de leurs gains de la spéculation à grande échelle.
Selon un rapport publié dans le Financial Times, il est évident que l’effondrement de l’industrie automobile des États-Unis est en partie le résultat de la manipulation : « General Motors et Ford ont perdu 31 pour cent, à 3,01 dollars, et 10,9 pour cent, à 1,80 dollars, malgré l’espoir en un possible sauvetage de l’industrie au bord de la ruine par Washington. La chute est survenue après que la Deutsche Bank ait fixé un prix cible de zéro pour GM. » (Financial Times, 4 novembre 2008)
Les financiers se livrent à une débauche de magasinage. Les 400 milliardaires étasuniens de Forbes attendent dans les limbes.
Dès qu’ils auront consolidé leur position dans le secteur bancaire, les géants financiers, incluant JP Morgan Chase, Bank of America, et autres, utiliseront leurs gains inattendus et l’argent du plan de sauvetage qui leur est fourni dans le cadre du TARP, pour étendre leur contrôle sur l’économie réelle.
La prochaine étape consiste à transformer les actifs liquides, à savoir la richesse en papier monnaie, en acquisitions dans l’économie réelle.
À cet égard, Berkshire Hathaway Inc de Warren Buffett est l’un des principaux actionnaires de General Motors. Plus récemment, à la suite de l’effondrement des valeurs boursières en octobre et novembre, Buffett a renforcé sa participation dans le producteur de pétrole ConocoPhillips, sans mentionner Eaton Corp, dont le prix à la Bourse de New York a chuté de 62% par rapport à son pic en décembre 2007 (Bloomberg).
Les cibles de ces acquisitions sont les nombreuses industries très productives et les entreprises du secteur des services, qui sont au bord de la faillite et/ou dont la valeur boursière s’est effondrée.
Les gestionnaires de portefeuille ramassent les morceaux.
Propriété de l’économie réelle
À la suite de ces développements, qui sont directement liés à la crise financière, l’ensemble de la structure de propriété d’actifs de l’économie réelle est en effervescence.
La richesse en papier-monnaie accumulée par les délits d’initiés et les manipulations boursières sert à prendre le contrôle d’actifs économiques réels, en déplaçant les structures de propriété préexistantes.
Nous faisons face à une relation malsaine entre l’économie réelle et le secteur financier. Les conglomérats financiers ne produisent pas de marchandises. Ils font essentiellement de l’argent grâce aux transactions financières. Ils utilisent le produit de ces transactions pour prendre le contrôle des véritables sociétés de l’économie réelle, qui produisent des biens et des services pour la consommation des ménages.
Dans une tournure amère, les nouveaux propriétaires de l’industrie sont des spéculateurs institutionnels et des manipulateurs financiers. Ils deviennent les nouveaux capitaines de l’industrie, non seulement en déplaçant les structures de propriété préexistante, mais aussi en installant leurs copains dans les fauteuils des gestionnaires des entreprises.
Pas de réforme possible dans le cadre du consensus Washington-Wall Street
Le sommet financier du G-20 à Washington le 16 novembre confirme le consensus Washington-Wall Street.
Bien que présentant officiellement un projet de restauration de la stabilité financière, dans la pratique l’hégémonie de Wall Street reste intacte. La tendance va vers un système monétaire unipolaire dominé par les États-Unis et soutenu par leur supériorité militaire.
Les artisans du désastre financier, grâce à la Gramm-Leach-Bliley Financial Services Modernization Act (FSMA) de 1999, ont été investis de la tâche d’apaiser la crise qu’ils ont eux-mêmes créée. Ils sont à l’origine de la débâcle financière.
Le sommet financier du G20 ne remet pas en question la légitimité des fonds spéculatifs et des divers instruments du négoce des dérivés. Le communiqué final comporte un engagement imprécis et vague « pour mieux réglementer les fonds spéculatifs et créer davantage de transparence dans les titres adossés à des créances hypothécaires, dans le but de stopper la glissade économique mondiale. »
La solution à cette crise peut venir uniquement d’un processus de « désarmement financier, » qui remette vigoureusement en question l’hégémonie des institutions financières de Wall Street, notamment leur contrôle sur la politique monétaire. Le « désarmement financier » nécessiterait aussi le gel des instruments du commerce spéculatif, le démantèlement des fonds spéculatifs et la démocratisation de la politique monétaire. L’expression « désarmement financier » a été inventée à l’origine par John Maynard Keynes dans les années 40.
Obama approuve la déréglementation financière
Barack Obama a adopté le consensus de Washington-Wall Street. Dans une tournure amère, l’ancien député Jim Leach, un républicain qui parrainait la FSMA en 1999 à la Chambre des représentants, conseille maintenant Obama sur l’élaboration d’une solution opportune à la crise.
Jim Leach, Madeleine Albright et l’ancien ministre des Finances Larry Summers, qui a aussi joué un rôle clef dans l’adoption de la FSMA, étaient présents le 15 novembre au sommet financier du G-20 en tant qu’équipe consultative du Président élu Barack Obama :
« Barack Obama et Joe Biden, le Président et le Vice President élus, ont annoncé que l’ancienne secrétaire d’État, Madeleine Albright, et l’ancien député républicain Jim Leach, seront disponible pour rencontrer en leur nom les délégations du G-20 lors de la réunion du sommet. Leach et Albright tiennent ces réunions non officielles pour obtenir la contribution des délégations en visite au nom du président et du vice president élus. »
(mlive.com, 15 novembre 2008)
Article original en anglais, The Great Depression of the 21st Century: Collapse of the Real Economy, publié le 15 novembre 2008.
Traduit par Pétrus Lombard. Révisé par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
Sarkozy et Barroso propose une nouvelle gouvernance mondiale économique / gouvernement économique européen
Mercredi, novembre 12th, 2008
Sarkozy et Barroso propose une nouvelle gouvernance mondiale économique
Crise: Brown pour un nouvel ordre mondial
Lundi, novembre 10th, 2008
Crise: Brown pour un nouvel ordre mondial
© Le JDD
La crise financière internationale a offert aux dirigeants du monde une occasion unique de créer une société vraiment internationale, devrait déclarer lundi le Premier ministre britannique Gordon Brown, lors d’un discours de politique étrangère. A l’occasion de son allocution annuelle dans le cadre du banquet traditionnel du maire de Londres, Brown devrait également déclaré que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Europe ont un rôle clé à jouer dans la définition d’un nouvel ordre mondial. “L’alliance entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis - et plus largement entre l’Europe et les Etats-Unis - peut et doit nous permettre de diriger, non pas pour établir nous-mêmes des règles, mais pour conduire l’effort international visant à construire un ordre mondial plus fort et plus juste”, pouvait-on lire dans un extrait du discours.
La Chine annonce un plan de relance, le G20 discute de la réforme du système financier
Dimanche, novembre 9th, 2008
La Chine annonce un plan de relance, le G20 discute de la réforme du système financier
© AFP
La Chine a annoncé dimanche un plan de relance de son économie, menacée de ralentissement par la crise mondiale, parallèlement à la poursuite des discussions entre pays émergents et développés à Sao Paulo sur la réforme du système financier international.
Pékin a annoncé un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) jusqu’à la fin 2010, visant à stimuler la demande intérieure pour parer au ralentissement de sa croissance et à la stagnation de ses exportations –principal moteur de son économie– provoqués par la crise financière mondiale.
De leur côté les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays avancés et émergents du G20 menaient au Brésil des discussions, qualifiées samedi de “très productives” par les Etats-Unis, pour apporter une réponse collective à la tourmente financière mondiale.
“Il s’agit d’une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C’est le moment de formuler des propositions pour un véritable changement dans l’architecture financière mondiale”, avait déclaré samedi le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, réclamant un rôle accru pour les pays émergents dans la gouvernance économique mondiale.
Le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), l’Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie).
Le président de la Banque mondiale (BM) Robert Zoellick avait estimé samedi que le G20 se rapprochait d’un consensus sur la nécessité de réformer le système financier alors que les économies entrent dans “une zone de danger”.
Il avait également jugé nécessaire “que d’importants pays en développement comme le Brésil puissent faire entendre leur voix”. Les pays émergents, notamment les géants de l’exportation, veulent peser davantage sur la conduite des affaires du monde.
La réunion de Sao Paulo est destinée à préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 le 15 novembre à Washington qui doit jeter les bases d’une réforme du système financier international afin d’empêcher les crises à répétition.
Une préoccupation présente dans toutes les instances. Au cours d’une réunion à Dubaï du Forum économique mondial (WEF), les participants ont estimé que “la crise actuelle avait signifié l’échec de la gouvernance des entreprises”, notamment “l’échec à tous les niveaux du système de calcul des risques”.
Pour ces experts, la crise financière mondiale a transformé les gouvernements “en acteurs de premier plan du système financier”.
Illustration du poids croissant des pays émergents riches en liquidités, l’Islande, en plein naufrage financier, a demandé l’aide de la Chine, après avoir négocié le mois dernier avec la Russie.
“J’ai écrit au Premier ministre chinois, mais nous n’avons pas encore reçu de réponse”, a annoncé samedi le Premier ministre islandais Geir Haarde, précisant qu’il n’avait pas demandé de montant particulier.
La couronne islandaise a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de l’année et les trois plus grandes banques ont été nationalisées début octobre.
La semaine à venir ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices pour les marchés financiers, même si Wall Street pourrait s’accorder une pause, après des semaines de convulsions et l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche.
“Les investisseurs pourraient en profiter pour prendre un peu de recul et juger des dégâts des dernières semaines”, selon Gina Martin de Wachovia Securities.
Cependant, les responsables démocrates au Congrès américain se mobilisent pour sauver le secteur automobile aux Etats-Unis, où les ventes d’automobiles ont plongé de près de 32% en octobre et où les géants de Detroit, General Motors et Ford, sont menacés de faillite l’an prochain.
Ils ont écrit samedi au secrétaire au Trésor Henry Paulson pour qu’il utilise le plan d’aide de 700 milliards de dollars au système financier adopté en octobre afin d’apporter “une assistance temporaire à l’industrie automobile”.
En Europe, les investisseurs suivront tout particulièrement la publication jeudi du chiffre de l’évolution du PIB allemand au troisième trimestre, qui risque de confirmer l’entrée en récession de l’Allemagne.
Une nouvelle rafale de résultats financiers attendus la semaine prochaine permettront aux marchés de prendre le pouls des entreprises.
La banque HSBC, les opérateurs de télécommunications Vodafone et BT à Londres, le bancassureur allemand Allianz et ses compatriotes Deutsche Post et Siemens, ou encore les français Vivendi, Veolia Environnement, Vallourec, GDF Suez, Bouygues doivent notamment dévoiler leurs perspectives.
Dans le Golfe, où les marchés boursiers étaient ouverts dimanche, seule la place saoudienne a terminé sur une hausse de 1,82%. Les autres Bourses ont fermé en forte baisse: Dubai a plongé de 5,94%, Abou Dhabi de 4%, Koweït de 2,8% et Doha de 5,2%.
La crise financière ne désarme pas. Selon le Financial Times, le premier assureur américain, AIG, discute avec l’Etat d’un nouveau plan de sauvetage, le prêt géant de 85 milliards de dollars accordé en septembre se révélant insuffisant pour assurer sa survie.
En Belgique, le Premier ministre Yves Leterme a menacé de renoncer au récent plan de sauvetage de Fortis, si la justice donnait raison aux petits actionnaires qui ont porté plainte contre le démantèlement du groupe, ce qui signifierait la banqueroute du bancassureur.
En Lettonie, le gouvernement a nationalisé samedi la seconde banque, la Parex Banka, pour “assurer la stabilité du système financier”.
Krach mondial: fermeture des Bourses
Mercredi, novembre 5th, 2008
Krach mondial: fermeture des Bourses
Nouriel Roubini (l’économiste qui a été le premier à prédire la crise systémique actuelle) a déclaré, lors d’une conférence réunissant les gestionnaires de hedge funds :
« Nous avons atteint une situation de panique totale, dit-il. Ne soyez pas surpris que les responsables politiques soient obligés de fermer les marchés pour une semaine ou deux dans les jours qui viennent. (…) Les choses iront plus mal avant d’aller mieux. Je crains que le pire ne soit à venir… »
Paul Krugman (prix Nobel d’économie) a lui aussi fait des déclarations très pessimistes dans le New York Times du lundi 27 octobre. On peut d’ailleurs y lire le mercredi 29 octobre que le secteur des cartes de crédit commence à être touché (article d’Eric Dash).
De plus, le 10 octobre, Silvio Berlusconi a déclaré que « les dirigeants du monde entier discutaient de la fermeture des marchés financiers mondiaux ».
La plupart des économistes pensent que fermer les marchés reviendrait à « casser le thermomètre pour ne plus afficher le niveau de fièvre ».Pourtant, il convient d’analyser avec lucidité le précédent historique de la crise asiatique de 1997. Ainsi, le président malaisien, Mahathir bin Mohamed avait interdit aux investisseurs étrangers de sortir des fonds investis à la bourse de Kuala Lumpur. Elle a été la bourse la moins touchée par la crise.
La fermeture des marchés, impensable il y a peu, est donc devenue une nécessité pour plusieurs raisons :
-la faillite des hedge funds est imminente (20 à 30% d’entre eux selon Nouriel Roubini).
-le secteur des cartes de crédit est fortement secoué et sera l’un des prochains krachs à venir (21 milliards de dollars d’emprunts réclamés de janvier à juin 2008).
-l’économie réelle commence à être sérieusement touchée.
-la panique peut provoquer un effondrement total.
Je pense que cette fermeture sera effective très bientôt (peut être le 18 novembre 2008) car il n’y a pas d’autres alternatives.
La crise économique actuelle est donc bien une crise systémique qui aura pour point d’orgue la destruction du dollar en 2009. Pour les incrédules, cette destruction annoncée dans le GEAB n°28 est envisagée par l’économiste chinois Zuo Xiaolie.
D’ailleurs Xu Xiaonian, un professeur d’économie et de finance à la China Europe International Business School, a déclaré lors d’une conférence que « la cause fondamentale de l’effondrement de Wall Street est attribuable à la surémission de monnaie de la Réserve fédérale. La Chine a déjà menacé de liquider ses énormes avoirs en bon du trésor US, qui s’élèvent à 1,33 trillions de dollars.
On en revient donc toujours au même point, un système voué à l’échec, basé sur la création de monnaie à partir de dettes par un petit groupe de banquiers internationaux.
Permettez-moi de conclure avec ces paroles de James A. Garfield, président des Etats-Unis (mort assassiné) :
« Celui qui contrôle le volume de la monnaie dans notre pays est le maître absolu de toute l’industrie et tout le commerce… et quand vous réalisez que le système entier est très facilement contrôlé, d’une manière ou d’une autre, par une très petite élite de puissants, vous n’aurez pas besoin qu’on vous explique comment les périodes d’inflation et de déflation apparaissent. »
Derrière la panique, la guerre financière pour la future domination bancaire mondiale
Mercredi, novembre 5th, 2008
Derrière la panique, la guerre financière pour la future domination bancaire mondiale
Cette version française a été révisée le 22 octobre 2008.
Ce qui ressort du comportement des marchés financiers européens ces deux dernières semaines, c’est que les anecdotes dramatiques de la crise financière et la panique provoquée servent délibérément à certains groupes d’influence - à l’intérieur et en dehors de l’Union européenne - à façonner le futur visage de la finance mondiale suite à la débâcle aux États-Unis des subprimes (prêt à haut risque) et des titres adossés à des créances (ABS). Le développement le plus intéressant des derniers jours est la position allemande unifiée et forte de la Chancelière, du ministre des Finances, de la Bundesbank et du gouvernement de coalition. Tous sont opposés à un super-fond de renflouage bancaire du style étasunien dans l’Union européenne. Pendant ce temps-là, le ministre étasunien des Finances, Henry Paulson, continue son copinage capitaliste (Crony Capitalism) au détriment de la nation et au profit de ses copains du monde financier. C’est un cocktail inutilement explosif.
La chute de la bourse de 7 à 10 pour cent par jour fait les gros titres de l’actualité et sert à susciter un grand sentiment de malaise proche de la panique chez le citoyen ordinaire. Les événements des deux dernières semaines dans les banques de l’UE - depuis les sauvetages dramatiques des banques Hypo Real Estate, Dexia et Fortis, et l’annonce d’Alistair Darling, le Chancelier de l’Échiquier au Royaume-Uni, d’un changement radical dans la politique du traitement des banques en difficulté au Royaume-Uni - ont commencé à révéler les grandes lignes des diverses réponses européennes à ce qui est en réalité une crise « made in USA ».
On peut raisonnablement penser que Henry Paulson, l’ancien directeur général de Goldman Sachs, n’est pas un ministre des Finances stupide. Il y a aussi des raisons réelles de croire qu’il agit en fait en fonction d’une stratégie à long terme bien pensée. Les événements qui se déroulent actuellement dans l’UE tendent à le confirmer. Comme me l’a dit un haut responsable d’une banque européenne lors d’une discussion privée, « Une guerre est en cours entre les États-Unis et l’Union européenne pour définir le futur visage de la finance européenne. »
Du point de vue de ce banquier, la tentative en cours du Premier ministre italien Silvio Berlusconi et du président français Nicolas Sarkozy de créer un « fonds » commun en Union européenne (avec peut-être plus de 300 milliards de dollars pour sauver les banques en difficulté) participerait de facto à la stratégie à long terme de Paulson et de l’establishment étasunien. En réalité, cela affaiblirait les banques en remboursant les titres véreux d’origine étasunienne détenus par les banques de l’UE.
Utiliser la panique pour centraliser le pouvoir
Comme je l’expose dans mon prochain livre, Power of Money: The Rise and Decline of the American Century, (Le pouvoir de l’argent : essor et déclin du siècle étasunien), dans toutes les grandes paniques financières aux États-Unis depuis au moins celle de 1835, les titans de Wall Street, surtout la Maison JP Morgan avant 1929, ont délibérément déclenché la panique bancaire en coulisses pour consolider leur emprise sur le système bancaire étasunien. Les banques privées ont utilisé cette panique pour contrôler la politique de Washington, notamment la définition exacte de la propriété privée de la nouvelle Réserve fédérale en 1913, et pour consolider leur contrôle sur les groupes industriels comme US Steel, Caterpillar, Westinghouse, etc. En bref, ce sont des habitués de ce genre de guerre financière, qui augmente leur pouvoir.
Ils doivent maintenant faire quelque chose de semblable à l’échelle mondiale afin de pouvoir continuer à dominer la finance mondiale, le cœur de la puissance du siècle étasunien.
Cette pratique du recours à la panique pour concentrer leur pouvoir privé a créé une concentration extrêmement puissante de pouvoir financier et économique entre quelques mains du secteur privé. Ce sont ces mêmes mains qui, en 1921, créèrent le Council on Foreign Relations, l’influent groupe d’experts en politique étrangère étasunienne, pour guider la montée du Siècle Étasunien, comme l’appelait Henry Luce, le fondateur du Time, dans un essai capital en 1941.
Il devient de plus en plus évident que les gens comme Henry Paulson, qui fut l’un des promoteurs les plus énergiques de la révolution de l’ABS à Wall Street, avant de devenir ministre des Finances, sont animés par des mobiles qui dépassent de loin leurs instincts de cupidité. Dans ce contexte, la propre expérience de Paulson est intéressante. A l’aube des années 70, Paulson entama sa carrière en travaillant pour un homme célèbre nommé John Ehrlichman, l’impitoyable conseiller en politique intérieure du président Nixon. A l’époque du Watergate, John Ehrlichman avait mis sur pieds la fameuse équipe des plombiers pour réduire au silence les adversaires du président, mais Nixon l’avait abandonné et il avait fini en prison, sans soutien.
Paulson semble avoir pris de la graine de son mentor de la Maison Blanche. Selon un article du New York Times, en 1998, quand il était coprésident de Goldman Sachs, il a fait partir de force Jon Corzine, l’autre coprésident, dans ce qui équivalait à un « coup d’État ».
Comme je l’ai exposé en détail dans les parties I à IV de ma précédente série, Financial Tsunami, il devient évident que Paulson et ses amis de Citigroup et JP Morgan Chase ont une stratégie, de même que le parrain de la titrisation des hypothèques et de la déréglementation bancaire, l’ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan.
Sachant qu’à un moment donné, la pyramide de billions de dollars de subprimes douteuses et autres titres hypothécaires à haut risque allait s’effondrer, ils étaient apparemment déterminés à propager le plus possible dans le monde entier les « déchets toxiques » de l’ABS, pour attirer les grandes banques du monde, plus particulièrement celles de l’Union européenne, dans leur piège à miel.
Mais ils n’agissaient pas seuls. Lors de son dernier témoignage sous serment, Lynn Turner, chef comptable de la Securities and Exchange Commission (SEC, organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers, NDR), qui était chargé de la surveillance du marché des swaps de défaut (credit default swaps), un marché d’un montant de 62 000 milliards de dollars, avait fait les frais des coupes budgétaires de l’administration Bush. Son personnel était passé de plus de 100 personnes à une seule. Oui. UNE personne, ce n’est pas une faute de frappe.
Le représentant du Vermont au Congrès, Peter Welsh demanda à Lynn Turner « (…) la réduction des effectifs des autorités de régulation visait-elle à rendre impossible un quelconque contrôle avec un seul employé en poste ? Et est-il exact que 146 personnes ont été licenciées du département de contrôle du SEC ? ». Et Turner, sous serment, lui répondit « Oui… je pense qu’un écrémage systématique – appelez ceci comme vous voudrez – parmi les fonctionnaires a eu lieu dans cette administration, afin de saper ses capacités de contrôle ».
Etait-ce simplement une coupe budgétaire inspirée par une ferveur idéologique, ou cette manœuvre avait-elle un objectif caché ? L’ancien employé de Goldman Sachs, qui avait convaincu le président d’embaucher Henry Paulson et Joshua Bolten (ancien directeur de l’Office of Management and Budget (OMB) de Bush et actuel chef d’état-major du président) tentait-il de s’assurer que le gouvernement ne s’occuperait pas de l’explosion de la titrisation des actifs hypothécaires ?
Ce sont peut-être des questions que le Congrès ferait bien de poser à des gens comme Henry Paulson et Joshua Bolten, au lieu de faire diversion en évoquant le montant des indemnités touchées par Richard Fuld pour son départ de chez Lehman Brothers. N’y a-t-il pas les empreintes de M. Bolten sur les lieux du crime ? Et pourquoi n’y a-t-il personne pour questionner le rôle de Paulson en tant que directeur général de Goldman Sachs - l’un des promoteurs de titres exotiques et autres produits de titrisation les plus agressifs - de Wall Street ?
Il semblerait aujourd’hui que la stratégie de Paulson était d’utiliser une situation de crise - de crise préprogrammée, prévisible dès 2003, quand Joshua Bolten a accédé à la tête de l’OMB - lorsqu’elle se produirait, pour affoler les gouvernements les plus conservateurs de l’Union européenne et les précipiter au secours des actifs pourris des États-Unis.
Si cela devait arriver, ça détruirait ce qui reste de bon dans le système bancaire et les institutions financières de l’UE, et cela rapprocherait le monde d’un marché monétaire contrôlé par les copains de Paulson, des copains capitalistes « à la mode américaine ». Le « copinage capitaliste » est certainement une expression appropriée ici. Robert Rubin, prédécesseur de Paulson à la fois chez Goldman Sachs et au ministère des Finances, aimait accuser les banquiers de Thaïlande, d’Indonésie et des autres pays frappés en 1997 par les attaques spéculatives des fonds de placement sponsorisés par les États-Unis, de « copinage capitaliste ». Cela donnait l’impression que la crise avait sa source en Asie et n’était pas la conséquence d’attaques délibérées d’institutions financières étasuniennes, ayant pour objectif d’éliminer le modèle des Tigres asiatiques et de transformer l’Asie en bailleur de fonds de la dette de Washington.
Il est intéressant de noter que Rubin est à présent directeur de Citigroup, manifestement l’une des banques survivantes « copines de Paulson ». C’est la banque qui a dû jusqu’ici inscrire à son passif la plus grande somme en titres empoisonnés.
Si l’allégation de panique planifiée, comme celle de 1907, est exacte (et c’est un grand « si »), alors le plan a réussi… jusqu’à un certain point. Ce point a été franchi pendant le week-end du 3 octobre, le même jour que l’anniversaire de l’unification nationale de l’Allemagne.
L’Allemagne rompt avec le modèle étasunien
Dans la soirée du dimanche 5 octobre, lors de pourparlers à huis clos, Alex Weber, patron pragmatique de la Bundesbank, Jochen Sanio, dirigeant de BaFin, et des représentants du gouvernement de coalition à Berlin de la chancelière Angela Merkel, ont lancé pour Hypo Real Estate (HRE) un plan de renflouage d’un valeur nominale de 50 milliards d’euros. Toutefois, comme le soulignait Weber au ministre des Finances Peer Steinbrück dans une lettre du 29 septembre rendue publique dans la presse, les banques privées allemandes doivent apporter 60 pour cent de la somme et l’Etat, 40 pour cent. De plus, compte tenu de l’attention avec laquelle le gouvernement, en coopération avec la Bundesbank et BaFin, a établi l’accord de crédit de secours, la perte maximale possible pour l’État serait limitée à 5,7 milliards d’euros dans le pire des scénarios, et non pas à 30 milliards, comme beaucoup le pensent. C’est toujours beaucoup d’argent, mais ce n’est rien en comparaison du chèque de 700 milliards de dollars que le Congrès des États-Unis, contraint par les quelques jours de chute des cours boursiers, a décidé de donner à Paulson.
La rapidité d’action du ministre des Finances Steinbrück à licencier la direction de HRE, en contraste frappant avec Wall Street où les fraudeurs du même acabit restent dans leur bureau à récolter d’énormes primes, témoigne aussi d’une approche différente. Mais cela ne tranche pas le nœud du problème. La situation de HRE provient, comme noté précédemment, des excès de DEPFA, sa banque filiale auxiliaire en propriété exclusive, basée en Irlande, un pays de l’UE connu pour sa réglementation libérale peu contraignante et son bas régime fiscal.
Changement dans la politique britannique
Au Royaume-Uni, après le renflouage stupide et coûteux de Northern Rock en début d’année, le gouvernement du Premier ministre Gordon Brown vient d’annoncer un changement politique radical, allant dans le même sens que l’Allemagne. Les banques britanniques obtiendront exceptionnellement 50 milliards de livres (64 milliards d’euros) de crédits de renflouage du gouvernement et de prêts de secours de la Banque d’Angleterre.
Le Trésor Public a déclaré que le gouvernement allait acheter des actions privilégiées de la Royal Bank of Scotland Group Plc, de Barclays Plc et d’au moins six autres banques, et fournira environ 250 milliards de livres de garanties de prêts pour refinancer la dette. La Banque d’Angleterre mettra à disposition au moins 200 milliards de livres. Le plan ne précise pas combien obtiendra chaque banque.
Tout ça signifie que le gouvernement britannique va nationaliser, au moins partiellement, ses banques internationales les plus importantes, au lieu de racheter leurs prêts véreux dans le style d’un plan inapplicable à la Paulson. Avec cette approche, le coût pour le contribuable du Royaume-Uni sera bien moindre car, une fois la crise calmée et les affaires revenues à la normale, le gouvernement pourra vendre des parts de l’État aux banques en bonne santé avec peut-être un bon bénéfice pour le Trésor Public. Le gouvernement Brown a sans doute réalisé que la couverture de garantie accordée à Northern Rock et Bradford & Bingley en début d’année n’a fait qu’ouvrir les vannes des dépenses gouvernementales sans arranger le problème.
Cette nouvelle politique de nationalisation contraste totalement avec l’approche idéologique du libre marché prônée par Paulson, qui consiste à racheter le titres sans valeur détenus par des banques que Paulson a choisi de sauver, plutôt que de recapitaliser les banques pour leur permettre de continuer à fonctionner.
Les lignes de la bataille se dessinent
Que se dégage-t-il des grandes lignes des deux approches opposées face au développement de la crise ? À présent, le plan Paulson fait manifestement partie d’un projet visant à créer trois colosses financiers mondiaux : Citigroup, JP Morgan Chase et bien entendu Goldman Sachs, la « maison » de Paulson, maintenant transformée en banque de façon assez opportune. Après être parvenus à arracher 700 milliards de dollars aux contribuables étasuniens par la peur et la panique, ces trois mastodontes utiliseront leurs muscles hors du commun pour ravager les banques européennes dans les années à venir. Tant que les plus grandes agences mondiales financières de notation - Moody’s et Standard & Poors - seront épargnées par les scandales et les auditions au Congrès, le pouvoir financier réorganisé de Goldman Sachs, Citigroup et JP Morgan Chase pourrait potentiellement se regrouper et faire progresser leur plan de bataille mondial dans les prochaines années, en marchant sur les cendres de la faillite de l’économie étasunienne, mise en banqueroute par leur folie.
En s’accordant sur la stratégie de nationalisation des banques que les ministres des Finances de l’UE estiment « trop stratégiques par leur caractère systémique pour être abandonnées » tout en garantissant les dépôts bancaires, les plus grands gouvernements de l’UE, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont pris le contre-pied des États-Unis, et ont opté pour une approche sur le long terme, qui permettra aux géants bancaires de résister aux attaques financières de géants comme Goldman Sachs ou Citigroup.
La liquidation spectaculaire des actions sur les bourses d’Europe et d’Asie est en réalité un problème secondaire, bien moins critique. Selon des rapports du marché, ce bradage est alimenté surtout par les fonds de placements (hedge funds) étasuniens, qui tentent désespérément d’obtenir des liquidités, car ils réalisent que l’économie étasunienne se dirige vers une dépression économique à laquelle ils seront exposés et que le plan Paulson ne prévoit pas de régler le problème.
Le problème le plus important, c’est de trouver un système bancaire et interbancaire solvable et fonctionnel. La débâcle de l’ABS était « made in New York ». Néanmoins, ses effets doivent être isolés et les banques viables de l’UE défendues dans l’intérêt public et non pas, comme aux États-Unis, dans le seul intérêt des banques des « copains de Paulson ». Les instruments non réglementés à l’étranger, comme les hedge funds et les banques et assurances non réglementées, ont tous participé à la construction de ce que j’ai appelé un tsunami de 80 000 milliards de dollars en ABS. Certains des gouvernements les plus conservateurs de l’UE ne sont pas sur le point d’adopter le remède proposé par Washington.
Tout en s’emparant des gros titres, la baisse coordonnée des taux d’intérêt de la BCE et des autres banques centrales européennes ne fait pas grand chose en réalité pour traiter le vrai problème : la peur des banques de se prêter entre elles tant que leur solvabilité n’est pas assurée.
En amorçant un état partiel de nationalisation dans l’UE, et en rejetant le système de renflouage Berlusconi-Sarkozy, les gouvernements de l’UE, cette fois menés de façon intéressante par l’Allemagne, mettent en place une base saine pour sortir de la crise.
Et c’est loin d’être terminé. C’est là une lutte pour la survie du Siècle étasunien, en construction depuis 1939 par la domination financière et militaire : les piliers jumeaux de la domination étasunienne.
Les banques asiatiques, gravement endommagées par la crise asiatique de 1997-98 pilotée par Wall Street, sont apparemment très peu exposées aux problèmes étasuniens. Les banques européennes sont exposées de différentes façons, mais aucune ne l’est aussi sérieusement que la sphère bancaire étasunienne.
Les Rothschild et leurs 200 ans d’influence en politique
Lundi, octobre 27th, 2008
Les Rothschild et leurs 200 ans d’influence en politique
© Alter Info, Independent.co.uk
Nat Rothschild, le financier au centre des accusations qui menacent d’engloutir le ministre des finance du cabinet fantôme britannique, George Osborne, connaît bien les lois qui interdisent aux politiciens d’accepter des dons de l’étranger.
Par Andy McSmith
The Independent, jeudi 23 octobre 2008
article original : “The Rothschilds and their 200 years of political influence”
Les dons politiques de l’étranger sont aussi illégaux aux Etats-Unis, où l’équipe de campagne de John McCain fait l’objet d’une enquête, accusée d’avoir accepté un avantage en nature de la part de deux citoyens britanniques ultra-riches, nommément Nat Rothschild et son père, Jacob, le 4ème Baron Rothschild.
En avril dernier, M. McCain est passé par Londres et a fait un discours lors d’un dîner de collecte de fonds pour des expatriés américains, où les sièges aux tables les meilleures marché coûtaient 500 dollars par tête. Ce qui attira l’attention de Judicial Watch, une fondation basée à Washington consacrée à la lutte contre la corruption, était que cet événement se soit tenu “avec l’aimable autorisation de Lord Rothschild et de l’honorable Nathaniel Rothschild” à Spencer House, la résidence familiale de St James, le seul palais du 17ème siècle privé au centre de Londres.
La Commission Electorale Fédérale (FEC) des Etats-Unis enquête toujours sur l’accusation selon laquelle l’équipe de campagne de M. McCain a violé la loi électorale en acceptant un avantage en nature de la part des Rothschild. “Nous n’avons pas encore de nouvelles de la part de la FEC et nous ne nous attendons pas à en avoir avant la fin de la campagne électorale”, a déclaré Tom Fitton, de Judicial Watch.
La famille Rothschild et la politique ont été étroitement liées pendant des générations, depuis que Nathan Rothschild, qui a fondé la branche anglaise de l’entreprise familiale, a financé la guerre britannique contre Napoléon, il y a deux siècles. Nathan était le fils de Mayer Rothschild, qui a fondé l’entreprise familiale dans le ghetto juif de Francfort au 18ème siècle.
L’année dernière, Serena Rothschild, la mère de Nat Rothschild, était l’une des plus importantes donatrices individuelles du Parti Conservateur. Elle a donné 190.000 livres sterling [240.000 €]. Elle a également aidé à financer le poste de M. Osborne.
Lorsqu’un autre membre du clan, Sir Evelyn de Rothschild, a épousé la femme d’affaire new-yorkaise Lynn Forester, ils ont passé leur nuit de noce à la Maison Blanche, en tant qu’invités de Bill Clinton. Lady Rothschild était une collectrice de fonds pour les démocrates, mais elle est passée dans le camp de McCain après que son amie Hillary Clinton a été battue à la nomination par Barack Obama.
Il n’est donc pas nouveau qu’un Rothschild fréquente des politiciens de premier plan – mais ils le font généralement d’une manière qui n’attire pas de publicité inutile. Ce qui est inhabituel à propos de l’intervention soudaine de Nat Rothschild dans l’affaire de l’oligarque[1] et du yacht de Corfou est la façon dont il s’est mis au centre de la scène. Sa motivation présumée est la colère qu’il aurait éprouvé vis-à-vis des mauvaises manières de M. Osborne qui a révélé ce que Peter Mandelson avait dit sur Gordon Brown, lorsque Lord Mandelson, M. Osborne et M. Rothschild étaient les invités du magnat russe de l’aluminium, Oleg Deripaska.
Malgré la photographie désormais célèbre qui montre M. Rothschild et M. Osborne comme des étudiants privilégiés de 21 ans à Oxford, ils n’étaient pas proches amis et leurs chemins ont rapidement bifurqué. Dans les deux ans après que cette photo fut prise, M. Osborne s’installa dans la carrière qu’il s’était choisie en prenant un poste au siège du parti conservateur. Cette même année, Nat Rothschild, ne montrant aucun intérêt à trouver un emploi stable, se mit en couple avec Annabelle Neilson, un mannequin rencontré sur une plage en Inde, s’enfuit vers Las Vegas et l’épousa.
Ses parents horrifiés doivent avoir craint qu’il se dirige dans la même voie autodestructrice que celle de ses deux cousins – Amschel, qui s’est pendu dans un hôtel parisien en 1996, et Rafael, qui est mort d’une overdose d’héroïne, à l’âge de 23 ans à Manhattan.
Mais Nat Rothschild est sorti de ce mariage, rompu trois ans plus tard, en homme neuf. A New York, il a rencontré Timothy Barakett, le fondateur d’Atticus Capital, un fonds spéculatif qui fait des paris souvent risqués sur de larges sommes pour le compte de riches clients. M. Rothschild est devenu coprésident de cette entreprise, laquelle, à son apogée, gérait des investissements de plus de 20 milliards de livres [27 milliards €]. C’était avant le désarroi des marchés financiers – le mois dernier, il a été rapporté que 2,5 milliards de livres [3,4 milliards €] ont été détruits de la valeur des actifs d’Atticus.
Même ainsi, on pense que Nat Rothschild a gagné beaucoup plus d’argent que ce qu’il aurait hérité en tant que plus jeune enfant et seul fils de Jacob Rothschild. Père et fils font à présent équipe et ont co-fondé JNR, un véhicule d’investissement avec des bureaux à Londres et à New York et des intérêts étendus en Russie. C’est Jacob qui a présenté Nat à Peter Mandelson.
Traduction JFG-QuestionsCritiques
Note :
[1] George Osborne, le “ministre de l’Economie” de l’opposition, est accusé d’avoir demandé au magnat russe de l’aluminium, Oleg Deripaska, de financer son parti, ce qui est illégal. Cela se passait pendant ses vacances en Grèce, à Corfou, qu’il passait en compagnie de quelques personnalités extrêmement riches. Parmi ceux-ci, Nathaniel Rothschild, riche membre de la dynastie de banquiers, qui dispose d’une villa de vacances sur cette île grecque. A l’occasion de ce séjour estival, Osborne a en outre rendu visite à l’oligarque russe Oleg Deripaska, l’un des hommes les plus riches de la planète, sur son yacht privé, lequel est, bien sûr, l’un des plus grands du monde.
Pendant ce séjour, Osborne a également rencontré Peter, désormais lord, Mandelson, alors encore commissaire européen au Commerce [devenu ministre du Commerce britannique début octobre]. Jusque-là, cette histoire de riches et célèbres ne suscite qu’un vague sentiment d’étonnement à l’idée que le principal porte-parole des tories pour l’économie puisse frayer avec un adversaire politique tandis qu’au pays les gens s’inquiètent pour leur épargne, leur retraite, leur logement, leur emploi. Et c’est là qu’intervient l’incroyable absence de jugement dont a fait preuve Osborne. Il a fait savoir que, lors de leur idylle ionienne, lord Mandelson avait “craché du pur vitriol” à propos de Gordon Brown à qui voulait bien l’entendre. Puis on a entendu dire que lord Mandelson aurait également rencontré Deripaska, qui a fait fortune dans l’aluminium et a profité de la baisse des droits de douane décidée par la Commission européenne. Ces révélations gênantes ont apparemment provoqué la colère de Rothschild, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’elles entachent son rôle d’hôte. En réplique, Rothschild a affirmé que le chancelier de l’Echiquier du cabinet fantôme avait lui aussi vu Deripaska sur son yacht et qu’il était en plus accompagné d’Andrew Feldman, le collecteur de fonds des conservateurs, “pour solliciter un don” [la somme de 50 000 livres, soit plus de 63 000 euros, est avancée par la presse].
Bourses : 25 000 milliards de dollars partis en fumée
Lundi, octobre 27th, 2008
Bourses : 25 000 milliards de dollars partis en fumée
© Le Monde
Octobre, mois maudit pour les marchés boursiers. Après 1929, 1987 et 1989 : 2008. En trois semaines et demie, Wall Street et les autres places ont chuté de 25 %. “Peut-être l’automne a-t-il une influence psychologique particulière sur l’humeur des milieux financiers : l’hiver approche”, notait l’économiste John Kenneth Galbraith dans son livre consacré au krach de 1929.
Vendredi 24 octobre, qui marquait le 79e anniversaire du plongeon à Wall Street, les Bourses ont connu une nouvelle journée noire. A Paris, l’indice CAC 40 a terminé la séance en baisse de 3,54 %, après avoir perdu plus de 10 % en cours de journée et être passé sous la barre des 3 000 points. Tokyo a cédé 9,60 %, Bombay 11 %. A Wall Street, l’indice Dow Jones a reculé de 3,59 % à l’issue d’une séance marquée par des mouvements de panique. “Une séance comme celle-là ne fait que prolonger l’agonie”, a estimé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management, interrogé par l’AFP. “De la peur à l’état pur”, a observé pour sa part Gina Martin, de Wachovia Securities.
Les chiffres donnent le vertige. Depuis le début de l’année, les grandes places boursières internationales ont perdu presque la moitié de leur capitalisation. Cela signifie qu’environ 25 000 milliards de dollars sont partis en fumée, soit près de deux fois le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis. Certaines places ont presque disparu du paysage. La Bourse de Reykjavik a perdu 94 % de sa valeur, Moscou 72 %, tout comme Bucarest.
Rien n’y fait. Ni la mise en oeuvre de gigantesquesplans de sauvetage bancaires, ni l’annonce de plans de relance économique massifs ou les appels au calme lancés par les dirigeants politiques et monétaires ne parviennent à enrayer la chute des Bourses. Les investisseurs sont de plus en plus convaincus que l’économie mondiale n’échappera pas à une récession longue et douloureuse.
Le dernier espoir qui subsistait, celui que les pays émergents résistent à la crise, est en train de s’envoler. En Chine, le marché immobilier donne des signes de craquement, ce qui risque de fragiliser l’ensemble du système bancaire. Les fermetures d’usines se multiplient, les entreprises se trouvant privées de leurs débouchés dans les pays occidentaux. En Russie et dans tous les pays producteurs de pétrole, les revenus tirés des ventes de brut fondent au fur et à mesure que le prix du baril s’écroule. Le cours du brent est tombé vendredi à 62 dollars, soit une baisse de plus de 55 % en trois mois.
La crise des subprimes dégénère en crise économique globale, qui menace les pays les plus faibles. Vendredi, l’Islande, au bord de la faillite, a annoncé avoir signé un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de 2,1 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros). Et la liste des pays en grande difficulté ne cesse de s’allonger : Ukraine, Pakistan, Argentine, Hongrie,etc.
Aux Etats-Unis et en Europe, la contamination de”l’économie réelle “commence à se matérialiser. Selon les chiffres publiés vendredi, l’économie britannique s’est contractée de 0,5 % au troisième trimestre, soit le recul le plus important depuis 1990. EnEspagne, le taux de chômage est remonté à son plus haut niveau depuis quatre ans. En France, le climat des affaires est tombé à son plus bas niveau depuis 1993. Quant au marché immobilier, il donne des signes de craquement. Le nombre de transactions devrait chuter de 25 % en 2008, ont indiqué jeudi les notaires.
Certains secteurs vacillent. Au premier rang d’entre eux, l’automobile. Renault va fermer ses usines en Europe de l’Ouest durant les vacances de la Toussaint. Le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piëch, prédit “une traversée du désert”.
Au vu de cette détérioration du paysage économique, les opérateurs boursiers s’attendent à un effondrement des profits des entreprises.Tous les secteurs sont touchés. Selon une étude du courtier Cazenove, les plus exposés sont, dans l’ordre, la construction, les mines, les grands magasins, l’assurance-vie et la banque. Les valeurs refuges défensives se réduisent à une peau de chagrin : produits de grande consommation, spiritueux… A la Bourse de Paris, la moins mauvaise performance revient à GDF Suez, qui affiche un recul de 21,66 % depuis le début de l’année. La plus mauvaise est le fait de Renault, dont l’action a baissé de 77,12 % depuis le1 er janvier.
L’inquiétude des investisseurs est d’autant plus grande que les marges de manoeuvre monétaires et budgétaires commencent à s’épuiser. En premier lieu, les taux d’intérêt s’approchent de leur plancher. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) pourrait annoncer, mardi, une nouvelle baisse de son taux directeur, fixé aujourd’hui à 1,5 %. En Europe, les opérateurs s’attendent aussi à un geste de la Banque centrale européenne,dont le taux principal s’établit à 3,75 %. Au Japon, la banque centrale est dans l’incapacité d’agir, son taux directeur se situant à 0,5 %.
Sur le plan budgétaire, les injections de fonds publics pour sauver les banques vont se traduire par une hausse sensible des dettes publiques et par un recours massif à l’emprunt de la part des Etats. Cet afflux d’obligations du Trésor sur les marchés financiers risque de provoquer une forte remontée des taux d’intérêt à long terme qui jouent un rôle majeur dans le financement de l’économie. “Les marchés broient du noir et imaginent le pire avec uncaractère autoréalisateur, notent les économistes du Crédit agricole. La question de la confiance reste centrale, et personne ne sait bien aujourd’hui quel élément catalyseur est susceptible dela restaurerdemanièredurable.”
Le pétrole tombe sous 60 dollars à Londres et 62 à New York
Lundi, octobre 27th, 2008
Le pétrole tombe sous 60 dollars à Londres et 62 à New York
© AFP
Les cours du pétrole ont poursuivi leur chute lundi, tombant sous la barre psychologique des 60 dollars à Londres pour la première fois depuis le 16 mars 2007, et sous celle des 62 dollars à New York, plombés par les craintes de récession et l’appréciation du billet vert.
Le cours du Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre est tombé jusqu’à 59,32 dollars vers 08H40 GMT sur l’Intercontinental Exchange de Londres, redescendant ainsi à ses plus bas niveaux en séance depuis février 2007.
Au même moment, le cours du baril de “light sweet crude” pour la même échéance est tombé jusqu’à 61,55 dollars sur le New York Mercantile Exchange, son plus bas niveau depuis mai 2007.
Depuis leurs records du mois de juillet, où ils s’étaient hissés à plus de 147 dollars à Londres comme à New York, les cours du pétrole ont fondu en raison de craintes d’une chute de la demande sur fond de risque de récession entraînée par la crise financière internationale, et sous l’impact d’une forte appréciation du dollar.
Vendredi, la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de diminuer sa production d’un million et demi de barils par jour n’avait pas suffi à enrayer le plongeon des cours.
L’euro sous 1,24 dollar, au plus bas depuis avril 2006
Lundi, octobre 27th, 2008
L’euro sous 1,24 dollar, au plus bas depuis avril 2006
© AFP
L’euro a touché lundi vers 08H40 GMT (09H40 à Paris) un plus bas à 1,2367 dollar, et est passé pour la première fois depuis le 26 avril 2006 sous 1,24 dollar, en raison de craintes persistantes de récession et de mouvements de rapatriement de fonds soutenant le billet vert.
Depuis son record du 15 juillet dernier, à 1,6038 dollar, l’euro n’a cessé de reculer et a perdu plus de 22% de sa valeur.
Dans un contexte de dérèglement des échanges, avec des tensions sur le marché du crédit, et de fortes inquiétudes des marchés, avec les craintes de récession, l’euro a en outre connu une volatilité importante sur le marché des changes, avec des variations de plusieurs cents en quelques heures.
Les autres monnaies connaissaient le même sort et la livre sterling reculait face au dollar et à l’euro tandis que le yen s’illustrait par sa résistance.
Le club des pays riches du G7 s’est inquiété lundi de la flambée du yen et le gouvernement japonais a dévoilé un nouveau paquet de mesures anticrise, sans aucun effet sur les marchés : la Bourse de Tokyo a terminé au plus bas en 26 ans et le yen n’a guère bougé.
“Nous continuerons à surveiller attentivement les marchés et à coopérer d’une façon appropriée”, ont ajouté les grands argentiers du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon).
Article 104 du Traité de Maastricht
Mercredi, octobre 22nd, 2008
Article 104 du Traité de Maastricht
« Ce n’est pas un krach mais une explosion du système mondial »
Mercredi, octobre 22nd, 2008
« Ce n’est pas un krach mais une explosion du système mondial »
20 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) – En réponse à ceux qui clame que « le krach financier est terminé », Lyndon LaRouche a déclaré que nous sommes dans une désintégration mondiale de tout le système financier, bien plus dévastatrice qu’un simple krach.
« Les imbéciles ne comprennent pas ce qui se passe. Il y a deux phénomènes simultanés. D’abord une hyperinflation hyperbolique dans le domaine de la finance, principalement due aux millions de milliards de dollars en jeu sur les marchés dérivés. Dans un effort désespéré pour les sauver, la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales dans le monde entier génèrent des quantités massives – hyperinflationnistes - d’argent nouveau.
« Dans le même temps, nous assistons à une chute temporaire des prix des principales matières premières. Cette baisse est due à la chute du commerce et de la production au niveau mondial. L’économie réelle se désagrège dans la plupart des pays. La production chute, donc la demande en matières premières et en biens manufacturés se réduit, et les gens perdent leur travail, leur épargne, leur maison.
« Nous voilà face à deux phénomènes simultanés : une hyperinflation sans précédent dans le domaine financier, et un effondrement mondial de la production physique causant une chute des prix des matières premières. Il suffit de regarder les choses en face : ce n’est pas un krach mais une explosion. Il n’y a que les idiots qui ne tireraient pas les conséquences de cette désintégration. »

La triple courbe de LaRouche (1995)
Les pertes des banques américaines effacent les profits de la spéculation
Mardi, octobre 21st, 2008
Les pertes des banques américaines effacent les profits de la spéculation
© WSWS
Une étape lourde de sens a été atteinte jeudi par le système bancaire américain. Alors que Citigroup et Merrill Lynch viennent d’annoncer des pertes supplémentaires de milliards de dollars à leurs bilans du troisième trimestre, tous les profits accumulés par les neuf plus grandes banques durant le boum immobilier de trois ans et demi se sont volatilisés.
Dans un article intitulé « Banks Are Likely to Hold Tight to Bailout Money » (Les banques risquent de s’accrocher à l’argent du renflouement), le New York Times a rapporté vendredi que les 13,2 milliards $ de frais de Citigroup et les pertes de 5,15 milliards $ de Merrill Lynch ont porté le total des pertes des grandes banques depuis l’éruption de la crise du crédit au milieu de 2007 à 323 milliards de dollars, supplantant ainsi les 305 milliards de dollars engrangés de 2004 à la mi-2007 par Citigroup, Merrill Lynch, Bank of America, Morgan Stanley, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Wells Fargo, Washington Mutual et Wachovia.
« Pour chaque dollar gagné par les banques durant les années les plus prospères de l’industrie, 1,06 $ a maintenant été effacé », note le New York Times.
Commentant en termes prudents l’effondrement de ce qui correspond à une gigantesque fraude perpétrée par les institutions financières les plus puissantes, Richard Sylla, économiste et historien de la finance à la Stern School of Business de l’Université de New York, a affirmé : « Les pertes actuelles montrent d’une certaine façon que les profits déclarés lors des années précédentes n’étaient pas réels, car ils ont pris trop de risques durant cette période. »
Cela fait référence à la prolifération d’instruments financiers spéculatifs exotiques et obscurs (comme les titres adossés à des créances obligataires, les produits de placements structurés ou les dérivés de crédit) conçus par les magiciens de Wall Street afin de générer de super profits basés sur une montagne de dettes pour lesquelles une très petite contrepartie est donné en garantie. Sur la base de ces valeurs spéculatives, ils se sont accordé des salaires et des bonus de dizaines et de centaines de millions de dollars.
Alors que sont ruinées leurs propres institutions et que des millions de travailleurs aux Etats-Unis et à travers le monde commencent à être frappés par la catastrophe économique, ces mêmes banquiers déclarent qu’ils n’ont pas l’intention de si tôt d’utiliser les milliards de dollars des contribuables offerts par le gouvernement pour ressusciter les marchés du crédit (l’objectif officiel du sauvetage dont le coût pour la population américaine s’élève maintenant à 2,25 billions de dollars).
L’effondrement du château de cartes financier a révélé la supercherie idéologique qui a été utilisée pour défendre le capitalisme américain, telle que l’infaillibilité du marché et le rôle irremplaçable des capitalistes qui « prennent des risques », la soi-disant justification pour leurs compensations astronomiques.
L’évangile du « libre marché » qui est, particulièrement au cours des trois dernières décennies, devenu la religion séculière de tout l’establishment politique, s’est avéré être la recette d’un désastre social. Cependant, le système a, en un sens, plutôt bien fonctionné. Il a rempli sa fonction essentielle de générer des niveaux colossaux de richesses personnelles pour l’aristocratie financière.
Le Financial Times a rapporté le mois dernier que les récompenses des plus hauts cadres des sept plus grandes banques américaines se chiffrent à 95 milliards $ au cours des trois dernières années, au moment même où les banques essuyaient des pertes de 500 milliards $.
Les petits actionnaires ont été ruinés, les pensions et les fonds de retraite ont été décimés, les usines ferment et plus d’un million de familles sont à la veille de perdre leur maison, mais les géants de Wall Street peuvent tout conserver jusqu’au moindre cent.
Pour donner un aperçu des sommes en jeu, John Thain, le directeur général de Merrill Lynch et, selon Associated Press, le PDG le mieux payé, a reçu 83 millions $ en 2007. Sa banque a évité l’effondrement le mois dernier en acceptant de se faire acheter par Bank of America. Le total des dévaluations de Merrill Lynch, de la mi-2007 jusqu’au troisième trimestre de 2008, se chiffre à près de 55 milliards $, ou 254 pour cent des profits de la banque de 2004 jusqu’à la deuxième moitié de 2007.
Lloyd Blankfein, le directeur général de Goldman Sachs (anciennement dirigé par le secrétaire au Trésor Henry Paulson), a obtenu 68 millions $ en 2007.
John Mack, qui se trouve à la tête de Morgan Stanley, s’est vu récompensé de 41,8 millions $ l’an dernier et le total de ses actions dans Morgan Stanley s’élevait à 220 millions $ en 2007. Morgan Stanley a dû rayer de son bilan environ 15 milliards $ de mauvais actifs, soit 70 pour cent de ses profits générés durant le boum.
Le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a reçu, selon le magazine Forbes, 27 797 000 $ en 2008. Sa banque a rayé de son bilan 23 milliards de dollars dans les 20 derniers mois.
Au sommet du boum sur les profits en décembre 2006, Wall Street a accordé des bonus de Noël totalisant plus de 100 milliards $. Cette somme était plus du double du budget annuel du département du Logement et du Développement urbain et près du double du budget du département de l’Education. C’était cinq fois plus que ce que Washington avait dépensé en aide étrangère à toute la planète et deux fois plus que le budget de la ville de New York, qui employait 250 000 personnes.
Le sauvetage de Wall Street offre une leçon importante sur la nature des relations de classe aux Etats-Unis. Il a exposé la soumission de l’Etat, derrière les apparences de la démocratie, envers l’aristocratie financière.
Paulson a dû supplier les PDG des principales institutions financières pour qu’ils acceptent son plan d’injecter 250 milliards de dollars en fonds publics aux banques, 125 milliards $ allant aux neuf plus grandes firmes, par le rachat d’actions par le gouvernement. Ils n’ont donné leur accord seulement après qu’il ait présenté les clauses de sa proposition et qu’il soit devenu clair combien elles étaient favorables, comme l’a dit le Times : « plus favorable que ce qu’ils auraient obtenu sur le marché ».
En effet, les frais qui seront imposés aux banques seront réduits, il n’y aura pas de limites sur les salaires des directeurs et le gouvernement n’exercera aucun contrôle sur leurs opérations. Il n’y a même pas de condition qui exigerait que les banques utilisent l’argent des contribuables pour faire crédit à d’autres banques, à des entreprises ou à des particuliers.
« Le gouvernement », écrit le Times, « n’offre aucune clause écrite sur la façon ou le moment où les banques doivent utiliser l’argent. » Le journal cite John C. Dugan, le contrôleur des finances, affirmant qu’il « n’examinerait pas comment les banques utilisent l’argent ».
Elles peuvent l’utiliser pour acquérir des compétiteurs plus faibles, ou simplement l’accumuler.
Malgré que Paulson ait demandé publiquement lundi que les banques utilisent l’argent du gouvernement pour recommencer à prêter, les banquiers ne s’engagent aucunement à le faire. Thain, de Merrill Lynch, a dit jeudi : « Nous aurons l’opportunité de remettre en circulation cet argent. Mais, au moins pour le prochain trimestre, ce sera seulement un coussin. »
Roger Freeman, un analyste chez Barclays Capital, a déclaré : « Je crois que nous devrons attendre plusieurs trimestres, et non des mois, avant que l’on ne voit ce capital mis à contribution. »
Malgré cette carte blanche donnée aux banques, il fut jugé nécessaire de présenter George W. Bush en public vendredi afin de rassurer Wall Street qu’il n’y avait pas de conditions requises et aucune forme de nationalisation dans le plan de sauvetage. Parlant devant la Chambre de commerce américaine tôt vendredi matin (ses commentaires étaient synchronisés pour précéder l’ouverture des marchés financiers) Bush a vanté le « capitalisme démocratique » comme étant « le plus grand système jamais conçu ».
« Certains ont vu cette mesure temporaire comme un pas vers la nationalisation des banques », a-t-il dit. « Ce n’est tout simplement pas le cas. »
Pour écarter tous doutes, il a spécifié les points clés du plan : « Le gouvernement ne va pas exercer de contrôle sur une seule des firmes privées. Les responsables fédéraux n’auront pas un siège autour de la table de la salle de réunion locale de votre banque. Les actions détenues par le gouvernement auront un droit de vote qui pourra être utilisé seulement pour protéger les investissements des contribuables, et non pour diriger les opérations de la firme.
« L’intervention du gouvernement n’est pas une prise en charge par le gouvernement. Son but n’est pas d’affaiblir le libre marché ; c’est pour préserver le libre marché. »
Il ajouta : « Nous ne devons pas brouiller la ligne entre le gouvernement et le secteur privé. Nous ne devons pas supplanter l’objectif du profit par des objectifs politiques. »
Tous ceux présents ont compris que les « objectifs politiques » étaient un euphémisme pour l’empiètement sur le profit et la richesse de l’élite financière pour faire face à la crise sociale à laquelle est confrontée la classe ouvrière.
(Article original anglais paru le 18 octobre 2008)
France : 360 milliards d’euros pour renflouer les banques
Lundi, octobre 20th, 2008
France : 360 milliards d’euros pour renflouer les banques
© WSWS
L’Assemblée nationale a adopté, par une majorité de 224 voix contre 23, sans grand débat, le plan gouvernemental de sauvetage des banques de 360 milliards d’euros, ce qui signifie un transfert massif de fonds publics vers l’élite financière. Ceci fait partie d’une action coordonnée des gouvernements de l’eurozone (les 15 pays dont la monnaie est l’euro) et de la Grande-Bretagne, d’une valeur de 2,7 billions d’euros. Le gouvernement UMP au pouvoir (Union pour un mouvement populaire) a été soutenu par le Nouveau Centre et le MoDem (Mouvement démocratique de François Bayrou). Le Parti socialiste (PS) et les Verts se sont abstenus et le Parti communiste (PCF) a voté contre.
Quarante milliards d’euros sont réservés à la recapitalisation des banques en difficulté par l’achat de leurs actions et de leurs avoirs. Les 320 milliards restants sont une promesse de garantie sur les prêts interbancaires. La ministre des Finances Christine Lagarde a déclaré que ce plan n’affecterait pas le budget. Ceci implique de lourds emprunts, l’augmentation de la dette publique déjà énorme qui, actuellement au-dessus de 65 pour cent du PIB, dépasse largement la limite de 60 pour cent imposée par le pacte de stabilité de l’Union européenne.
La vitesse à laquelle le gouvernement a trouvé cet argent pour les banques, par rapport à la manière dont il traîne les pieds pour financer les besoins sociaux essentiels, n’est pas passée inaperçue dans la population qui compte déjà sept millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Les retraités ont manifesté dans 80 villes de par la France jeudi dernier contre la baisse de leur pouvoir d’achat et les sommes scandaleuses mises à la disposition des banques. Les retraites ont augmenté cette année de moins de deux pour cent alors que l’inflation à la fin du mois d’août était de 3,2 pour cent.
Les déficits de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie pour 2008 s’élèvent à respectivement 9 et 4,1 milliards d’euros. Le gouvernement s’est servi de ces chiffres, infimes par rapport aux 360 milliards d’euros accordés aux banques, pour justifier ses attaques sur la santé et les services sociaux.
Laurence Parisot, dirigeante de la principale association de patrons Medef (Mouvement des entreprises de France) a loué ce plan comme « le meilleur possible pour la situation actuelle ». Elle a ensuite insisté pour dire qu’elle attend du gouvernement qu’il poursuive ses mesures d’austérité et qu’elle demanderait au premier ministre de « retirer de son projet de budget 2009 la prime transport », qui doit être en partie financée par les entreprises et qui est censée amoindrir l’augmentation du coût des transports pour les travailleurs se rendant sur leur lieu de travail.
La commission des finances du Parti socialiste qui s’était réunie avant le débat parlementaire sur le plan de sauvetage, avait recommandé unanimement de voter en faveur du plan gouvernemental. Plus tard dans la journée, quand la réunion de l’ensemble du groupe parlementaire PS a décidé de s’abstenir, le premier secrétaire du PS François Hollande a expliqué, « Pas question de s’opposer à un plan qui permet au niveau européen de sortir des premières tourmentes de la crise financière. Pas question non plus d’approuver la politique de Nicolas Sarkozy au plan économique, car c’est elle aussi qui est responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons. »
Le PS est fondamentalement d’accord avec la politique économique du gouvernement. Une explication plus plausible pour cette abstention est la nécessité pour le PS de maintenir un semblant d’indépendance par rapport à Sarkozy. Le porte-parole du PS Julien Dray a dit, « Voter pour pourrait donner le sentiment du “prélude” à un gouvernement d’union nationale. »
Le PCF, partenaire cadet du PS depuis des décennies, au gouvernement comme en dehors, et à présent en alliance électorale avec le PS et les Verts pour les élections européennes de 2009, y est allé de sa rhétorique anticapitaliste, faisant remarquer correctement que le plan du gouvernement représente « une prime à tous les prédateurs ». Mais cette opposition en paroles est démentie par le soutien accordé par le PCF à la CGT (Confédération générale du travail, proche du PCF) qui collabore régulièrement avec le président Sarkozy depuis son élection en mai 2007, notamment pour le démantèlement des régimes spéciaux de retraite des cheminots et agents d’EDF et GDF (Electricité et Gaz de France) ainsi que pour la déréglementation du temps de travail.
L’assurance donnée par le gouvernement que les banques françaises n’étaient pas gravement touchées par la crise du crédit a été quelque peu écornée lorsque la banque franco-belge Dexia, qui s’occupe des finances des collectivités territoriales en Belgique et en France, a dû être renflouée à hauteur de 6,4 milliards d’euros, à raison de 3 milliards par gouvernement. Ses actions chutent depuis et des doutes subsistent quant à sa solvabilité.
Il y a aussi des preuves solides qu’une des plus vieilles institutions bancaires pour petits épargnants et pour prêts hypothécaires, la CNCE (la Caisse nationale des caisses d’épargne) fondée il y a 190 ans et connue sous le nom de l’Ecureuil a une crise de liquidités. L’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné rapporte dans son numéro du 1er octobre que du fait de l’implication d’une filiale Natixis dans le marché américain des subprimes, « La CNCE doit trouver 6,5 milliards d’euros… Avec un tel gouffre à combler, la Caisse va devenir le champion de France des dépréciations d’actifs, devant le Crédit agricole (près de 6 milliards). »
Au début de l’année, pour ramener ses propres capitaux au minimum légal, la CNCE avait dû « siphonner 3,2 milliards dans les coffres de ses 17 caisses régionales… et certaines n’ont plus guère de réserves ».
Le Canard cite un financier : « Il y a un consensus des banquiers et du gouvernement pour ne rien dire sur la situation de l’Ecureuil et éviter de déclencher la panique. »
Une perte supplémentaire de 600 millions d’euros, due à des opérations spéculatives vient tout juste d’être révélée. L’annonce faite par Fillon de l’intention du gouvernement de puiser dans les fonds du produit d’épargne qu’est le Livret A a aussi provoqué une levée de boucliers et contribué à alimenter le sentiment d’insécurité ressenti par des millions de familles à faibles et moyens revenus qui comptent sur le livret A.
Les trois principales banques françaises, le Crédit agricole, la Société générale et BNP Paribas ont nié avoir besoin d’avoir recours aux fonds publics avancés par l’Etat. Néanmoins, on a une tout autre vision des choses si l’on considère l’échange suivant qui a eu lieu lors des discussions enregistrées sur le site de l’Assemblée nationale.
Pressé par Lionel Tardy, député apparenté à l’UMP, de révéler le montant du crédit toxique dans le système bancaire français, Georges Pauget, président du Crédit agricole, a répondu, « Pour ce qui concerne le système bancaire français, je ne peux pas vous faire une réponse globale actualisée… Seule la Commission bancaire a les chiffres détaillés… Je n’ai pas les chiffres en tête, mais l’information est disponible, et elle a été certifiée. »
Tardy a alors suggéré : « Donc, même en France, on ne sait pas. » Pauget a répliqué : « Si, mais les chiffres sont dans les mains du gardien du Temple. »
Le Nouvel Observateur cite Fillon disant sur Radio RTL: « La crise financière n’est pas “derrière nous”. On n’est pas à l’abri d’un accident systémique, entraîné par le fait que certaines banques peuvent avoir des produits toxiques pour une part importante dans leur bilan, des banques françaises aussi… Il y a une telle imbrication dans le système. »
Il poursuit, « Pour le moment on nous fait des prévisions pour l’année 2009 qui sont de l’ordre de 0,2 pour cent ce qui est extrêmement faible. C’est une panne de croissance avec des conséquences sur l’emploi, des conséquences sur l’activité économique, sur le pouvoir d’achat. Mais si l’Amérique rentre en récession, c’est évidemment une très, très, très mauvaise nouvelle pour nous parce que ça veut dire que l’ensemble des pays développés vont connaître une année 2009 très, très difficile. »
Fillon s’y prépare. Il a dit avec insistance que « ce qui compte pour nous, c’est de tenir les dépenses… on sera intraitable sur les dépenses. »
Cela signifie que c’est la classe ouvrière qui devra endosser le fardeau de la crise et le gouvernement fait des préparatifs dans ce sens et demande le soutien des autres principaux partis. Le proche collaborateur de Sarkozy, Henri Guaino a insisté pour dire que « ce n’est pas le temps du débat… sur chaque décision prise », soulignant que le « pouvoir exécutif est en charge de prendre ses responsabilités. »
L’éditorial du 15 octobre des Echos se concentre sur les conséquences sociales de la crise. Le journal fait cette mise en garde : « Les effets sur le moral des Français, et du coup leur consommation, seront bien sûr inévitables… Selon les 150 DRH (directeurs des ressources humaines) interrogés, il convient de « prendre au sérieux la remontée de la conflictualité », de voir que l’exaspération est perceptible chez « toutes les catégories de salariés » et de ne pas oublier que la crise financière « va dramatiser le climat social ».
Il suggère que, de concert avec les patrons et les syndicats, il y ait des augmentations initiales des allocations chômage afin d’amortir le choc immédiat des licenciements, et que celles-ci soient ensuite progressivement diminuées afin de contraindre les travailleurs à accepter des emplois sous-payés et à temps partiel.
Le G7 et l’Eurogroupe acceptent d’injecter des milliards dans les banques
Lundi, octobre 20th, 2008
Le G7 et l’Eurogroupe acceptent d’injecter des milliards dans les banques
© WSWS
Deux sommets des principaux pays industrialisés ont décidé le week-end dernier de débloquer des sommes illimitées de fonds publics pour venir à la rescousse des banques et des marchés financiers défaillants.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie et du Japon (G7) se sont retrouvés vendredi soir à Washington pendant que se réunissaient dimanche à Paris les 15 chefs d’Etats et de gouvernements du Groupe Euro (les pays de l’Union européenne qui ont actuellement en partage l’euro comme monnaie unique) et la Grande-Bretagne.
Les réunions avaient été précédées par une semaine turbulente sur les grandes bourses des valeurs du monde qui ont perdu environ un cinquième de leurs valeurs de par le monde. L’indice Dow Jones des valeurs industrielles à la bourse de New York a chuté de plus de 18 pour cent entre le 6 et le 10 octobre, à Londres, l’indice FTSE 100 des valeurs britanniques a plongé de 21 pour cent, à Francfort, l’indice allemand DAX s’enfonçait de 21,56 pour cent et à Tokyo, le Nikkei de 24,3 pour cent. Au total, les marchés mondiaux ont connu au cours de ces quatre dernières semaines à l’élimination de valeurs équivalentes à 11 billions de dollars. Ce montant correspond littéralement au produit national brut des Etats-Unis ou de l’Union européenne.
Les gouvernements des pays les plus industrialisés ont réagi à la panique sur les marchés boursiers en accordant un blanc-seing pour se servir dans les caisses publiques à tous ceux qui sont responsables en premier lieu de l’effondrement.
Les ministres des Finances du G7 ont adopté à Washington un plan d’action en cinq points qui ne prévoit ni chiffres ni même des évaluations précises mais qui impliquera inévitablement des sommes d’argent colossales.
Premièrement, tous les gouvernements du G7 ont promis d’assurer qu’aucune banque n’irait dans le mur. Deuxièmement, ils veulent garantir que les institutions financières aient un accès suffisant aux liquidités et aux capitaux en prévoyant une garantie des prêts interbancaires à court terme. Troisièmement, ils veulent faire tout leur possible pour que les banques puissent lever suffisamment de capitaux au moyen de rachats d’actifs bancaires par les gouvernements. Quatrièmement, ils s’engagent à garantir les dépôts des clients des banques et, finalement, ils veulent simplifier les règles d’élaboration du bilan des banques pour garantir que les valeurs toxiques ne soient pas immédiatement dégagées du bilan des banques.
Le plan d’action en cinq points tient en une page. Les modalités d’application et le financement du plan seront laissés à la discrétion de chaque Etat. La préoccupation majeure du plan est de garantir que toute aide accordée par un Etat à ses institutions financières ne procure un avantage compétitif à ses concurrents.
Dimanche soir, les chefs d’Etat et de gouvernement du Groupe Euro ont repris les suggestions du G7 en s’accordant sur une « boîte à outils » pour soutenir les banques en Europe. Parmi les « outils » se trouvent un large accès aux liquidités, l’injection de capitaux et de nouvelles règles de bilan pour les banques. Une fois de plus, le choix, l’application et le financement de ces « outils » reviennent aux gouvernements nationaux. Le plan, de ce fait, ne prévoit aucune approche européenne commune ou de financement commun.
Le modèle de référence du plan du Groupe Euro a été le plan de sauvetage de 500 milliards de livres sterling (635 milliards d’euros) pour renflouer les banques britanniques et décidé la semaine passée par le gouvernement travailliste.
Lundi, le gouvernement allemand soumettait son propre plan de sauvetage de 480 milliards d’euros et qui devrait être rapidement adopté cette semaine par le parlement. Un montant de 400 milliards d’euros de cette somme est destiné à financer les prêts interbancaires et les 80 milliards d’euros restants à recapitaliser les banques.
La France projette de lancer son propre plan de sauvetage de 350 milliards d’euros, 320 milliards d’euros pour le refinancement de prêts non recouvrables et 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques. L’Espagne a l’intention de garantir les prêts interbancaires jusqu’à 100 milliards d’euros.
Ces sommes correspondent jusqu’au double du budget annuel national de ces pays et se traduisent, par tête d’habitant, à trois ou quatre fois plus que le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars adopté par le gouvernement américain.
Lundi, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une action concertée avec les banques centrales britannique et suisse selon laquelle elle mettrait à la disposition des banques d’affaires une quantité illimitée de dollars. Elle n’avait jusque-là distribué que des quantités limitées de dollars.
Un puits sans fond
Un aspect frappant et qui saute aux yeux concernant les plans de sauvetage conclus au cours du week-end est leur caractère de classe évident.
Au cours de ces trois dernières décennies, toute revendication en matière d’amélioration sociale a été rejetée catégoriquement avec l’argument que les caisses sont vides. Les impôts sur les hauts salaires et les grosses fortunes ont été baissés, les salaires diminués et les lois protégeant les droits des travailleurs toutes éliminées, selon l’argument habituel, que seul un bénéfice élevé pourrait générer la prospérité pour tous. Ces arguments ont été repris avec enthousiasme, mis en avant et appliqués par le Parti travailliste britannique, les sociaux-démocrates et les syndicats de par le monde.
Maintenant que l’orgie d’enrichissement et de spéculation a entraîné la plus grande crise du système capitaliste depuis 1929, on nous dit que les trésors publics peuvent dépenser sans limites. Des centaines de milliards sont versés pour compenser les pertes au jeu. Les millions et les milliards qui avaient été accumulés ces dernières décennies en raison de la spéculation et de taux d’impôts bas restent intouchés. Finalement, la facture sera payée par la population laborieuse sous forme d’autres coupes sociales, d’un accroissement du chômage et de l’inflation.
Les gouvernements ont littéralement remis les clés de leurs trésors publics aux banques. La redistribution massive des richesses de bas en haut au cours de ces trois dernières décennies se poursuivra et s’accélérera au cours de la crise financière actuelle.
En se portant garant qu’aucune banque majeure ne fera faillite, les gouvernements se sont publiquement constitués otages des plus puissants intérêts financiers. Les banquiers et les gouvernements officiels ont collaboré étroitement dans tous les comités formés dans le but de préparer et d’appliquer les plans de sauvetage.
Aux Etats-Unis, le Trésor est dirigé par Henry Paulson, l’ancien patron de Goldman Sachs, une banque qui a pu tirer profit de la crise. En Allemagne, le patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, a travaillé main dans la main avec les représentants du gouvernement.
Lundi, les marchés boursiers ont réagi positivement aux décisions prises ce week-end, en compensant en grande partie les pertes du vendredi (mais non celles faites tout au long de la semaine). A New York, le Dow Jones Industrial a bondi de 936 points pour célébrer le torrent d’argent qui est déversé sur les marchés financiers internationaux. Mais l’atmosphère générale est dominée de scepticisme.
Le Süddeutsche Zeitung a évalué de façon positive les décisions prises à Washington. Pour la première fois le G7 avait apporté « une réponse globale à une crise financière globale ». Mais, poursuit le journal, la faiblesse de l’accord est « tellement grave que le plan d’action du G7 pourrait entrer dans l’histoire comme le dernier sursaut de la communauté internationale contre l’implosion de leur système financier.
SpiegelOnline cite des experts financiers qui se réfèrent au krach de 1987 : « A cette époque, les indices de marché étaient tombés plus bas après chaque phase de reprise. »
Les gouvernements justifient leurs plans de soutien de plusieurs milliards d’euros par l’argument qu’ils ne sont qu’un moyen de restituer la confiance et le flux des capitaux entre les banques elles-mêmes sans lesquels l’économie entière viendrait à s’arrêter. Selon cette ligne de pensée, la présente crise est simplement une crise de liquidités et de confiance qui se dissipera aussitôt que la circulation de l’argent sera rétablie.
En réalité, nous assistons à l’éclatement d’une gigantesque bulle spéculative qui peut rapidement mener à une spirale inflationniste dans des conditions où d’immenses sommes d’argent nouveau sont injectées dans le système financier par les gouvernements et les banques centrales.
Au cours de ces derniers jours et semaines, il est devenu de plus en plus évident que même les banques n’ont aucune idée du niveau d’actifs toxiques qu’elles détiennent. La valeur totale des produits dérivés actuellement en circulation a été évaluée à 516 billions de dollars. Le marché des dérivés de crédit a cependant un volume de 56 billions de dollars. Et il ne s’agit là que de valeurs papier, des paris sur de futurs développements, susceptibles d’engendrer des pertes et dormant dans les bilans des banques.
Le G7 et les gouvernements européens déploient beaucoup d’efforts pour promouvoir la confiance et le calme. Ils présentent le plan de sauvetage préparé durant le week-end comme la preuve qu’ils maîtrisent la situation. En fait, ces plans sont l’expression d’une panique grandissante. Ce qui est affiché en public comme « une réponse globale à une crise globale » est en réalité l’expression d’un conflit croissant entre les nations individuelles.
Depuis que le gouvernement américain a commencé à soutenir ses banques au moyen de centaines de milliards de dollars en argent des contribuables, d’autres pays craignent des désavantages compétitifs s’ils n’adoptent pas des mesures identiques. Dans la panique générale, une banque bénéficiant du soutien d’un gouvernement financièrement solide a plus de facilités à trouver de nouveaux investisseurs qu’une banque qui n’a pas ce soutien. Les gouvernements, par conséquent, multiplient les engagements financiers qu’ils ne seront jamais en mesure de tenir. Ce sont avant tout les pays plus petits et économiquement plus faibles qui seront les perdants.
De plus, la crise financière se transmet à présent rapidement à l’économie réelle. Le journal Die Zeit prévient : « Le prochain tsunami de l’économie réelle arrive déjà. » Ceci intensifiera les frictions et les conflits entre les nations industrielles les plus puissantes.
Dans le quotidien Süddeutsche Zeitung, Stefan Kornelius aperçoit déjà une crise de l’ensemble de l’ordre mondial et écrit : « La sous-estimation des Etats-Unis a développé toute sa dynamique dans le vacuum de la période pré-électorale… L’Europe, qui s’efforce déjà politiquement de se déconnecter, est aux prises avec ses propres liens. L’idée directrice de l’occident s’estompe, de nouveaux acteurs attendent dans les coulisses. La crise financière se transforme en une crise de l’ordre mondial, c’est ce dont témoignent les efforts dans l’organisation panique des conférences de Washington et de Paris. »
De telles crises, le remplacement des vieilles constellations de pouvoir par de nouvelles, n’ont jamais eu lieu pacifiquement dans l’histoire. L’actuelle crise financière est une expression et la conséquence d’une profonde crise de l’ordre capitaliste tout entier.
(Article original paru le 14 octobre 2008)
Bank of China entre dans le capital de Rothschild
Dimanche, octobre 19th, 2008
Bank of China entre dans le capital de Rothschild
Bank of China, l’une des quatre grandes banques chinoises, a pris 20% dans le capital de la Compagnie financière Edmond de Rothschild pour un montant de 236 millions d’euros, a annoncé jeudi l’établissement français.
Il s’agit du « premier accord capitalistique conclu entre une grande banque chinoise et une banque de l’Eurozone », a déclaré jeudi Michel Cicurel, le président du directoire de La compagnie financière de Rothschild (LCFR), lors d’une conférence de presse.
Spécialisée dans la gestion de fortune et la gestion d’actifs, la banque française reste contrôlée par une société holdi
La crise financière sera pire en 2009 et affectera tous les pays, selon Dominique Strauss-KahLa crise financière sera pire en 2009 et affectera tous les pays, selon Dominique Strauss-Kahn
SAN JOSE — La crise financière est “mondialisée”, et aucun pays n’échappera à ses effets qui seront pires en 2009 que cette année, a déclaré jeudi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, en visite au Costa Rica.
“2008 fut une année difficile pour l’économie mondiale, mais en aucun cas nous ne pouvons espérer que 2009 soit meilleure”, a déclaré le patron du FMI lors d’une conférence de presse conjointe avec le président hôte Oscar Arias.
“Cela est vrai de partout, pour le monde entier, aux Etats Unis, en Europe, le FMI prévoit une croissance négative l’an prochain”, a souligné M. Strauss-Kahn, à l’occasion d’une tournée en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
M. Strauss-Kahn a précisé que sa tournée avait pour objectif d’analyser avec les différents pays de la région les mesures possibles pour affronter la crise, et leur offrir un appui financier le cas échéant.
Le directeur de l’institution financière internationale a salué la gestion macro-économique du Costa Rica, dont les autorités ont nié que la visite de M. Strauss-Kahn était liée à une demande de crédit au FMI pour couvrir le déficit de compte courant.
Arrivé à San José après une visite en Jamaïque, M. Strauss-Kahn y avait recommandé mercredi le recours à des plans de réactivation économique plutôt qu’à des réductions supplémentaires des taux d’intérêt, pour faire face à la crise financière.
“Les pays aux situations présumément plus solides, celles qui ont des capacité de financer de nouveaux efforts présumés, et ceux qui ont un niveau de dette clairement supportable sur le long terme doivent être en première ligne pour soutenir la demande mondiale”, avait-il en outre déclaré à Kingston, la capitale jamaïcaine.
La fin de fight club
Mercredi, décembre 3rd, 2008Discipline, intentions, organisations
Sarkozy: la crise économique mondiale, une occasion de “changer le monde”
Mercredi, décembre 3rd, 2008Qatar: Sarkozy: la crise économique mondiale, une occasion de “changer le monde”
© AP
Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que la crise économique mondiale était une occasion de “changer le monde” et d’aider les pays en développement à sortir de la pauvreté, samedi lors de la conférence de Doha au Qatar.
M. Sarkozy s’exprimait à l’occasion de la conférence internationale des Nations unies sur le financement du développement, réunissant les représentants des 20 pays les plus riches du monde.
Cette conférence a pour objectif d’obtenir des engagements de la part des nations riches, pour injecter des milliards de dollars en direction des pays en développement.
Le monde ne peut pas continuer à faire des affaires “comme d’habitude”, a déclaré le président français, tout en invitant à la recherche de solutions face à une “crise financière sans précédent”. AP
Documentaire : L’argent, source des conflits
Mardi, novembre 25th, 2008Documentaire : L’argent, source des confltits
La Grande Dépression du 21ème siècle : l’effondrement de l’économie réelle
Mardi, novembre 25th, 2008La Grande Dépression du 21ème siècle : l’effondrement de l’économie réelle
La crise financière s’aggrave au risque de perturber gravement le système international de paiements.
Cette crise est bien plus grave que la Grande Dépression. Tous les grands secteurs de l’économie mondiale sont touchés. De récents rapports suggèrent que le système des lettres de crédit, ainsi que le transport maritime international, qui constituent la bouée de sauvetage du système commercial international, sont potentiellement en danger.
Le « plan de sauvetage » bancaire, envisagé dans le cadre du fameux Troubled Asset Relief Program (TARP), n’est pas une « solution » à la crise, mais la « cause » de plus de débâcle.
Le « plan de sauvetage » contribue au processus de déstabilisation de l’architecture financière. Il transfère de grandes quantités d’argent public entre des mains de financiers privés au détriment du contribuable. Il conduit au dérapage de la dette publique et à une centralisation du pouvoir bancaire sans précédent. Qui plus est, l’argent du renflouage est utilisé par les géants financiers pour garantir leurs acquisitions d’entreprise à la fois dans le secteur financier et dans l’économie réelle.
En revanche, cette concentration sans précédent de puissance financière accule à la banqueroute des secteurs entiers de l’industrie et de l’économie des services, provoquant la mise au chômage de dizaines de milliers d’employés.
Les hautes sphères de Wall Street éclipsent l’économie réelle. De grandes quantités d’argent, accumulées par une poignée de conglomérats de Wall Street et leurs associés des fonds spéculatifs (hedge funds), sont réinvesties dans l’achat de biens réels.
La richesse sous forme d’argent se transforme en possession et contrôle des moyens de production réels, que sont notamment l’industrie, les services, les ressources naturelles, les infrastructures, etc.
L’effondrement de la demande de biens de consommation
L’économie réelle est en crise. L’augmentation du taux de chômage qui en résulte est propice à la baisse des dépenses de consommation, qui se répercute à son tour sur le niveau de la production des biens et services.
Aggravée par la politique macro-économique néolibérale, cette spirale descendante cumulative aboutit à une offre excédentaire de marchandises.
Les entreprises ne peuvent vendre leurs produits puisque leurs employés ont été mis au chômage. Les consommateurs, à savoir les travailleurs, ont été privés du pouvoir d’achat nécessaire au maintien de la croissance économique. Avec leurs maigres revenus, ils ne peuvent se permettre d’acheter les biens produits.
La surproduction entraîne une série de faillites
Les listes de biens invendus s’accumulent. Tôt ou tard, la production s’écroule ; l’offre de marchandises diminue à cause de la fermeture des installations de production, notamment des usines de fabrication et de montage.
Dans ce processus de fermeture d’usines, toujours plus de travailleurs deviennent des chômeurs. Des milliers d’entreprises en faillite sont chassées du paysage économique, entraînant la chute de la production.
La pauvreté généralisée et le déclin mondial du niveau de vie résultent des bas salaires et du chômage généralisé. C’est le fruit d’une économie mondiale de main-d’œuvre bon marché, largement caractérisée par les usines d’assemblage à faible salaire dans les pays du tiers-monde.
La crise actuelle étend les contours géographiques de l’économie de main-d’œuvre bon marché, provoquant l’appauvrissement de grands pans de population (dont la classe moyenne) dans pays soi-disant développés.
Aux États-Unis, au Canada et en Europe de l’Ouest, le secteur industriel entier est potentiellement en danger.
Nous avons affaire à un long processus de restructuration économique et financière. Dans sa phase initiale, débutant dans les années 1980, à l’ère Reagan-Thatcher, des entreprises locales et régionales, des exploitations agricoles familiales et de petites entreprises ont été déplacées et détruites. En retour, le boom des fusions et des acquisitions dans les années 1990 a conduit à la consolidation simultanée de grandes entités corporatives, à la fois dans l’économie réelle et dans les services bancaires et financiers.
Toutefois, dans les récents développements, la concentration du pouvoir bancaire se fait au détriment des grandes entreprises.
Ce qui diffère dans cette phase particulière de la crise, c’est non seulement la capacité des géants financiers (grâce à leur contrôle décisif sur le crédit) à créer le chaos dans la production de biens et de services, mais aussi à saper et à détruire les grandes sociétés de l’économie réelle.
Les faillites surviennent dans tous les principaux secteurs d’activité : fabrication, télécommunications, vente au détail, centres commerciaux, compagnies aériennes, hôtels et tourisme, sans parler de l’immobilier et de la construction, et des victimes de la débâcle du prêt hypothécaire à risque (subprime).
General Motors a confirmé qu’« il pourrait être à cours de liquidité d’ici quelques mois, ce qui provoquerait l’un des plus grands dépôts de bilan de l’histoire étasunienne. » (USNews.com, 11 novembre 2008.) En retour, cela pourrait se répercuter sur une série d’industries connexes. L’évaluation des pertes d’emplois dans l’industrie automobile des États-Unis va de 30.000 à plus que 100.000. (Ibid).

Chute du cours de l’action General Motors
Aux États-Unis, les commerces de vente au détail sont en difficulté : le prix des actions des grandes chaînes de magasins JC Penney et Nordstrom s’est effondré. Circuit City Stores Inc a fait une demande de protection contre la faillite en vertu du Chapitre 11. Les actions de Best Buy, la chaîne de détaillants en électronique, ont plongé.

À la suite de l’effondrement de leurs valeurs boursières, la SA Vodafone Group, la plus grande société de téléphonie mobile, sans mentionner la SA InterContinental Hotels, sont en difficulté. (AP, 12 novembre 2008). Aux quatre coins du monde, plus de deux douzaines de compagnies aériennes ont sombré en 2008, s’ajoutant à une série de faillites de compagnies aériennes durant ces cinq dernières années. (Aviation and Aerospace News, 30 octobre 2008). Stirling, la deuxième compagnie aérienne commerciale du Danemark, s’est déclarée en faillite. Aux États-Unis, un nombre croissant de sociétés immobilières ont déjà déposé une demande de protection contre la faillite.

Vodophone. Chute du cours de l’action

InterContinental Hotels SA
Dans les deux derniers mois, de nombreuses fermetures d’usines aux Etats-Unis ont entraîné le congédiement définitif de dizaines de milliers d’employés. Ces fermetures touchent plusieurs domaines clés de l’activité économique, notamment les industries pharmaceutique et chimique, l’industrie automobile et ses secteurs connexes, l’économie des services, etc
Dans les usines, les commandes ont diminué de façon draconnienne. Une étude de l’entreprise Autodata a signalé en octobre que « la vente de voitures et camionnettes avait chuté de 27 pour cent en septembre par rapport à l’an dernier. » (Washington Post, 3 octobre 2008)
Le chômage
Selon le US Bureau of Labor Statistics, 240 000 emplois supplémentaires ont été perdus seulement au cours du mois d’octobre :
« Le US Bureau of Labor Statistics du ministère du Travail étasunien a annoncé aujourd’hui que le nombre d’emplois salariés non agricoles a chuté de 240 000 en octobre, le taux de chômage passant de 6,1 à 6,5 pour cent. Tel que cela a été revu et corrigé, ces pertes d’emploi salarial en octobre suivaient celles d’août et septembre, soit 127 000 et 284 000. L’embauche(à vérifier) a baissé de 1,2 millions dans les 10 premiers mois de 2008, plus de la moitié de la baisse s’étant produite au cours des 3 derniers mois. En octobre, les pertes d’emplois se poursuivent dans l’industrie manufacturière, la construction, et chez plusieurs prestataires de services.
Parmi les chômeurs, le nombre de personnes ayant perdu leur emploi et ne s’attendant pas être rappelées au travail, est passé de 615 000 à 4,4 millions en octobre. Au cours des 12 derniers mois, la taille de ce groupe a augmenté de 1,7 millions. » (Bureau of Labor Statistics, novembre 2008)
Les données officielles ne décrivent ni la gravité de la crise ni ses effets dévastateurs sur le marché du travail, puisque beaucoup de pertes d’emplois ne sont pas signalées.
La situation dans l’Union Européenne est tout aussi inquiétante. Un récent rapport britannique indique la probabilité d’un chômage généralisé accablant dans le Nord-Est de l’Angleterre. En Allemagne, un rapport publié en octobre, suggère que 10 à 15 % de tous les emplois du pays dans l’automobile pourraient être perdus.
Des suppressions d’emplois ont aussi été annoncées dans les usines de General Motors et de Renault-Nissan en Espagne. La vente de voitures neuves en Espagne a chuté de 40 pour cent en octobre par rapport aux ventes du même mois l’an dernier.

Faillites et saisies : Une opération de pêche aux capitaux des géants de la finance
l y a parmi les entreprises au bord de la faillite des affaires extrêmement rentables et lucratives. Question importante : qui prend le contrôle des droits de propriété des grandes corporations industrielles en faillite ?
Les faillites et les saisies hypothécaires sont des opérations de pêche aux capitaux. Avec l’effondrement des valeurs boursières, le prix de l’action des sociétés cotées subit une importante chute, qui affecte immédiatement la solvabilité et la capacité de ces sociétés à emprunter et/ou à renégocier leur dette (qui se base sur la valeur cotée de leurs actifs).
Les spéculateurs institutionnels, fonds spéculatifs (hedge funds) et autres, ont tiré profit de butins inattendus.
Ils provoquent l’effondrement des sociétés cotées grâce à la vente à découvert et autres opérations spéculatives. Ils profitent ensuite de leurs gains de la spéculation à grande échelle.
Selon un rapport publié dans le Financial Times, il est évident que l’effondrement de l’industrie automobile des États-Unis est en partie le résultat de la manipulation : « General Motors et Ford ont perdu 31 pour cent, à 3,01 dollars, et 10,9 pour cent, à 1,80 dollars, malgré l’espoir en un possible sauvetage de l’industrie au bord de la ruine par Washington. La chute est survenue après que la Deutsche Bank ait fixé un prix cible de zéro pour GM. » (Financial Times, 4 novembre 2008)
Les financiers se livrent à une débauche de magasinage. Les 400 milliardaires étasuniens de Forbes attendent dans les limbes.
Dès qu’ils auront consolidé leur position dans le secteur bancaire, les géants financiers, incluant JP Morgan Chase, Bank of America, et autres, utiliseront leurs gains inattendus et l’argent du plan de sauvetage qui leur est fourni dans le cadre du TARP, pour étendre leur contrôle sur l’économie réelle.
La prochaine étape consiste à transformer les actifs liquides, à savoir la richesse en papier monnaie, en acquisitions dans l’économie réelle.
À cet égard, Berkshire Hathaway Inc de Warren Buffett est l’un des principaux actionnaires de General Motors. Plus récemment, à la suite de l’effondrement des valeurs boursières en octobre et novembre, Buffett a renforcé sa participation dans le producteur de pétrole ConocoPhillips, sans mentionner Eaton Corp, dont le prix à la Bourse de New York a chuté de 62% par rapport à son pic en décembre 2007 (Bloomberg).
Les cibles de ces acquisitions sont les nombreuses industries très productives et les entreprises du secteur des services, qui sont au bord de la faillite et/ou dont la valeur boursière s’est effondrée.
Les gestionnaires de portefeuille ramassent les morceaux.
Propriété de l’économie réelle
À la suite de ces développements, qui sont directement liés à la crise financière, l’ensemble de la structure de propriété d’actifs de l’économie réelle est en effervescence.
La richesse en papier-monnaie accumulée par les délits d’initiés et les manipulations boursières sert à prendre le contrôle d’actifs économiques réels, en déplaçant les structures de propriété préexistantes.
Nous faisons face à une relation malsaine entre l’économie réelle et le secteur financier. Les conglomérats financiers ne produisent pas de marchandises. Ils font essentiellement de l’argent grâce aux transactions financières. Ils utilisent le produit de ces transactions pour prendre le contrôle des véritables sociétés de l’économie réelle, qui produisent des biens et des services pour la consommation des ménages.
Dans une tournure amère, les nouveaux propriétaires de l’industrie sont des spéculateurs institutionnels et des manipulateurs financiers. Ils deviennent les nouveaux capitaines de l’industrie, non seulement en déplaçant les structures de propriété préexistante, mais aussi en installant leurs copains dans les fauteuils des gestionnaires des entreprises.
Pas de réforme possible dans le cadre du consensus Washington-Wall Street
Le sommet financier du G-20 à Washington le 16 novembre confirme le consensus Washington-Wall Street.
Bien que présentant officiellement un projet de restauration de la stabilité financière, dans la pratique l’hégémonie de Wall Street reste intacte. La tendance va vers un système monétaire unipolaire dominé par les États-Unis et soutenu par leur supériorité militaire.
Les artisans du désastre financier, grâce à la Gramm-Leach-Bliley Financial Services Modernization Act (FSMA) de 1999, ont été investis de la tâche d’apaiser la crise qu’ils ont eux-mêmes créée. Ils sont à l’origine de la débâcle financière.
Le sommet financier du G20 ne remet pas en question la légitimité des fonds spéculatifs et des divers instruments du négoce des dérivés. Le communiqué final comporte un engagement imprécis et vague « pour mieux réglementer les fonds spéculatifs et créer davantage de transparence dans les titres adossés à des créances hypothécaires, dans le but de stopper la glissade économique mondiale. »
La solution à cette crise peut venir uniquement d’un processus de « désarmement financier, » qui remette vigoureusement en question l’hégémonie des institutions financières de Wall Street, notamment leur contrôle sur la politique monétaire. Le « désarmement financier » nécessiterait aussi le gel des instruments du commerce spéculatif, le démantèlement des fonds spéculatifs et la démocratisation de la politique monétaire. L’expression « désarmement financier » a été inventée à l’origine par John Maynard Keynes dans les années 40.
Obama approuve la déréglementation financière
Barack Obama a adopté le consensus de Washington-Wall Street. Dans une tournure amère, l’ancien député Jim Leach, un républicain qui parrainait la FSMA en 1999 à la Chambre des représentants, conseille maintenant Obama sur l’élaboration d’une solution opportune à la crise.

Jim Leach, Madeleine Albright et l’ancien ministre des Finances Larry Summers, qui a aussi joué un rôle clef dans l’adoption de la FSMA, étaient présents le 15 novembre au sommet financier du G-20 en tant qu’équipe consultative du Président élu Barack Obama :
« Barack Obama et Joe Biden, le Président et le Vice President élus, ont annoncé que l’ancienne secrétaire d’État, Madeleine Albright, et l’ancien député républicain Jim Leach, seront disponible pour rencontrer en leur nom les délégations du G-20 lors de la réunion du sommet. Leach et Albright tiennent ces réunions non officielles pour obtenir la contribution des délégations en visite au nom du président et du vice president élus. »
(mlive.com, 15 novembre 2008)
Article original en anglais, The Great Depression of the 21st Century: Collapse of the Real Economy, publié le 15 novembre 2008.
Traduit par Pétrus Lombard. Révisé par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
Sarkozy et Barroso propose une nouvelle gouvernance mondiale économique / gouvernement économique européen
Mercredi, novembre 12th, 2008Sarkozy et Barroso propose une nouvelle gouvernance mondiale économique
Crise: Brown pour un nouvel ordre mondial
Lundi, novembre 10th, 2008Crise: Brown pour un nouvel ordre mondial
© Le JDD
La crise financière internationale a offert aux dirigeants du monde une occasion unique de créer une société vraiment internationale, devrait déclarer lundi le Premier ministre britannique Gordon Brown, lors d’un discours de politique étrangère. A l’occasion de son allocution annuelle dans le cadre du banquet traditionnel du maire de Londres, Brown devrait également déclaré que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Europe ont un rôle clé à jouer dans la définition d’un nouvel ordre mondial. “L’alliance entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis - et plus largement entre l’Europe et les Etats-Unis - peut et doit nous permettre de diriger, non pas pour établir nous-mêmes des règles, mais pour conduire l’effort international visant à construire un ordre mondial plus fort et plus juste”, pouvait-on lire dans un extrait du discours.
La Chine annonce un plan de relance, le G20 discute de la réforme du système financier
Dimanche, novembre 9th, 2008La Chine annonce un plan de relance, le G20 discute de la réforme du système financier
© AFP
La Chine a annoncé dimanche un plan de relance de son économie, menacée de ralentissement par la crise mondiale, parallèlement à la poursuite des discussions entre pays émergents et développés à Sao Paulo sur la réforme du système financier international.
Pékin a annoncé un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) jusqu’à la fin 2010, visant à stimuler la demande intérieure pour parer au ralentissement de sa croissance et à la stagnation de ses exportations –principal moteur de son économie– provoqués par la crise financière mondiale.
De leur côté les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays avancés et émergents du G20 menaient au Brésil des discussions, qualifiées samedi de “très productives” par les Etats-Unis, pour apporter une réponse collective à la tourmente financière mondiale.
“Il s’agit d’une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C’est le moment de formuler des propositions pour un véritable changement dans l’architecture financière mondiale”, avait déclaré samedi le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, réclamant un rôle accru pour les pays émergents dans la gouvernance économique mondiale.
Le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), l’Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie).
Le président de la Banque mondiale (BM) Robert Zoellick avait estimé samedi que le G20 se rapprochait d’un consensus sur la nécessité de réformer le système financier alors que les économies entrent dans “une zone de danger”.
Il avait également jugé nécessaire “que d’importants pays en développement comme le Brésil puissent faire entendre leur voix”. Les pays émergents, notamment les géants de l’exportation, veulent peser davantage sur la conduite des affaires du monde.
La réunion de Sao Paulo est destinée à préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 le 15 novembre à Washington qui doit jeter les bases d’une réforme du système financier international afin d’empêcher les crises à répétition.
Une préoccupation présente dans toutes les instances. Au cours d’une réunion à Dubaï du Forum économique mondial (WEF), les participants ont estimé que “la crise actuelle avait signifié l’échec de la gouvernance des entreprises”, notamment “l’échec à tous les niveaux du système de calcul des risques”.
Pour ces experts, la crise financière mondiale a transformé les gouvernements “en acteurs de premier plan du système financier”.
Illustration du poids croissant des pays émergents riches en liquidités, l’Islande, en plein naufrage financier, a demandé l’aide de la Chine, après avoir négocié le mois dernier avec la Russie.
“J’ai écrit au Premier ministre chinois, mais nous n’avons pas encore reçu de réponse”, a annoncé samedi le Premier ministre islandais Geir Haarde, précisant qu’il n’avait pas demandé de montant particulier.
La couronne islandaise a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de l’année et les trois plus grandes banques ont été nationalisées début octobre.
La semaine à venir ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices pour les marchés financiers, même si Wall Street pourrait s’accorder une pause, après des semaines de convulsions et l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche.
“Les investisseurs pourraient en profiter pour prendre un peu de recul et juger des dégâts des dernières semaines”, selon Gina Martin de Wachovia Securities.
Cependant, les responsables démocrates au Congrès américain se mobilisent pour sauver le secteur automobile aux Etats-Unis, où les ventes d’automobiles ont plongé de près de 32% en octobre et où les géants de Detroit, General Motors et Ford, sont menacés de faillite l’an prochain.
Ils ont écrit samedi au secrétaire au Trésor Henry Paulson pour qu’il utilise le plan d’aide de 700 milliards de dollars au système financier adopté en octobre afin d’apporter “une assistance temporaire à l’industrie automobile”.
En Europe, les investisseurs suivront tout particulièrement la publication jeudi du chiffre de l’évolution du PIB allemand au troisième trimestre, qui risque de confirmer l’entrée en récession de l’Allemagne.
Une nouvelle rafale de résultats financiers attendus la semaine prochaine permettront aux marchés de prendre le pouls des entreprises.
La banque HSBC, les opérateurs de télécommunications Vodafone et BT à Londres, le bancassureur allemand Allianz et ses compatriotes Deutsche Post et Siemens, ou encore les français Vivendi, Veolia Environnement, Vallourec, GDF Suez, Bouygues doivent notamment dévoiler leurs perspectives.
Dans le Golfe, où les marchés boursiers étaient ouverts dimanche, seule la place saoudienne a terminé sur une hausse de 1,82%. Les autres Bourses ont fermé en forte baisse: Dubai a plongé de 5,94%, Abou Dhabi de 4%, Koweït de 2,8% et Doha de 5,2%.
La crise financière ne désarme pas. Selon le Financial Times, le premier assureur américain, AIG, discute avec l’Etat d’un nouveau plan de sauvetage, le prêt géant de 85 milliards de dollars accordé en septembre se révélant insuffisant pour assurer sa survie.
En Belgique, le Premier ministre Yves Leterme a menacé de renoncer au récent plan de sauvetage de Fortis, si la justice donnait raison aux petits actionnaires qui ont porté plainte contre le démantèlement du groupe, ce qui signifierait la banqueroute du bancassureur.
En Lettonie, le gouvernement a nationalisé samedi la seconde banque, la Parex Banka, pour “assurer la stabilité du système financier”.
Krach mondial: fermeture des Bourses
Mercredi, novembre 5th, 2008Krach mondial: fermeture des Bourses
Nouriel Roubini (l’économiste qui a été le premier à prédire la crise systémique actuelle) a déclaré, lors d’une conférence réunissant les gestionnaires de hedge funds :
« Nous avons atteint une situation de panique totale, dit-il. Ne soyez pas surpris que les responsables politiques soient obligés de fermer les marchés pour une semaine ou deux dans les jours qui viennent. (…) Les choses iront plus mal avant d’aller mieux. Je crains que le pire ne soit à venir… »
Paul Krugman (prix Nobel d’économie) a lui aussi fait des déclarations très pessimistes dans le New York Times du lundi 27 octobre. On peut d’ailleurs y lire le mercredi 29 octobre que le secteur des cartes de crédit commence à être touché (article d’Eric Dash).
De plus, le 10 octobre, Silvio Berlusconi a déclaré que « les dirigeants du monde entier discutaient de la fermeture des marchés financiers mondiaux ».
La plupart des économistes pensent que fermer les marchés reviendrait à « casser le thermomètre pour ne plus afficher le niveau de fièvre ».Pourtant, il convient d’analyser avec lucidité le précédent historique de la crise asiatique de 1997. Ainsi, le président malaisien, Mahathir bin Mohamed avait interdit aux investisseurs étrangers de sortir des fonds investis à la bourse de Kuala Lumpur. Elle a été la bourse la moins touchée par la crise.
La fermeture des marchés, impensable il y a peu, est donc devenue une nécessité pour plusieurs raisons :
-la faillite des hedge funds est imminente (20 à 30% d’entre eux selon Nouriel Roubini).
-le secteur des cartes de crédit est fortement secoué et sera l’un des prochains krachs à venir (21 milliards de dollars d’emprunts réclamés de janvier à juin 2008).
-l’économie réelle commence à être sérieusement touchée.
-la panique peut provoquer un effondrement total.
Je pense que cette fermeture sera effective très bientôt (peut être le 18 novembre 2008) car il n’y a pas d’autres alternatives.
La crise économique actuelle est donc bien une crise systémique qui aura pour point d’orgue la destruction du dollar en 2009. Pour les incrédules, cette destruction annoncée dans le GEAB n°28 est envisagée par l’économiste chinois Zuo Xiaolie.
D’ailleurs Xu Xiaonian, un professeur d’économie et de finance à la China Europe International Business School, a déclaré lors d’une conférence que « la cause fondamentale de l’effondrement de Wall Street est attribuable à la surémission de monnaie de la Réserve fédérale. La Chine a déjà menacé de liquider ses énormes avoirs en bon du trésor US, qui s’élèvent à 1,33 trillions de dollars.
On en revient donc toujours au même point, un système voué à l’échec, basé sur la création de monnaie à partir de dettes par un petit groupe de banquiers internationaux.
Permettez-moi de conclure avec ces paroles de James A. Garfield, président des Etats-Unis (mort assassiné) :
« Celui qui contrôle le volume de la monnaie dans notre pays est le maître absolu de toute l’industrie et tout le commerce… et quand vous réalisez que le système entier est très facilement contrôlé, d’une manière ou d’une autre, par une très petite élite de puissants, vous n’aurez pas besoin qu’on vous explique comment les périodes d’inflation et de déflation apparaissent. »
Derrière la panique, la guerre financière pour la future domination bancaire mondiale
Mercredi, novembre 5th, 2008Derrière la panique, la guerre financière pour la future domination bancaire mondiale
Cette version française a été révisée le 22 octobre 2008.

Ce qui ressort du comportement des marchés financiers européens ces deux dernières semaines, c’est que les anecdotes dramatiques de la crise financière et la panique provoquée servent délibérément à certains groupes d’influence - à l’intérieur et en dehors de l’Union européenne - à façonner le futur visage de la finance mondiale suite à la débâcle aux États-Unis des subprimes (prêt à haut risque) et des titres adossés à des créances (ABS). Le développement le plus intéressant des derniers jours est la position allemande unifiée et forte de la Chancelière, du ministre des Finances, de la Bundesbank et du gouvernement de coalition. Tous sont opposés à un super-fond de renflouage bancaire du style étasunien dans l’Union européenne. Pendant ce temps-là, le ministre étasunien des Finances, Henry Paulson, continue son copinage capitaliste (Crony Capitalism) au détriment de la nation et au profit de ses copains du monde financier. C’est un cocktail inutilement explosif.
La chute de la bourse de 7 à 10 pour cent par jour fait les gros titres de l’actualité et sert à susciter un grand sentiment de malaise proche de la panique chez le citoyen ordinaire. Les événements des deux dernières semaines dans les banques de l’UE - depuis les sauvetages dramatiques des banques Hypo Real Estate, Dexia et Fortis, et l’annonce d’Alistair Darling, le Chancelier de l’Échiquier au Royaume-Uni, d’un changement radical dans la politique du traitement des banques en difficulté au Royaume-Uni - ont commencé à révéler les grandes lignes des diverses réponses européennes à ce qui est en réalité une crise « made in USA ».
On peut raisonnablement penser que Henry Paulson, l’ancien directeur général de Goldman Sachs, n’est pas un ministre des Finances stupide. Il y a aussi des raisons réelles de croire qu’il agit en fait en fonction d’une stratégie à long terme bien pensée. Les événements qui se déroulent actuellement dans l’UE tendent à le confirmer. Comme me l’a dit un haut responsable d’une banque européenne lors d’une discussion privée, « Une guerre est en cours entre les États-Unis et l’Union européenne pour définir le futur visage de la finance européenne. »
Du point de vue de ce banquier, la tentative en cours du Premier ministre italien Silvio Berlusconi et du président français Nicolas Sarkozy de créer un « fonds » commun en Union européenne (avec peut-être plus de 300 milliards de dollars pour sauver les banques en difficulté) participerait de facto à la stratégie à long terme de Paulson et de l’establishment étasunien. En réalité, cela affaiblirait les banques en remboursant les titres véreux d’origine étasunienne détenus par les banques de l’UE.
Utiliser la panique pour centraliser le pouvoir
Comme je l’expose dans mon prochain livre, Power of Money: The Rise and Decline of the American Century, (Le pouvoir de l’argent : essor et déclin du siècle étasunien), dans toutes les grandes paniques financières aux États-Unis depuis au moins celle de 1835, les titans de Wall Street, surtout la Maison JP Morgan avant 1929, ont délibérément déclenché la panique bancaire en coulisses pour consolider leur emprise sur le système bancaire étasunien. Les banques privées ont utilisé cette panique pour contrôler la politique de Washington, notamment la définition exacte de la propriété privée de la nouvelle Réserve fédérale en 1913, et pour consolider leur contrôle sur les groupes industriels comme US Steel, Caterpillar, Westinghouse, etc. En bref, ce sont des habitués de ce genre de guerre financière, qui augmente leur pouvoir.
Ils doivent maintenant faire quelque chose de semblable à l’échelle mondiale afin de pouvoir continuer à dominer la finance mondiale, le cœur de la puissance du siècle étasunien.
Cette pratique du recours à la panique pour concentrer leur pouvoir privé a créé une concentration extrêmement puissante de pouvoir financier et économique entre quelques mains du secteur privé. Ce sont ces mêmes mains qui, en 1921, créèrent le Council on Foreign Relations, l’influent groupe d’experts en politique étrangère étasunienne, pour guider la montée du Siècle Étasunien, comme l’appelait Henry Luce, le fondateur du Time, dans un essai capital en 1941.
Il devient de plus en plus évident que les gens comme Henry Paulson, qui fut l’un des promoteurs les plus énergiques de la révolution de l’ABS à Wall Street, avant de devenir ministre des Finances, sont animés par des mobiles qui dépassent de loin leurs instincts de cupidité. Dans ce contexte, la propre expérience de Paulson est intéressante. A l’aube des années 70, Paulson entama sa carrière en travaillant pour un homme célèbre nommé John Ehrlichman, l’impitoyable conseiller en politique intérieure du président Nixon. A l’époque du Watergate, John Ehrlichman avait mis sur pieds la fameuse équipe des plombiers pour réduire au silence les adversaires du président, mais Nixon l’avait abandonné et il avait fini en prison, sans soutien.
Paulson semble avoir pris de la graine de son mentor de la Maison Blanche. Selon un article du New York Times, en 1998, quand il était coprésident de Goldman Sachs, il a fait partir de force Jon Corzine, l’autre coprésident, dans ce qui équivalait à un « coup d’État ».
Comme je l’ai exposé en détail dans les parties I à IV de ma précédente série, Financial Tsunami, il devient évident que Paulson et ses amis de Citigroup et JP Morgan Chase ont une stratégie, de même que le parrain de la titrisation des hypothèques et de la déréglementation bancaire, l’ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan.
Sachant qu’à un moment donné, la pyramide de billions de dollars de subprimes douteuses et autres titres hypothécaires à haut risque allait s’effondrer, ils étaient apparemment déterminés à propager le plus possible dans le monde entier les « déchets toxiques » de l’ABS, pour attirer les grandes banques du monde, plus particulièrement celles de l’Union européenne, dans leur piège à miel.
Mais ils n’agissaient pas seuls. Lors de son dernier témoignage sous serment, Lynn Turner, chef comptable de la Securities and Exchange Commission (SEC, organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers, NDR), qui était chargé de la surveillance du marché des swaps de défaut (credit default swaps), un marché d’un montant de 62 000 milliards de dollars, avait fait les frais des coupes budgétaires de l’administration Bush. Son personnel était passé de plus de 100 personnes à une seule. Oui. UNE personne, ce n’est pas une faute de frappe.
Le représentant du Vermont au Congrès, Peter Welsh demanda à Lynn Turner « (…) la réduction des effectifs des autorités de régulation visait-elle à rendre impossible un quelconque contrôle avec un seul employé en poste ? Et est-il exact que 146 personnes ont été licenciées du département de contrôle du SEC ? ». Et Turner, sous serment, lui répondit « Oui… je pense qu’un écrémage systématique – appelez ceci comme vous voudrez – parmi les fonctionnaires a eu lieu dans cette administration, afin de saper ses capacités de contrôle ».
Etait-ce simplement une coupe budgétaire inspirée par une ferveur idéologique, ou cette manœuvre avait-elle un objectif caché ? L’ancien employé de Goldman Sachs, qui avait convaincu le président d’embaucher Henry Paulson et Joshua Bolten (ancien directeur de l’Office of Management and Budget (OMB) de Bush et actuel chef d’état-major du président) tentait-il de s’assurer que le gouvernement ne s’occuperait pas de l’explosion de la titrisation des actifs hypothécaires ?
Ce sont peut-être des questions que le Congrès ferait bien de poser à des gens comme Henry Paulson et Joshua Bolten, au lieu de faire diversion en évoquant le montant des indemnités touchées par Richard Fuld pour son départ de chez Lehman Brothers. N’y a-t-il pas les empreintes de M. Bolten sur les lieux du crime ? Et pourquoi n’y a-t-il personne pour questionner le rôle de Paulson en tant que directeur général de Goldman Sachs - l’un des promoteurs de titres exotiques et autres produits de titrisation les plus agressifs - de Wall Street ?
Il semblerait aujourd’hui que la stratégie de Paulson était d’utiliser une situation de crise - de crise préprogrammée, prévisible dès 2003, quand Joshua Bolten a accédé à la tête de l’OMB - lorsqu’elle se produirait, pour affoler les gouvernements les plus conservateurs de l’Union européenne et les précipiter au secours des actifs pourris des États-Unis.
Si cela devait arriver, ça détruirait ce qui reste de bon dans le système bancaire et les institutions financières de l’UE, et cela rapprocherait le monde d’un marché monétaire contrôlé par les copains de Paulson, des copains capitalistes « à la mode américaine ». Le « copinage capitaliste » est certainement une expression appropriée ici. Robert Rubin, prédécesseur de Paulson à la fois chez Goldman Sachs et au ministère des Finances, aimait accuser les banquiers de Thaïlande, d’Indonésie et des autres pays frappés en 1997 par les attaques spéculatives des fonds de placement sponsorisés par les États-Unis, de « copinage capitaliste ». Cela donnait l’impression que la crise avait sa source en Asie et n’était pas la conséquence d’attaques délibérées d’institutions financières étasuniennes, ayant pour objectif d’éliminer le modèle des Tigres asiatiques et de transformer l’Asie en bailleur de fonds de la dette de Washington.
Il est intéressant de noter que Rubin est à présent directeur de Citigroup, manifestement l’une des banques survivantes « copines de Paulson ». C’est la banque qui a dû jusqu’ici inscrire à son passif la plus grande somme en titres empoisonnés.
Si l’allégation de panique planifiée, comme celle de 1907, est exacte (et c’est un grand « si »), alors le plan a réussi… jusqu’à un certain point. Ce point a été franchi pendant le week-end du 3 octobre, le même jour que l’anniversaire de l’unification nationale de l’Allemagne.
L’Allemagne rompt avec le modèle étasunien
Dans la soirée du dimanche 5 octobre, lors de pourparlers à huis clos, Alex Weber, patron pragmatique de la Bundesbank, Jochen Sanio, dirigeant de BaFin, et des représentants du gouvernement de coalition à Berlin de la chancelière Angela Merkel, ont lancé pour Hypo Real Estate (HRE) un plan de renflouage d’un valeur nominale de 50 milliards d’euros. Toutefois, comme le soulignait Weber au ministre des Finances Peer Steinbrück dans une lettre du 29 septembre rendue publique dans la presse, les banques privées allemandes doivent apporter 60 pour cent de la somme et l’Etat, 40 pour cent. De plus, compte tenu de l’attention avec laquelle le gouvernement, en coopération avec la Bundesbank et BaFin, a établi l’accord de crédit de secours, la perte maximale possible pour l’État serait limitée à 5,7 milliards d’euros dans le pire des scénarios, et non pas à 30 milliards, comme beaucoup le pensent. C’est toujours beaucoup d’argent, mais ce n’est rien en comparaison du chèque de 700 milliards de dollars que le Congrès des États-Unis, contraint par les quelques jours de chute des cours boursiers, a décidé de donner à Paulson.
La rapidité d’action du ministre des Finances Steinbrück à licencier la direction de HRE, en contraste frappant avec Wall Street où les fraudeurs du même acabit restent dans leur bureau à récolter d’énormes primes, témoigne aussi d’une approche différente. Mais cela ne tranche pas le nœud du problème. La situation de HRE provient, comme noté précédemment, des excès de DEPFA, sa banque filiale auxiliaire en propriété exclusive, basée en Irlande, un pays de l’UE connu pour sa réglementation libérale peu contraignante et son bas régime fiscal.
Changement dans la politique britannique
Au Royaume-Uni, après le renflouage stupide et coûteux de Northern Rock en début d’année, le gouvernement du Premier ministre Gordon Brown vient d’annoncer un changement politique radical, allant dans le même sens que l’Allemagne. Les banques britanniques obtiendront exceptionnellement 50 milliards de livres (64 milliards d’euros) de crédits de renflouage du gouvernement et de prêts de secours de la Banque d’Angleterre.
Le Trésor Public a déclaré que le gouvernement allait acheter des actions privilégiées de la Royal Bank of Scotland Group Plc, de Barclays Plc et d’au moins six autres banques, et fournira environ 250 milliards de livres de garanties de prêts pour refinancer la dette. La Banque d’Angleterre mettra à disposition au moins 200 milliards de livres. Le plan ne précise pas combien obtiendra chaque banque.
Tout ça signifie que le gouvernement britannique va nationaliser, au moins partiellement, ses banques internationales les plus importantes, au lieu de racheter leurs prêts véreux dans le style d’un plan inapplicable à la Paulson. Avec cette approche, le coût pour le contribuable du Royaume-Uni sera bien moindre car, une fois la crise calmée et les affaires revenues à la normale, le gouvernement pourra vendre des parts de l’État aux banques en bonne santé avec peut-être un bon bénéfice pour le Trésor Public. Le gouvernement Brown a sans doute réalisé que la couverture de garantie accordée à Northern Rock et Bradford & Bingley en début d’année n’a fait qu’ouvrir les vannes des dépenses gouvernementales sans arranger le problème.
Cette nouvelle politique de nationalisation contraste totalement avec l’approche idéologique du libre marché prônée par Paulson, qui consiste à racheter le titres sans valeur détenus par des banques que Paulson a choisi de sauver, plutôt que de recapitaliser les banques pour leur permettre de continuer à fonctionner.
Les lignes de la bataille se dessinent
Que se dégage-t-il des grandes lignes des deux approches opposées face au développement de la crise ? À présent, le plan Paulson fait manifestement partie d’un projet visant à créer trois colosses financiers mondiaux : Citigroup, JP Morgan Chase et bien entendu Goldman Sachs, la « maison » de Paulson, maintenant transformée en banque de façon assez opportune. Après être parvenus à arracher 700 milliards de dollars aux contribuables étasuniens par la peur et la panique, ces trois mastodontes utiliseront leurs muscles hors du commun pour ravager les banques européennes dans les années à venir. Tant que les plus grandes agences mondiales financières de notation - Moody’s et Standard & Poors - seront épargnées par les scandales et les auditions au Congrès, le pouvoir financier réorganisé de Goldman Sachs, Citigroup et JP Morgan Chase pourrait potentiellement se regrouper et faire progresser leur plan de bataille mondial dans les prochaines années, en marchant sur les cendres de la faillite de l’économie étasunienne, mise en banqueroute par leur folie.
En s’accordant sur la stratégie de nationalisation des banques que les ministres des Finances de l’UE estiment « trop stratégiques par leur caractère systémique pour être abandonnées » tout en garantissant les dépôts bancaires, les plus grands gouvernements de l’UE, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont pris le contre-pied des États-Unis, et ont opté pour une approche sur le long terme, qui permettra aux géants bancaires de résister aux attaques financières de géants comme Goldman Sachs ou Citigroup.
La liquidation spectaculaire des actions sur les bourses d’Europe et d’Asie est en réalité un problème secondaire, bien moins critique. Selon des rapports du marché, ce bradage est alimenté surtout par les fonds de placements (hedge funds) étasuniens, qui tentent désespérément d’obtenir des liquidités, car ils réalisent que l’économie étasunienne se dirige vers une dépression économique à laquelle ils seront exposés et que le plan Paulson ne prévoit pas de régler le problème.
Le problème le plus important, c’est de trouver un système bancaire et interbancaire solvable et fonctionnel. La débâcle de l’ABS était « made in New York ». Néanmoins, ses effets doivent être isolés et les banques viables de l’UE défendues dans l’intérêt public et non pas, comme aux États-Unis, dans le seul intérêt des banques des « copains de Paulson ». Les instruments non réglementés à l’étranger, comme les hedge funds et les banques et assurances non réglementées, ont tous participé à la construction de ce que j’ai appelé un tsunami de 80 000 milliards de dollars en ABS. Certains des gouvernements les plus conservateurs de l’UE ne sont pas sur le point d’adopter le remède proposé par Washington.
Tout en s’emparant des gros titres, la baisse coordonnée des taux d’intérêt de la BCE et des autres banques centrales européennes ne fait pas grand chose en réalité pour traiter le vrai problème : la peur des banques de se prêter entre elles tant que leur solvabilité n’est pas assurée.
En amorçant un état partiel de nationalisation dans l’UE, et en rejetant le système de renflouage Berlusconi-Sarkozy, les gouvernements de l’UE, cette fois menés de façon intéressante par l’Allemagne, mettent en place une base saine pour sortir de la crise.
Et c’est loin d’être terminé. C’est là une lutte pour la survie du Siècle étasunien, en construction depuis 1939 par la domination financière et militaire : les piliers jumeaux de la domination étasunienne.
Les banques asiatiques, gravement endommagées par la crise asiatique de 1997-98 pilotée par Wall Street, sont apparemment très peu exposées aux problèmes étasuniens. Les banques européennes sont exposées de différentes façons, mais aucune ne l’est aussi sérieusement que la sphère bancaire étasunienne.
Les Rothschild et leurs 200 ans d’influence en politique
Lundi, octobre 27th, 2008Les Rothschild et leurs 200 ans d’influence en politique
© Alter Info, Independent.co.uk
Nat Rothschild, le financier au centre des accusations qui menacent d’engloutir le ministre des finance du cabinet fantôme britannique, George Osborne, connaît bien les lois qui interdisent aux politiciens d’accepter des dons de l’étranger.
Par Andy McSmith
The Independent, jeudi 23 octobre 2008
article original : “The Rothschilds and their 200 years of political influence”

Les dons politiques de l’étranger sont aussi illégaux aux Etats-Unis, où l’équipe de campagne de John McCain fait l’objet d’une enquête, accusée d’avoir accepté un avantage en nature de la part de deux citoyens britanniques ultra-riches, nommément Nat Rothschild et son père, Jacob, le 4ème Baron Rothschild.
En avril dernier, M. McCain est passé par Londres et a fait un discours lors d’un dîner de collecte de fonds pour des expatriés américains, où les sièges aux tables les meilleures marché coûtaient 500 dollars par tête. Ce qui attira l’attention de Judicial Watch, une fondation basée à Washington consacrée à la lutte contre la corruption, était que cet événement se soit tenu “avec l’aimable autorisation de Lord Rothschild et de l’honorable Nathaniel Rothschild” à Spencer House, la résidence familiale de St James, le seul palais du 17ème siècle privé au centre de Londres.
La Commission Electorale Fédérale (FEC) des Etats-Unis enquête toujours sur l’accusation selon laquelle l’équipe de campagne de M. McCain a violé la loi électorale en acceptant un avantage en nature de la part des Rothschild. “Nous n’avons pas encore de nouvelles de la part de la FEC et nous ne nous attendons pas à en avoir avant la fin de la campagne électorale”, a déclaré Tom Fitton, de Judicial Watch.
La famille Rothschild et la politique ont été étroitement liées pendant des générations, depuis que Nathan Rothschild, qui a fondé la branche anglaise de l’entreprise familiale, a financé la guerre britannique contre Napoléon, il y a deux siècles. Nathan était le fils de Mayer Rothschild, qui a fondé l’entreprise familiale dans le ghetto juif de Francfort au 18ème siècle.
L’année dernière, Serena Rothschild, la mère de Nat Rothschild, était l’une des plus importantes donatrices individuelles du Parti Conservateur. Elle a donné 190.000 livres sterling [240.000 €]. Elle a également aidé à financer le poste de M. Osborne.
Lorsqu’un autre membre du clan, Sir Evelyn de Rothschild, a épousé la femme d’affaire new-yorkaise Lynn Forester, ils ont passé leur nuit de noce à la Maison Blanche, en tant qu’invités de Bill Clinton. Lady Rothschild était une collectrice de fonds pour les démocrates, mais elle est passée dans le camp de McCain après que son amie Hillary Clinton a été battue à la nomination par Barack Obama.
Il n’est donc pas nouveau qu’un Rothschild fréquente des politiciens de premier plan – mais ils le font généralement d’une manière qui n’attire pas de publicité inutile. Ce qui est inhabituel à propos de l’intervention soudaine de Nat Rothschild dans l’affaire de l’oligarque[1] et du yacht de Corfou est la façon dont il s’est mis au centre de la scène. Sa motivation présumée est la colère qu’il aurait éprouvé vis-à-vis des mauvaises manières de M. Osborne qui a révélé ce que Peter Mandelson avait dit sur Gordon Brown, lorsque Lord Mandelson, M. Osborne et M. Rothschild étaient les invités du magnat russe de l’aluminium, Oleg Deripaska.
Malgré la photographie désormais célèbre qui montre M. Rothschild et M. Osborne comme des étudiants privilégiés de 21 ans à Oxford, ils n’étaient pas proches amis et leurs chemins ont rapidement bifurqué. Dans les deux ans après que cette photo fut prise, M. Osborne s’installa dans la carrière qu’il s’était choisie en prenant un poste au siège du parti conservateur. Cette même année, Nat Rothschild, ne montrant aucun intérêt à trouver un emploi stable, se mit en couple avec Annabelle Neilson, un mannequin rencontré sur une plage en Inde, s’enfuit vers Las Vegas et l’épousa.
Ses parents horrifiés doivent avoir craint qu’il se dirige dans la même voie autodestructrice que celle de ses deux cousins – Amschel, qui s’est pendu dans un hôtel parisien en 1996, et Rafael, qui est mort d’une overdose d’héroïne, à l’âge de 23 ans à Manhattan.
Mais Nat Rothschild est sorti de ce mariage, rompu trois ans plus tard, en homme neuf. A New York, il a rencontré Timothy Barakett, le fondateur d’Atticus Capital, un fonds spéculatif qui fait des paris souvent risqués sur de larges sommes pour le compte de riches clients. M. Rothschild est devenu coprésident de cette entreprise, laquelle, à son apogée, gérait des investissements de plus de 20 milliards de livres [27 milliards €]. C’était avant le désarroi des marchés financiers – le mois dernier, il a été rapporté que 2,5 milliards de livres [3,4 milliards €] ont été détruits de la valeur des actifs d’Atticus.
Même ainsi, on pense que Nat Rothschild a gagné beaucoup plus d’argent que ce qu’il aurait hérité en tant que plus jeune enfant et seul fils de Jacob Rothschild. Père et fils font à présent équipe et ont co-fondé JNR, un véhicule d’investissement avec des bureaux à Londres et à New York et des intérêts étendus en Russie. C’est Jacob qui a présenté Nat à Peter Mandelson.
Traduction JFG-QuestionsCritiques
Note :
[1] George Osborne, le “ministre de l’Economie” de l’opposition, est accusé d’avoir demandé au magnat russe de l’aluminium, Oleg Deripaska, de financer son parti, ce qui est illégal. Cela se passait pendant ses vacances en Grèce, à Corfou, qu’il passait en compagnie de quelques personnalités extrêmement riches. Parmi ceux-ci, Nathaniel Rothschild, riche membre de la dynastie de banquiers, qui dispose d’une villa de vacances sur cette île grecque. A l’occasion de ce séjour estival, Osborne a en outre rendu visite à l’oligarque russe Oleg Deripaska, l’un des hommes les plus riches de la planète, sur son yacht privé, lequel est, bien sûr, l’un des plus grands du monde.
Pendant ce séjour, Osborne a également rencontré Peter, désormais lord, Mandelson, alors encore commissaire européen au Commerce [devenu ministre du Commerce britannique début octobre]. Jusque-là, cette histoire de riches et célèbres ne suscite qu’un vague sentiment d’étonnement à l’idée que le principal porte-parole des tories pour l’économie puisse frayer avec un adversaire politique tandis qu’au pays les gens s’inquiètent pour leur épargne, leur retraite, leur logement, leur emploi. Et c’est là qu’intervient l’incroyable absence de jugement dont a fait preuve Osborne. Il a fait savoir que, lors de leur idylle ionienne, lord Mandelson avait “craché du pur vitriol” à propos de Gordon Brown à qui voulait bien l’entendre. Puis on a entendu dire que lord Mandelson aurait également rencontré Deripaska, qui a fait fortune dans l’aluminium et a profité de la baisse des droits de douane décidée par la Commission européenne. Ces révélations gênantes ont apparemment provoqué la colère de Rothschild, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’elles entachent son rôle d’hôte. En réplique, Rothschild a affirmé que le chancelier de l’Echiquier du cabinet fantôme avait lui aussi vu Deripaska sur son yacht et qu’il était en plus accompagné d’Andrew Feldman, le collecteur de fonds des conservateurs, “pour solliciter un don” [la somme de 50 000 livres, soit plus de 63 000 euros, est avancée par la presse].
Bourses : 25 000 milliards de dollars partis en fumée
Lundi, octobre 27th, 2008Bourses : 25 000 milliards de dollars partis en fumée
© Le Monde

Octobre, mois maudit pour les marchés boursiers. Après 1929, 1987 et 1989 : 2008. En trois semaines et demie, Wall Street et les autres places ont chuté de 25 %. “Peut-être l’automne a-t-il une influence psychologique particulière sur l’humeur des milieux financiers : l’hiver approche”, notait l’économiste John Kenneth Galbraith dans son livre consacré au krach de 1929.
Vendredi 24 octobre, qui marquait le 79e anniversaire du plongeon à Wall Street, les Bourses ont connu une nouvelle journée noire. A Paris, l’indice CAC 40 a terminé la séance en baisse de 3,54 %, après avoir perdu plus de 10 % en cours de journée et être passé sous la barre des 3 000 points. Tokyo a cédé 9,60 %, Bombay 11 %. A Wall Street, l’indice Dow Jones a reculé de 3,59 % à l’issue d’une séance marquée par des mouvements de panique. “Une séance comme celle-là ne fait que prolonger l’agonie”, a estimé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management, interrogé par l’AFP. “De la peur à l’état pur”, a observé pour sa part Gina Martin, de Wachovia Securities.
Les chiffres donnent le vertige. Depuis le début de l’année, les grandes places boursières internationales ont perdu presque la moitié de leur capitalisation. Cela signifie qu’environ 25 000 milliards de dollars sont partis en fumée, soit près de deux fois le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis. Certaines places ont presque disparu du paysage. La Bourse de Reykjavik a perdu 94 % de sa valeur, Moscou 72 %, tout comme Bucarest.
Rien n’y fait. Ni la mise en oeuvre de gigantesquesplans de sauvetage bancaires, ni l’annonce de plans de relance économique massifs ou les appels au calme lancés par les dirigeants politiques et monétaires ne parviennent à enrayer la chute des Bourses. Les investisseurs sont de plus en plus convaincus que l’économie mondiale n’échappera pas à une récession longue et douloureuse.
Le dernier espoir qui subsistait, celui que les pays émergents résistent à la crise, est en train de s’envoler. En Chine, le marché immobilier donne des signes de craquement, ce qui risque de fragiliser l’ensemble du système bancaire. Les fermetures d’usines se multiplient, les entreprises se trouvant privées de leurs débouchés dans les pays occidentaux. En Russie et dans tous les pays producteurs de pétrole, les revenus tirés des ventes de brut fondent au fur et à mesure que le prix du baril s’écroule. Le cours du brent est tombé vendredi à 62 dollars, soit une baisse de plus de 55 % en trois mois.
La crise des subprimes dégénère en crise économique globale, qui menace les pays les plus faibles. Vendredi, l’Islande, au bord de la faillite, a annoncé avoir signé un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de 2,1 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros). Et la liste des pays en grande difficulté ne cesse de s’allonger : Ukraine, Pakistan, Argentine, Hongrie,etc.
Aux Etats-Unis et en Europe, la contamination de”l’économie réelle “commence à se matérialiser. Selon les chiffres publiés vendredi, l’économie britannique s’est contractée de 0,5 % au troisième trimestre, soit le recul le plus important depuis 1990. EnEspagne, le taux de chômage est remonté à son plus haut niveau depuis quatre ans. En France, le climat des affaires est tombé à son plus bas niveau depuis 1993. Quant au marché immobilier, il donne des signes de craquement. Le nombre de transactions devrait chuter de 25 % en 2008, ont indiqué jeudi les notaires.
Certains secteurs vacillent. Au premier rang d’entre eux, l’automobile. Renault va fermer ses usines en Europe de l’Ouest durant les vacances de la Toussaint. Le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piëch, prédit “une traversée du désert”.
Au vu de cette détérioration du paysage économique, les opérateurs boursiers s’attendent à un effondrement des profits des entreprises.Tous les secteurs sont touchés. Selon une étude du courtier Cazenove, les plus exposés sont, dans l’ordre, la construction, les mines, les grands magasins, l’assurance-vie et la banque. Les valeurs refuges défensives se réduisent à une peau de chagrin : produits de grande consommation, spiritueux… A la Bourse de Paris, la moins mauvaise performance revient à GDF Suez, qui affiche un recul de 21,66 % depuis le début de l’année. La plus mauvaise est le fait de Renault, dont l’action a baissé de 77,12 % depuis le1 er janvier.
L’inquiétude des investisseurs est d’autant plus grande que les marges de manoeuvre monétaires et budgétaires commencent à s’épuiser. En premier lieu, les taux d’intérêt s’approchent de leur plancher. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) pourrait annoncer, mardi, une nouvelle baisse de son taux directeur, fixé aujourd’hui à 1,5 %. En Europe, les opérateurs s’attendent aussi à un geste de la Banque centrale européenne,dont le taux principal s’établit à 3,75 %. Au Japon, la banque centrale est dans l’incapacité d’agir, son taux directeur se situant à 0,5 %.
Sur le plan budgétaire, les injections de fonds publics pour sauver les banques vont se traduire par une hausse sensible des dettes publiques et par un recours massif à l’emprunt de la part des Etats. Cet afflux d’obligations du Trésor sur les marchés financiers risque de provoquer une forte remontée des taux d’intérêt à long terme qui jouent un rôle majeur dans le financement de l’économie. “Les marchés broient du noir et imaginent le pire avec uncaractère autoréalisateur, notent les économistes du Crédit agricole. La question de la confiance reste centrale, et personne ne sait bien aujourd’hui quel élément catalyseur est susceptible dela restaurerdemanièredurable.”
Le pétrole tombe sous 60 dollars à Londres et 62 à New York
Lundi, octobre 27th, 2008Le pétrole tombe sous 60 dollars à Londres et 62 à New York
© AFP
Les cours du pétrole ont poursuivi leur chute lundi, tombant sous la barre psychologique des 60 dollars à Londres pour la première fois depuis le 16 mars 2007, et sous celle des 62 dollars à New York, plombés par les craintes de récession et l’appréciation du billet vert.
Le cours du Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre est tombé jusqu’à 59,32 dollars vers 08H40 GMT sur l’Intercontinental Exchange de Londres, redescendant ainsi à ses plus bas niveaux en séance depuis février 2007.
Au même moment, le cours du baril de “light sweet crude” pour la même échéance est tombé jusqu’à 61,55 dollars sur le New York Mercantile Exchange, son plus bas niveau depuis mai 2007.
Depuis leurs records du mois de juillet, où ils s’étaient hissés à plus de 147 dollars à Londres comme à New York, les cours du pétrole ont fondu en raison de craintes d’une chute de la demande sur fond de risque de récession entraînée par la crise financière internationale, et sous l’impact d’une forte appréciation du dollar.
Vendredi, la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de diminuer sa production d’un million et demi de barils par jour n’avait pas suffi à enrayer le plongeon des cours.
L’euro sous 1,24 dollar, au plus bas depuis avril 2006
Lundi, octobre 27th, 2008L’euro sous 1,24 dollar, au plus bas depuis avril 2006
© AFP
L’euro a touché lundi vers 08H40 GMT (09H40 à Paris) un plus bas à 1,2367 dollar, et est passé pour la première fois depuis le 26 avril 2006 sous 1,24 dollar, en raison de craintes persistantes de récession et de mouvements de rapatriement de fonds soutenant le billet vert.
Depuis son record du 15 juillet dernier, à 1,6038 dollar, l’euro n’a cessé de reculer et a perdu plus de 22% de sa valeur.
Dans un contexte de dérèglement des échanges, avec des tensions sur le marché du crédit, et de fortes inquiétudes des marchés, avec les craintes de récession, l’euro a en outre connu une volatilité importante sur le marché des changes, avec des variations de plusieurs cents en quelques heures.
Les autres monnaies connaissaient le même sort et la livre sterling reculait face au dollar et à l’euro tandis que le yen s’illustrait par sa résistance.
Le club des pays riches du G7 s’est inquiété lundi de la flambée du yen et le gouvernement japonais a dévoilé un nouveau paquet de mesures anticrise, sans aucun effet sur les marchés : la Bourse de Tokyo a terminé au plus bas en 26 ans et le yen n’a guère bougé.
“Nous continuerons à surveiller attentivement les marchés et à coopérer d’une façon appropriée”, ont ajouté les grands argentiers du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon).
Article 104 du Traité de Maastricht
Mercredi, octobre 22nd, 2008Article 104 du Traité de Maastricht
« Ce n’est pas un krach mais une explosion du système mondial »
Mercredi, octobre 22nd, 2008« Ce n’est pas un krach mais une explosion du système mondial »
20 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) – En réponse à ceux qui clame que « le krach financier est terminé », Lyndon LaRouche a déclaré que nous sommes dans une désintégration mondiale de tout le système financier, bien plus dévastatrice qu’un simple krach.
« Les imbéciles ne comprennent pas ce qui se passe. Il y a deux phénomènes simultanés. D’abord une hyperinflation hyperbolique dans le domaine de la finance, principalement due aux millions de milliards de dollars en jeu sur les marchés dérivés. Dans un effort désespéré pour les sauver, la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales dans le monde entier génèrent des quantités massives – hyperinflationnistes - d’argent nouveau.
« Dans le même temps, nous assistons à une chute temporaire des prix des principales matières premières. Cette baisse est due à la chute du commerce et de la production au niveau mondial. L’économie réelle se désagrège dans la plupart des pays. La production chute, donc la demande en matières premières et en biens manufacturés se réduit, et les gens perdent leur travail, leur épargne, leur maison.
« Nous voilà face à deux phénomènes simultanés : une hyperinflation sans précédent dans le domaine financier, et un effondrement mondial de la production physique causant une chute des prix des matières premières. Il suffit de regarder les choses en face : ce n’est pas un krach mais une explosion. Il n’y a que les idiots qui ne tireraient pas les conséquences de cette désintégration. »

La triple courbe de LaRouche (1995)
Les pertes des banques américaines effacent les profits de la spéculation
Mardi, octobre 21st, 2008Les pertes des banques américaines effacent les profits de la spéculation
© WSWS
Une étape lourde de sens a été atteinte jeudi par le système bancaire américain. Alors que Citigroup et Merrill Lynch viennent d’annoncer des pertes supplémentaires de milliards de dollars à leurs bilans du troisième trimestre, tous les profits accumulés par les neuf plus grandes banques durant le boum immobilier de trois ans et demi se sont volatilisés.
Dans un article intitulé « Banks Are Likely to Hold Tight to Bailout Money » (Les banques risquent de s’accrocher à l’argent du renflouement), le New York Times a rapporté vendredi que les 13,2 milliards $ de frais de Citigroup et les pertes de 5,15 milliards $ de Merrill Lynch ont porté le total des pertes des grandes banques depuis l’éruption de la crise du crédit au milieu de 2007 à 323 milliards de dollars, supplantant ainsi les 305 milliards de dollars engrangés de 2004 à la mi-2007 par Citigroup, Merrill Lynch, Bank of America, Morgan Stanley, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Wells Fargo, Washington Mutual et Wachovia.
« Pour chaque dollar gagné par les banques durant les années les plus prospères de l’industrie, 1,06 $ a maintenant été effacé », note le New York Times.
Commentant en termes prudents l’effondrement de ce qui correspond à une gigantesque fraude perpétrée par les institutions financières les plus puissantes, Richard Sylla, économiste et historien de la finance à la Stern School of Business de l’Université de New York, a affirmé : « Les pertes actuelles montrent d’une certaine façon que les profits déclarés lors des années précédentes n’étaient pas réels, car ils ont pris trop de risques durant cette période. »
Cela fait référence à la prolifération d’instruments financiers spéculatifs exotiques et obscurs (comme les titres adossés à des créances obligataires, les produits de placements structurés ou les dérivés de crédit) conçus par les magiciens de Wall Street afin de générer de super profits basés sur une montagne de dettes pour lesquelles une très petite contrepartie est donné en garantie. Sur la base de ces valeurs spéculatives, ils se sont accordé des salaires et des bonus de dizaines et de centaines de millions de dollars.
Alors que sont ruinées leurs propres institutions et que des millions de travailleurs aux Etats-Unis et à travers le monde commencent à être frappés par la catastrophe économique, ces mêmes banquiers déclarent qu’ils n’ont pas l’intention de si tôt d’utiliser les milliards de dollars des contribuables offerts par le gouvernement pour ressusciter les marchés du crédit (l’objectif officiel du sauvetage dont le coût pour la population américaine s’élève maintenant à 2,25 billions de dollars).
L’effondrement du château de cartes financier a révélé la supercherie idéologique qui a été utilisée pour défendre le capitalisme américain, telle que l’infaillibilité du marché et le rôle irremplaçable des capitalistes qui « prennent des risques », la soi-disant justification pour leurs compensations astronomiques.
L’évangile du « libre marché » qui est, particulièrement au cours des trois dernières décennies, devenu la religion séculière de tout l’establishment politique, s’est avéré être la recette d’un désastre social. Cependant, le système a, en un sens, plutôt bien fonctionné. Il a rempli sa fonction essentielle de générer des niveaux colossaux de richesses personnelles pour l’aristocratie financière.
Le Financial Times a rapporté le mois dernier que les récompenses des plus hauts cadres des sept plus grandes banques américaines se chiffrent à 95 milliards $ au cours des trois dernières années, au moment même où les banques essuyaient des pertes de 500 milliards $.
Les petits actionnaires ont été ruinés, les pensions et les fonds de retraite ont été décimés, les usines ferment et plus d’un million de familles sont à la veille de perdre leur maison, mais les géants de Wall Street peuvent tout conserver jusqu’au moindre cent.
Pour donner un aperçu des sommes en jeu, John Thain, le directeur général de Merrill Lynch et, selon Associated Press, le PDG le mieux payé, a reçu 83 millions $ en 2007. Sa banque a évité l’effondrement le mois dernier en acceptant de se faire acheter par Bank of America. Le total des dévaluations de Merrill Lynch, de la mi-2007 jusqu’au troisième trimestre de 2008, se chiffre à près de 55 milliards $, ou 254 pour cent des profits de la banque de 2004 jusqu’à la deuxième moitié de 2007.
Lloyd Blankfein, le directeur général de Goldman Sachs (anciennement dirigé par le secrétaire au Trésor Henry Paulson), a obtenu 68 millions $ en 2007.
John Mack, qui se trouve à la tête de Morgan Stanley, s’est vu récompensé de 41,8 millions $ l’an dernier et le total de ses actions dans Morgan Stanley s’élevait à 220 millions $ en 2007. Morgan Stanley a dû rayer de son bilan environ 15 milliards $ de mauvais actifs, soit 70 pour cent de ses profits générés durant le boum.
Le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a reçu, selon le magazine Forbes, 27 797 000 $ en 2008. Sa banque a rayé de son bilan 23 milliards de dollars dans les 20 derniers mois.
Au sommet du boum sur les profits en décembre 2006, Wall Street a accordé des bonus de Noël totalisant plus de 100 milliards $. Cette somme était plus du double du budget annuel du département du Logement et du Développement urbain et près du double du budget du département de l’Education. C’était cinq fois plus que ce que Washington avait dépensé en aide étrangère à toute la planète et deux fois plus que le budget de la ville de New York, qui employait 250 000 personnes.
Le sauvetage de Wall Street offre une leçon importante sur la nature des relations de classe aux Etats-Unis. Il a exposé la soumission de l’Etat, derrière les apparences de la démocratie, envers l’aristocratie financière.
Paulson a dû supplier les PDG des principales institutions financières pour qu’ils acceptent son plan d’injecter 250 milliards de dollars en fonds publics aux banques, 125 milliards $ allant aux neuf plus grandes firmes, par le rachat d’actions par le gouvernement. Ils n’ont donné leur accord seulement après qu’il ait présenté les clauses de sa proposition et qu’il soit devenu clair combien elles étaient favorables, comme l’a dit le Times : « plus favorable que ce qu’ils auraient obtenu sur le marché ».
En effet, les frais qui seront imposés aux banques seront réduits, il n’y aura pas de limites sur les salaires des directeurs et le gouvernement n’exercera aucun contrôle sur leurs opérations. Il n’y a même pas de condition qui exigerait que les banques utilisent l’argent des contribuables pour faire crédit à d’autres banques, à des entreprises ou à des particuliers.
« Le gouvernement », écrit le Times, « n’offre aucune clause écrite sur la façon ou le moment où les banques doivent utiliser l’argent. » Le journal cite John C. Dugan, le contrôleur des finances, affirmant qu’il « n’examinerait pas comment les banques utilisent l’argent ».
Elles peuvent l’utiliser pour acquérir des compétiteurs plus faibles, ou simplement l’accumuler.
Malgré que Paulson ait demandé publiquement lundi que les banques utilisent l’argent du gouvernement pour recommencer à prêter, les banquiers ne s’engagent aucunement à le faire. Thain, de Merrill Lynch, a dit jeudi : « Nous aurons l’opportunité de remettre en circulation cet argent. Mais, au moins pour le prochain trimestre, ce sera seulement un coussin. »
Roger Freeman, un analyste chez Barclays Capital, a déclaré : « Je crois que nous devrons attendre plusieurs trimestres, et non des mois, avant que l’on ne voit ce capital mis à contribution. »
Malgré cette carte blanche donnée aux banques, il fut jugé nécessaire de présenter George W. Bush en public vendredi afin de rassurer Wall Street qu’il n’y avait pas de conditions requises et aucune forme de nationalisation dans le plan de sauvetage. Parlant devant la Chambre de commerce américaine tôt vendredi matin (ses commentaires étaient synchronisés pour précéder l’ouverture des marchés financiers) Bush a vanté le « capitalisme démocratique » comme étant « le plus grand système jamais conçu ».
« Certains ont vu cette mesure temporaire comme un pas vers la nationalisation des banques », a-t-il dit. « Ce n’est tout simplement pas le cas. »
Pour écarter tous doutes, il a spécifié les points clés du plan : « Le gouvernement ne va pas exercer de contrôle sur une seule des firmes privées. Les responsables fédéraux n’auront pas un siège autour de la table de la salle de réunion locale de votre banque. Les actions détenues par le gouvernement auront un droit de vote qui pourra être utilisé seulement pour protéger les investissements des contribuables, et non pour diriger les opérations de la firme.
« L’intervention du gouvernement n’est pas une prise en charge par le gouvernement. Son but n’est pas d’affaiblir le libre marché ; c’est pour préserver le libre marché. »
Il ajouta : « Nous ne devons pas brouiller la ligne entre le gouvernement et le secteur privé. Nous ne devons pas supplanter l’objectif du profit par des objectifs politiques. »
Tous ceux présents ont compris que les « objectifs politiques » étaient un euphémisme pour l’empiètement sur le profit et la richesse de l’élite financière pour faire face à la crise sociale à laquelle est confrontée la classe ouvrière.
(Article original anglais paru le 18 octobre 2008)
France : 360 milliards d’euros pour renflouer les banques
Lundi, octobre 20th, 2008France : 360 milliards d’euros pour renflouer les banques
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L’Assemblée nationale a adopté, par une majorité de 224 voix contre 23, sans grand débat, le plan gouvernemental de sauvetage des banques de 360 milliards d’euros, ce qui signifie un transfert massif de fonds publics vers l’élite financière. Ceci fait partie d’une action coordonnée des gouvernements de l’eurozone (les 15 pays dont la monnaie est l’euro) et de la Grande-Bretagne, d’une valeur de 2,7 billions d’euros. Le gouvernement UMP au pouvoir (Union pour un mouvement populaire) a été soutenu par le Nouveau Centre et le MoDem (Mouvement démocratique de François Bayrou). Le Parti socialiste (PS) et les Verts se sont abstenus et le Parti communiste (PCF) a voté contre.
Quarante milliards d’euros sont réservés à la recapitalisation des banques en difficulté par l’achat de leurs actions et de leurs avoirs. Les 320 milliards restants sont une promesse de garantie sur les prêts interbancaires. La ministre des Finances Christine Lagarde a déclaré que ce plan n’affecterait pas le budget. Ceci implique de lourds emprunts, l’augmentation de la dette publique déjà énorme qui, actuellement au-dessus de 65 pour cent du PIB, dépasse largement la limite de 60 pour cent imposée par le pacte de stabilité de l’Union européenne.
La vitesse à laquelle le gouvernement a trouvé cet argent pour les banques, par rapport à la manière dont il traîne les pieds pour financer les besoins sociaux essentiels, n’est pas passée inaperçue dans la population qui compte déjà sept millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Les retraités ont manifesté dans 80 villes de par la France jeudi dernier contre la baisse de leur pouvoir d’achat et les sommes scandaleuses mises à la disposition des banques. Les retraites ont augmenté cette année de moins de deux pour cent alors que l’inflation à la fin du mois d’août était de 3,2 pour cent.
Les déficits de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie pour 2008 s’élèvent à respectivement 9 et 4,1 milliards d’euros. Le gouvernement s’est servi de ces chiffres, infimes par rapport aux 360 milliards d’euros accordés aux banques, pour justifier ses attaques sur la santé et les services sociaux.
Laurence Parisot, dirigeante de la principale association de patrons Medef (Mouvement des entreprises de France) a loué ce plan comme « le meilleur possible pour la situation actuelle ». Elle a ensuite insisté pour dire qu’elle attend du gouvernement qu’il poursuive ses mesures d’austérité et qu’elle demanderait au premier ministre de « retirer de son projet de budget 2009 la prime transport », qui doit être en partie financée par les entreprises et qui est censée amoindrir l’augmentation du coût des transports pour les travailleurs se rendant sur leur lieu de travail.
La commission des finances du Parti socialiste qui s’était réunie avant le débat parlementaire sur le plan de sauvetage, avait recommandé unanimement de voter en faveur du plan gouvernemental. Plus tard dans la journée, quand la réunion de l’ensemble du groupe parlementaire PS a décidé de s’abstenir, le premier secrétaire du PS François Hollande a expliqué, « Pas question de s’opposer à un plan qui permet au niveau européen de sortir des premières tourmentes de la crise financière. Pas question non plus d’approuver la politique de Nicolas Sarkozy au plan économique, car c’est elle aussi qui est responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons. »
Le PS est fondamentalement d’accord avec la politique économique du gouvernement. Une explication plus plausible pour cette abstention est la nécessité pour le PS de maintenir un semblant d’indépendance par rapport à Sarkozy. Le porte-parole du PS Julien Dray a dit, « Voter pour pourrait donner le sentiment du “prélude” à un gouvernement d’union nationale. »
Le PCF, partenaire cadet du PS depuis des décennies, au gouvernement comme en dehors, et à présent en alliance électorale avec le PS et les Verts pour les élections européennes de 2009, y est allé de sa rhétorique anticapitaliste, faisant remarquer correctement que le plan du gouvernement représente « une prime à tous les prédateurs ». Mais cette opposition en paroles est démentie par le soutien accordé par le PCF à la CGT (Confédération générale du travail, proche du PCF) qui collabore régulièrement avec le président Sarkozy depuis son élection en mai 2007, notamment pour le démantèlement des régimes spéciaux de retraite des cheminots et agents d’EDF et GDF (Electricité et Gaz de France) ainsi que pour la déréglementation du temps de travail.
L’assurance donnée par le gouvernement que les banques françaises n’étaient pas gravement touchées par la crise du crédit a été quelque peu écornée lorsque la banque franco-belge Dexia, qui s’occupe des finances des collectivités territoriales en Belgique et en France, a dû être renflouée à hauteur de 6,4 milliards d’euros, à raison de 3 milliards par gouvernement. Ses actions chutent depuis et des doutes subsistent quant à sa solvabilité.
Il y a aussi des preuves solides qu’une des plus vieilles institutions bancaires pour petits épargnants et pour prêts hypothécaires, la CNCE (la Caisse nationale des caisses d’épargne) fondée il y a 190 ans et connue sous le nom de l’Ecureuil a une crise de liquidités. L’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné rapporte dans son numéro du 1er octobre que du fait de l’implication d’une filiale Natixis dans le marché américain des subprimes, « La CNCE doit trouver 6,5 milliards d’euros… Avec un tel gouffre à combler, la Caisse va devenir le champion de France des dépréciations d’actifs, devant le Crédit agricole (près de 6 milliards). »
Au début de l’année, pour ramener ses propres capitaux au minimum légal, la CNCE avait dû « siphonner 3,2 milliards dans les coffres de ses 17 caisses régionales… et certaines n’ont plus guère de réserves ».
Le Canard cite un financier : « Il y a un consensus des banquiers et du gouvernement pour ne rien dire sur la situation de l’Ecureuil et éviter de déclencher la panique. »
Une perte supplémentaire de 600 millions d’euros, due à des opérations spéculatives vient tout juste d’être révélée. L’annonce faite par Fillon de l’intention du gouvernement de puiser dans les fonds du produit d’épargne qu’est le Livret A a aussi provoqué une levée de boucliers et contribué à alimenter le sentiment d’insécurité ressenti par des millions de familles à faibles et moyens revenus qui comptent sur le livret A.
Les trois principales banques françaises, le Crédit agricole, la Société générale et BNP Paribas ont nié avoir besoin d’avoir recours aux fonds publics avancés par l’Etat. Néanmoins, on a une tout autre vision des choses si l’on considère l’échange suivant qui a eu lieu lors des discussions enregistrées sur le site de l’Assemblée nationale.
Pressé par Lionel Tardy, député apparenté à l’UMP, de révéler le montant du crédit toxique dans le système bancaire français, Georges Pauget, président du Crédit agricole, a répondu, « Pour ce qui concerne le système bancaire français, je ne peux pas vous faire une réponse globale actualisée… Seule la Commission bancaire a les chiffres détaillés… Je n’ai pas les chiffres en tête, mais l’information est disponible, et elle a été certifiée. »
Tardy a alors suggéré : « Donc, même en France, on ne sait pas. » Pauget a répliqué : « Si, mais les chiffres sont dans les mains du gardien du Temple. »
Le Nouvel Observateur cite Fillon disant sur Radio RTL: « La crise financière n’est pas “derrière nous”. On n’est pas à l’abri d’un accident systémique, entraîné par le fait que certaines banques peuvent avoir des produits toxiques pour une part importante dans leur bilan, des banques françaises aussi… Il y a une telle imbrication dans le système. »
Il poursuit, « Pour le moment on nous fait des prévisions pour l’année 2009 qui sont de l’ordre de 0,2 pour cent ce qui est extrêmement faible. C’est une panne de croissance avec des conséquences sur l’emploi, des conséquences sur l’activité économique, sur le pouvoir d’achat. Mais si l’Amérique rentre en récession, c’est évidemment une très, très, très mauvaise nouvelle pour nous parce que ça veut dire que l’ensemble des pays développés vont connaître une année 2009 très, très difficile. »
Fillon s’y prépare. Il a dit avec insistance que « ce qui compte pour nous, c’est de tenir les dépenses… on sera intraitable sur les dépenses. »
Cela signifie que c’est la classe ouvrière qui devra endosser le fardeau de la crise et le gouvernement fait des préparatifs dans ce sens et demande le soutien des autres principaux partis. Le proche collaborateur de Sarkozy, Henri Guaino a insisté pour dire que « ce n’est pas le temps du débat… sur chaque décision prise », soulignant que le « pouvoir exécutif est en charge de prendre ses responsabilités. »
L’éditorial du 15 octobre des Echos se concentre sur les conséquences sociales de la crise. Le journal fait cette mise en garde : « Les effets sur le moral des Français, et du coup leur consommation, seront bien sûr inévitables… Selon les 150 DRH (directeurs des ressources humaines) interrogés, il convient de « prendre au sérieux la remontée de la conflictualité », de voir que l’exaspération est perceptible chez « toutes les catégories de salariés » et de ne pas oublier que la crise financière « va dramatiser le climat social ».
Il suggère que, de concert avec les patrons et les syndicats, il y ait des augmentations initiales des allocations chômage afin d’amortir le choc immédiat des licenciements, et que celles-ci soient ensuite progressivement diminuées afin de contraindre les travailleurs à accepter des emplois sous-payés et à temps partiel.
Le G7 et l’Eurogroupe acceptent d’injecter des milliards dans les banques
Lundi, octobre 20th, 2008Le G7 et l’Eurogroupe acceptent d’injecter des milliards dans les banques
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Deux sommets des principaux pays industrialisés ont décidé le week-end dernier de débloquer des sommes illimitées de fonds publics pour venir à la rescousse des banques et des marchés financiers défaillants.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie et du Japon (G7) se sont retrouvés vendredi soir à Washington pendant que se réunissaient dimanche à Paris les 15 chefs d’Etats et de gouvernements du Groupe Euro (les pays de l’Union européenne qui ont actuellement en partage l’euro comme monnaie unique) et la Grande-Bretagne.
Les réunions avaient été précédées par une semaine turbulente sur les grandes bourses des valeurs du monde qui ont perdu environ un cinquième de leurs valeurs de par le monde. L’indice Dow Jones des valeurs industrielles à la bourse de New York a chuté de plus de 18 pour cent entre le 6 et le 10 octobre, à Londres, l’indice FTSE 100 des valeurs britanniques a plongé de 21 pour cent, à Francfort, l’indice allemand DAX s’enfonçait de 21,56 pour cent et à Tokyo, le Nikkei de 24,3 pour cent. Au total, les marchés mondiaux ont connu au cours de ces quatre dernières semaines à l’élimination de valeurs équivalentes à 11 billions de dollars. Ce montant correspond littéralement au produit national brut des Etats-Unis ou de l’Union européenne.
Les gouvernements des pays les plus industrialisés ont réagi à la panique sur les marchés boursiers en accordant un blanc-seing pour se servir dans les caisses publiques à tous ceux qui sont responsables en premier lieu de l’effondrement.
Les ministres des Finances du G7 ont adopté à Washington un plan d’action en cinq points qui ne prévoit ni chiffres ni même des évaluations précises mais qui impliquera inévitablement des sommes d’argent colossales.
Premièrement, tous les gouvernements du G7 ont promis d’assurer qu’aucune banque n’irait dans le mur. Deuxièmement, ils veulent garantir que les institutions financières aient un accès suffisant aux liquidités et aux capitaux en prévoyant une garantie des prêts interbancaires à court terme. Troisièmement, ils veulent faire tout leur possible pour que les banques puissent lever suffisamment de capitaux au moyen de rachats d’actifs bancaires par les gouvernements. Quatrièmement, ils s’engagent à garantir les dépôts des clients des banques et, finalement, ils veulent simplifier les règles d’élaboration du bilan des banques pour garantir que les valeurs toxiques ne soient pas immédiatement dégagées du bilan des banques.
Le plan d’action en cinq points tient en une page. Les modalités d’application et le financement du plan seront laissés à la discrétion de chaque Etat. La préoccupation majeure du plan est de garantir que toute aide accordée par un Etat à ses institutions financières ne procure un avantage compétitif à ses concurrents.
Dimanche soir, les chefs d’Etat et de gouvernement du Groupe Euro ont repris les suggestions du G7 en s’accordant sur une « boîte à outils » pour soutenir les banques en Europe. Parmi les « outils » se trouvent un large accès aux liquidités, l’injection de capitaux et de nouvelles règles de bilan pour les banques. Une fois de plus, le choix, l’application et le financement de ces « outils » reviennent aux gouvernements nationaux. Le plan, de ce fait, ne prévoit aucune approche européenne commune ou de financement commun.
Le modèle de référence du plan du Groupe Euro a été le plan de sauvetage de 500 milliards de livres sterling (635 milliards d’euros) pour renflouer les banques britanniques et décidé la semaine passée par le gouvernement travailliste.
Lundi, le gouvernement allemand soumettait son propre plan de sauvetage de 480 milliards d’euros et qui devrait être rapidement adopté cette semaine par le parlement. Un montant de 400 milliards d’euros de cette somme est destiné à financer les prêts interbancaires et les 80 milliards d’euros restants à recapitaliser les banques.
La France projette de lancer son propre plan de sauvetage de 350 milliards d’euros, 320 milliards d’euros pour le refinancement de prêts non recouvrables et 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques. L’Espagne a l’intention de garantir les prêts interbancaires jusqu’à 100 milliards d’euros.
Ces sommes correspondent jusqu’au double du budget annuel national de ces pays et se traduisent, par tête d’habitant, à trois ou quatre fois plus que le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars adopté par le gouvernement américain.
Lundi, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une action concertée avec les banques centrales britannique et suisse selon laquelle elle mettrait à la disposition des banques d’affaires une quantité illimitée de dollars. Elle n’avait jusque-là distribué que des quantités limitées de dollars.
Un puits sans fond
Un aspect frappant et qui saute aux yeux concernant les plans de sauvetage conclus au cours du week-end est leur caractère de classe évident.
Au cours de ces trois dernières décennies, toute revendication en matière d’amélioration sociale a été rejetée catégoriquement avec l’argument que les caisses sont vides. Les impôts sur les hauts salaires et les grosses fortunes ont été baissés, les salaires diminués et les lois protégeant les droits des travailleurs toutes éliminées, selon l’argument habituel, que seul un bénéfice élevé pourrait générer la prospérité pour tous. Ces arguments ont été repris avec enthousiasme, mis en avant et appliqués par le Parti travailliste britannique, les sociaux-démocrates et les syndicats de par le monde.
Maintenant que l’orgie d’enrichissement et de spéculation a entraîné la plus grande crise du système capitaliste depuis 1929, on nous dit que les trésors publics peuvent dépenser sans limites. Des centaines de milliards sont versés pour compenser les pertes au jeu. Les millions et les milliards qui avaient été accumulés ces dernières décennies en raison de la spéculation et de taux d’impôts bas restent intouchés. Finalement, la facture sera payée par la population laborieuse sous forme d’autres coupes sociales, d’un accroissement du chômage et de l’inflation.
Les gouvernements ont littéralement remis les clés de leurs trésors publics aux banques. La redistribution massive des richesses de bas en haut au cours de ces trois dernières décennies se poursuivra et s’accélérera au cours de la crise financière actuelle.
En se portant garant qu’aucune banque majeure ne fera faillite, les gouvernements se sont publiquement constitués otages des plus puissants intérêts financiers. Les banquiers et les gouvernements officiels ont collaboré étroitement dans tous les comités formés dans le but de préparer et d’appliquer les plans de sauvetage.
Aux Etats-Unis, le Trésor est dirigé par Henry Paulson, l’ancien patron de Goldman Sachs, une banque qui a pu tirer profit de la crise. En Allemagne, le patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, a travaillé main dans la main avec les représentants du gouvernement.
Lundi, les marchés boursiers ont réagi positivement aux décisions prises ce week-end, en compensant en grande partie les pertes du vendredi (mais non celles faites tout au long de la semaine). A New York, le Dow Jones Industrial a bondi de 936 points pour célébrer le torrent d’argent qui est déversé sur les marchés financiers internationaux. Mais l’atmosphère générale est dominée de scepticisme.
Le Süddeutsche Zeitung a évalué de façon positive les décisions prises à Washington. Pour la première fois le G7 avait apporté « une réponse globale à une crise financière globale ». Mais, poursuit le journal, la faiblesse de l’accord est « tellement grave que le plan d’action du G7 pourrait entrer dans l’histoire comme le dernier sursaut de la communauté internationale contre l’implosion de leur système financier.
SpiegelOnline cite des experts financiers qui se réfèrent au krach de 1987 : « A cette époque, les indices de marché étaient tombés plus bas après chaque phase de reprise. »
Les gouvernements justifient leurs plans de soutien de plusieurs milliards d’euros par l’argument qu’ils ne sont qu’un moyen de restituer la confiance et le flux des capitaux entre les banques elles-mêmes sans lesquels l’économie entière viendrait à s’arrêter. Selon cette ligne de pensée, la présente crise est simplement une crise de liquidités et de confiance qui se dissipera aussitôt que la circulation de l’argent sera rétablie.
En réalité, nous assistons à l’éclatement d’une gigantesque bulle spéculative qui peut rapidement mener à une spirale inflationniste dans des conditions où d’immenses sommes d’argent nouveau sont injectées dans le système financier par les gouvernements et les banques centrales.
Au cours de ces derniers jours et semaines, il est devenu de plus en plus évident que même les banques n’ont aucune idée du niveau d’actifs toxiques qu’elles détiennent. La valeur totale des produits dérivés actuellement en circulation a été évaluée à 516 billions de dollars. Le marché des dérivés de crédit a cependant un volume de 56 billions de dollars. Et il ne s’agit là que de valeurs papier, des paris sur de futurs développements, susceptibles d’engendrer des pertes et dormant dans les bilans des banques.
Le G7 et les gouvernements européens déploient beaucoup d’efforts pour promouvoir la confiance et le calme. Ils présentent le plan de sauvetage préparé durant le week-end comme la preuve qu’ils maîtrisent la situation. En fait, ces plans sont l’expression d’une panique grandissante. Ce qui est affiché en public comme « une réponse globale à une crise globale » est en réalité l’expression d’un conflit croissant entre les nations individuelles.
Depuis que le gouvernement américain a commencé à soutenir ses banques au moyen de centaines de milliards de dollars en argent des contribuables, d’autres pays craignent des désavantages compétitifs s’ils n’adoptent pas des mesures identiques. Dans la panique générale, une banque bénéficiant du soutien d’un gouvernement financièrement solide a plus de facilités à trouver de nouveaux investisseurs qu’une banque qui n’a pas ce soutien. Les gouvernements, par conséquent, multiplient les engagements financiers qu’ils ne seront jamais en mesure de tenir. Ce sont avant tout les pays plus petits et économiquement plus faibles qui seront les perdants.
De plus, la crise financière se transmet à présent rapidement à l’économie réelle. Le journal Die Zeit prévient : « Le prochain tsunami de l’économie réelle arrive déjà. » Ceci intensifiera les frictions et les conflits entre les nations industrielles les plus puissantes.
Dans le quotidien Süddeutsche Zeitung, Stefan Kornelius aperçoit déjà une crise de l’ensemble de l’ordre mondial et écrit : « La sous-estimation des Etats-Unis a développé toute sa dynamique dans le vacuum de la période pré-électorale… L’Europe, qui s’efforce déjà politiquement de se déconnecter, est aux prises avec ses propres liens. L’idée directrice de l’occident s’estompe, de nouveaux acteurs attendent dans les coulisses. La crise financière se transforme en une crise de l’ordre mondial, c’est ce dont témoignent les efforts dans l’organisation panique des conférences de Washington et de Paris. »
De telles crises, le remplacement des vieilles constellations de pouvoir par de nouvelles, n’ont jamais eu lieu pacifiquement dans l’histoire. L’actuelle crise financière est une expression et la conséquence d’une profonde crise de l’ordre capitaliste tout entier.
(Article original paru le 14 octobre 2008)
Bank of China entre dans le capital de Rothschild
Dimanche, octobre 19th, 2008Bank of China entre dans le capital de Rothschild
Bank of China, l’une des quatre grandes banques chinoises, a pris 20% dans le capital de la Compagnie financière Edmond de Rothschild pour un montant de 236 millions d’euros, a annoncé jeudi l’établissement français.
Il s’agit du « premier accord capitalistique conclu entre une grande banque chinoise et une banque de l’Eurozone », a déclaré jeudi Michel Cicurel, le président du directoire de La compagnie financière de Rothschild (LCFR), lors d’une conférence de presse.
Spécialisée dans la gestion de fortune et la gestion d’actifs, la banque française reste contrôlée par une société holdi